L'identité française - France Catholique
Edit Template
Le martyre des carmélites
Edit Template

L’identité française

Copier le lien

Depuis qu’Eric Besson a annoncé l’ouverture d’un débat sur l’identité nationale, la discussion fait rage. A gauche – à l’exception notable de Ségolène Royal – on dénonce une opération de propagande, dangereuse, dans la mesure où ce thème serait associé à celui de l’immigration et aboutirait donc à exclure les personnes venues d’ailleurs, en alimentant les sentiments xénophobes. Il est vrai que s’il est posé dans ces termes, le débat risque rapidement de se dévoyer et de tourner à l’aigre. Mais ce n’est pas forcé. Qu’y a-t-il de mal, a priori, à essayer de réfléchir à ce que cela signifie, être Français? Georges Bernanos le répétait autrefois: « Il n’y a aucun orgueil à être Français mais beaucoup de peine et de travail, un grand labeur. » Il n’est nullement interdit de s’interroger sur ce « labeur » et même sur cet honneur d’appartenir à un peuple, à une histoire.

Le général de Gaulle affirmait que la France vient du fond des âges et n’hésitait pas à parler d’un caractère constant qui lui permet de demeurer elle-même à travers le temps. C’était mettre l’accent sur la permanence, la persistance dans l’être d’un peuple au-delà de toutes les épreuves. Mais De Gaulle lui même avait trop le sens de l’histoire pour méconnaitre ce qu’il y a de vivant, de perpétuellement nouveau dans ce qui constitue aussi une aventure. Spinoza parlait d’une nature naturée et d’une nature naturante. On pourrait ainsi parler d’une France francisée et d’une France francisante. La France francisée est du côté du caractère permanent qui permet de demeurer soi-même. La France francisante est du côté des promesses et des risques de l’histoire qui se fait.

Pour prendre les choses d’une autre façon, on pourrait avec Paul Ricœur expliquer que notre identité relève de ce qu’il appelait une identité narrative. Une identité qui se raconte, parce qu’elle n’est pas en fer ou en béton. Une identité narrative est toujours en acte et en projet. Elle n’est pas rétractée sur elle-même, elle est ouverte à des possibles infinis. Elle échappe à un trop grand narcissisme qui pourrait être fatal. Elle n’est pas repliée jalousement sur elle-même, elle est en relation permanente avec d’autres identités en acte qui lui permettent de respirer et d’échanger dans des espaces élargis.

Voilà un début modeste de contribution à un débat, qui pour être utile, devrait dépasser toute sorte de crispations. Si réfléchir au fait d’être Français conduit à se déchirer, c’est grave. N’y aurait-il pas mieux à faire en prenant conscience que c’est une chance à accueillir et à vivre en commun dans la fraternité. Il nous faut continuer à construire et à élaborer cette identité dans la dynamique de ce que Gabriel Marcel appelait une fidélité créatrice.

— –

Lire aussi le Journal de Gérard Leclerc sur ce même site :

http://www.france-catholique.fr/L-identite-nationale.html