Cette troisième exécution d’un otage par les djihadistes de l’État islamiste ne peut que révolter. Comment ne pas s’associer au Premier ministre britannique dénonçant « un meurtre ignoble et révoltant ». Tout est fait pour révulser, avec la diffusion d’un film où l’exécution est mise en scène. Si la décapitation de la victime nous est épargnée, le message n’en est pas moins clair : il s’agit de terroriser et de menacer, ne serait-ce qu’en annonçant l’exécution d’un quatrième prisonnier, un autre Britannique dont le nom est mentionné. La seule objection possible à notre révolte est l’objection de la guerre. Oui, nous sommes en guerre. Mais faut-il rappeler qu’entre peuples civilisés il y a reconnaissance de lois qui interdisent certaines pratiques. En l’espèce, David Haines n’était pas un combattant, c’était un militant humanitaire, qui, depuis quinze ans, n’avait jamais cessé de venir en aide aux populations sinistrées.
Il avait exercé des missions en Croatie, en Libye, au Sud-Soudan et ces derniers temps en Syrie. Son seul crime : ravitailler en eau potable, nourriture et tentes de secours les Syriens victimes du conflit. C’est en pleine mission qu’il a été arrêté pour devenir bientôt victime expiatoire. Ainsi, nul scrupule n’empêche les bourreaux de perpétrer leur crime odieux à l’encontre d’un homme qui n’avait jamais voulu que venir en aide au prochain en détresse. Voilà qui confirme l’identité de ce fameux État islamiste, étranger à la pitié du Dieu miséricordieux dont il a pourtant l’audace de se réclamer.
Cet été, j’avais écrit un article à propos de l’attentat commis contre le tombeau de Jonas à Mossoul, l’ancienne Ninive, en rappelant la prière de l’envoyé de Dieu : « Je savais que tu es un Dieu de pitié et de tendresse, lent à la colère, riche en grâce et se repentant du mal. » Se réclamer de Dieu, en contredisant formellement sa pitié, sa tendresse et sa miséricorde, c’est sans doute le blasphème suprême. Des représentants de l’islam ont dénoncé, chez nous, la dérive criminelle de ceux qui se réclament pourtant de leur foi. Comment nier le danger extrême que constitue le développement d’une telle entreprise criminelle ? On dispute des moyens de l’endiguer, mais l’inertie serait une faute extrêmement grave de la part de nos responsables.
Chronique diffusée sur radio Notre-Dame le 15 septembre 2014.