Nous avons un pape de la parole, un prédicateur inlassable. Chaque matin, à la messe qu’il célèbre dans sa chapelle de la maison Sainte Marthe, il prêche à son auditoire. Il prêche de vive voix, il improvise, il n’a pas de texte préparé à l’avance. Sa mission est d’enseigner à temps et à contre-temps, comme le disait déjà saint Paul. Il le fait en pasteur plus qu’en professeur, parce qu’il s’adresse à son auditoire pour le toucher, l’éveiller, le convaincre. Cela ne signifie pas qu’il n’a pas les ressources d’un homme de doctrine et de pensée. Il s’adresse aussi à ceux qui l’interpellent pour lui poser des questions précises. C’est ainsi qu’il a répondu longuement par une lettre1 à l’éditorialiste de La Reppublica, qui s’affirme athée et qui se fait même provoquant en déclarant qu’il ne cherche même pas Dieu.
Qu’importe à François, il répond à Eugenio Scalfari, en exprimant le cœur de sa foi. Il le fait humblement mais aussi sans faux-fuyants. Et il se concentre sur le témoignage de Jésus, en soulignant son « extraordinaire autorité » : « En effet Jésus appelle familièrement Dieu Abba, demande aux disciples de le suivre, pardonne… Toutes choses qui dans l’Ancien Testament appartiennent à Dieu et uniquement à Lui. » Il s’agit d’une autorité complètement différente de celle du monde, et « dont la finalité n’est pas d’exercer un pouvoir sur les autres, mais de le servir, de leur donner liberté et plénitude de vie. »
Les médias, presque chaque jour, soulignent un geste, une parole provocatrice du pape. Et il en a prononcé une assez rude à propos de la Curie ! Attention, tout cela n’a de sens que si l’on se réfère à la conviction centrale de François, à sa foi inébranlable Tout est au service de l’annonce du Christ. À sa manière à lui, il manifeste une forme d’intransigeance en soumettant tout à l’essentiel. Son étonnante énergie n’a pas d’autre secret et sa volonté de réforme ne se comprend qu’en référence à son inébranlable conviction.
Chronique lue sur radio Notre-Dame le 3 octobre 2013.
- puis par interview.