Nous avons appris, ces jours derniers, que la prestigieuse école des Sciences Politique de Paris allait ouvrir un large programme de recherche et d’enseignement des savoirs sur le Genre. Quarante ans après leur naissance dans les pays anglo-saxons, les études sur le Genre débarquent donc en France nous explique le quotidien Libération, qui ajoute : « Obligatoires pour tous les élèves et censées les décoiffer. » Tiens, cette note branchée pourrait nous alerter. Il est vrai que le seul mot de Genre n’est pas innocent. Il nous vient, de fait, des États-Unis où il s’est substitué à celui de sexe. Et il y a là déjà tout un enjeu sémantique et philosophique qui donne à réfléchir. Le genre renvoie à une construction sociale, d’ordre symbolique, et encore dispensable et modifiable. On voit donc l’enjeu idéologique de l’affaire.
Si vous voulez avoir un peu plus de lumière sur la question, je vous renverrai à la dernière livraison de la revue Le Débat, dirigée par deux prestigieuses personnalités, l’académicien Pierre Nora et le philosophe Marcel Gauchet. A l’occasion de son trentième anniversaire, Le Débat nous offre un panorama des idées contemporaines et des grandes réalités du moment. Il se trouve que la question du Genre y est traitée de façon très pertinente. La dimension idéologique est mise en évidence, car l’enjeu de fond consiste à laisser planer un doute sérieux sur le caractère structurant de la différence sexuelle. Celle-ci étant d’origine biologique est censée être foncièrement réactionnaire, tandis que le Genre serait forcément progressiste puisque refusant par principe toute discrimination naturelle.
Vous vous récrierez peut-être, comme la revue Le Débat, que les choses ne sont pas aussi tranchées et qu’être homme et femme relève en même temps du biologique et du social, et que sous prétexte de lutter contre les discriminations sexistes, il serait quand même dommageable de jeter l’enfant avec l’eau du bain. Vous n’y êtes pas. Vous n’êtes sans doute pas encore rallié à la philosophie constructiviste qui préside à cette querelle. Dans cette optique, tout est objet de construction et relève donc de l’arbitraire. C’est ainsi que vous construisez votre genre. On est désolé de le dire, mais il n’est nullement neutre d’imposer un enseignement obligatoire à ce propos. Nous nous trouvons face à une opération idéologique tout à fait repérable. Ce n’est pas pour rien que des associations gays et lesbiennes se félicitent de l’initiative.
Bien sûr, on peut toujours objecter que tout le monde n’est pas obligé d’adhérer à la lutte des classes, mais que tout le monde étudie Marx, comme auteur du programme. Étudier Marx, ce n’est pas être condamné à devenir marxiste, mais si c’est Marx qui donne l’orientation fondamentale d’un enseignement, on jugera que celui-ci est idéologiquement marqué. C’est bien le cas dans le domaine du Genre, car il s’agit bien d’adopter et d’imposer une idéologie. Et c’est mon droit, comme c’est le vôtre, de contester ce choix, ne serait-ce qu’au nom de la liberté de l’esprit.
Chronique sur Radio Notre-Dame du 31 mai 2010
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http://www.oeuvre-editions.fr/L-Eglise-face-a-la-pedophilie
Pour aller plus loin :
- INTRUSION DE LA THEORIE DU GENRE A L’ECOLE ET DANS LA SOCIETE
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- LA « MODERNITÉ » : UN CENTENAIRE OUBLIÉ
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
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