Le président de la République a fait part de sa volonté d’aborder franchement les questions posées par l’implantation massive de la religion musulmane dans le paysage français. Devant les députés de sa formation politique, l’UMP, il a précisé ses intentions : « On a payé très cher la cécité sur l’immigration dans les années 1980. C’était un débat tabou. Avec la laïcité et l’islam, il se passe la même chose. […] Il n’est pas question d’avoir une société française qui subirait un islam en France. Nous sommes une société laïque ? On a eu un débat sur la burqa, on a bien fait. Nous devons avoir un débat sur la prière dans la rue. Dans un pays laïc, il ne doit pas y avoir d’appels à la prière. Il faut aboutir à un corpus idéologique sur la place des religions en 2011. » Voilà qui a le mérite d’être clair.
Les réactions n’ont pas tardé, de la part des adversaires d’un Nicolas Sarkozy soupçonné d’arrière-pensées électorales et même de vouloir attiser la peur et le rejet des musulmans (François Bayrou). On allègue l’échec du débat sur l’identité nationale qui jouait sur les mêmes réflexes. Certes, il y a toujours péril à instrumentaliser les difficultés profondes de la vie sociale. Doit-on pour autant se boucher les yeux ? Cette fameuse « laïcité » que l’on ne cesse d’afficher avantageusement tel un fleuron de la République, ne s’est pas imposée sans douleurs, sans débats, sans éclaircissements progressifs qui sont venus apaiser de justes craintes. Les leçons de la période d’élaboration de la loi de séparation devraient être mises à profit, pour démêler les questions d’aujourd’hui.
Au préalable, il conviendrait sans doute de s’interroger sur le sens véritable d’un tel débat. Ceux qui nient, a priori, son bien-fondé, ne se bouchent-ils pas les yeux devant une réalité sociologique massive ? Ceux qui crient le plus fort contre « le danger islamique » ne contribuent-ils pas à renforcer le péril, en solidarisant l’ensemble des musulmans de France,
convaincus d’une hostilité de fond à leurs sentiments religieux ? Entre l’aveuglement et l’hostilité, il devrait y avoir place pour une franche discussion à propos des atteintes à la liberté de conscience, des convertis au christianisme menacés de mort, des atteintes à l’ordre public. Toutes choses que l’on ne peut imputer à tous, mais qui devraient faire l’objet d’un refus au nom de la cohésion nationale et du respect des droits de la personne.
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- La République laïque et la prévention de l’enrôlement des jeunes par l’État islamique - sommes-nous démunis ? Plaidoyer pour une laïcité distincte
- 3101-Sarkozy, l'Eglise, la laïcité
- Sur le général de Castelnau et le Nord Aveyron.
- La France rime avec souffrance ou espérance ?