L'humanitaire et le sécuritaire - France Catholique
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L’humanitaire et le sécuritaire

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L’union européenne se substitue au seul gouvernement italien pour affronter le terrible défi des centaines de milliers de fugitifs qui s’aventurent sur des bateaux de fortune en Méditerranée et tentent de gagner l’autre rive. C’est une question qui touche tous les pays d’Europe et on comprend que nos amis italiens se soient lassés d’affronter seuls le sauvetage de ces pauvres gens qui risquent leur vie, pour échapper aux conditions précaires de leurs pays d’origines quand ce n’est pas à la guerre. Mais en même temps, le problème de conscience qui est posé n’est pas simple. Faut-il encourager une immigration massive, des mouvements de population que peinent à accueillir nos propres pays, souvent en récession économique ? Faut-il également encourager la lucrative activité des passeurs qui profitent des sommes exorbitantes qu’ils exigent des candidats à l’exil ? Autre objection : il semble que de plus en plus, ce sont des personnes qualifiées qui quittent leur patrie natale, au risque d’affaiblir des espaces économiques en manque de talents et de compétences.

D’où une sorte de renversement stratégique de la part de l’Europe. L’éditorialiste du Monde remarque avec pertinence qu’on remplace une mission humanitaire par une mission sécuritaire. Et de citer le ministre allemand de l’Intérieur qui déplore que « Mare nostrum », opération de sauvegarde à la seule initiative des Italiens s’est avérée être un véritable pont vers l’Europe. C’est « Triton » qui va remplacer « Mare nostrum », et cela devrait coûter trois fois moins cher, en limitant les actions aux limites des eaux territoriales européennes.

Certes, on peut frémir à la perspective des futures catastrophes humanitaires contre lesquelles le pape s’est insurgé. Mais comment se montrer à la hauteur du défi ? Ce n’est pas la seule Europe qui est en cause, mais toute l’Afrique et même certaines zones asiatiques. Il faudrait pouvoir élaborer une concertation internationale pour réguler le plus rationnellement et le plus humainement possible des flux qui, pour le moment, sont incontrôlés, parce qu’incontrôlables.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 4 novembre 2014.