L'immense foule de Manille - France Catholique
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100 ans. Donner des racines au futur
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L’immense foule de Manille

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Six millions de fidèles réunis à Manille pour la messe autour du pape François ! Certains donnent même des chiffres supérieurs. Si j’en crois les compte-rendus, de cette multitude émanait une immense joie. On parle du plus grand rassemblement jamais réalisé dans l’histoire de la papauté. Voilà qui nous donne déjà à penser. L’Église, cela peut-être un petit troupeau. Mais ce peut être aussi un peuple immense, car la Bonne nouvelle est offerte à tous, elle n’est pas réservée à une sorte d’élite privilégiée. François est tout à fait au diapason d’un christianisme populaire, dont il aime les rites et les images. Ainsi a-t-il salué le Santo Niño, cette représentation populaire de l’Enfant Jésus : « L’image du saint Enfant Jésus a accompagné la diffusion de l’Évangile dans ce pays depuis l’origine. Vêtu comme un roi, couronné, et tenant en main le sceptre, le globe et la croix, il continue à nous rappeler le lien entre le Royaume de Dieu et le mystère de l’enfance spirituelle. »

François a développé à partir de là toute une catéchèse de la famille, menacée, a-t-il dit « à travers le relativisme, la culture de l’éphémère et un manque d’ouverture à la vie ». On sent à quel point la continuité avec ses prédécesseurs est assumée. Mais j’ai été frappé aussi par l’échange entre le pape et une petite fille des rues qui l’avait interrogé sur l’indicible malheur de ses semblables : « On ne peut voir certaines réalités qu’avec les larmes, les yeux purifiés par les larmes. » Le christianisme c’est tout à la fois le don de la joie mais aussi le don des larmes, car la foi nous permet de sonder nos abîmes.

De telles pensées ne nous éloignent pas tellement des controverses françaises actuelles. J’observe le retour récurent des oppositions entre le religieux et les Lumières, comme si le religieux relevait de l’obscurantisme et comme s’il convenait de le mettre au pas de la raison. Ce n’est pas parce qu’il est populaire que le christianisme échappe à la raison. Et par ailleurs, la foi est un puissant stimulant de la raison. Les dogmes, c’est ce qui donne infiniment à penser. C’était la conviction intime de ce vrai penseur qu’était Philippe Muray et dont le journal, enfin publié, révèle à quel point il était attaché au catholicisme.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 19 janvier 2015.