Des études montrent que les gens gardent rarement les résolutions prises au nouvel an. Il semble que le problème vienne de ce qu’ils n’ont pas assez de volonté et que leurs résolutions ne passent pas dans la pratique.
Nous venons de fêter « Thanksgiving »1, et nous entrons maintenant dans une nouvelle année liturgique. Certaines personnes se sont souvenues de montrer à Dieu leur reconnaissance le jour de « Thanksgiving » tout en se gavant de nourriture. Mais on pourrait se demander, alors que commence la nouvelle année liturgique dans l’Eglise, s’il est possible de devenir plus reconnaissant, non seulement un jour dans l’année, mais tous les jours.
C’est là que le merveilleux nouveau livre de mon ami Chris Kaczor, « l’Evangile du bonheur », peut être utile. Kaczor extrait toutes les ressources possibles du domaine que l’on nomme « psychologie positive », pour venir en aide à la spiritualité. Dans le chapitre inestimable sur « les chemins de la gratitude », par exemple, Kaczor propose diverses stratégies pour faire grandir la gratitude. Ces stratégies ne vont pas nécessairement nous faire nous sentir plus reconnaissants. Le but est plutôt d’intégrer la gratitude plus profondément dans notre vie.
Prenons l’exercice des « Trois bénédictions », que l’on appelle parfois l’exercice des « trois bonnes choses ». A la fin de la journée, évoquez simplement trois bonnes choses – trois bénédictions – que vous avez vécues ce jour-là, et réfléchissez-y. Inutile que ce soient de grandes choses, bien que cela puisse être le cas occasionnellement.
L’exercice est destiné à nous aider à fixer notre attention sur tous les petits bonheurs que Dieu nous offre chaque jour. Il arrive tous les jours de nombreux malheurs, et il y a beaucoup de mal et de cruauté, et de méchanceté que nous devons supporter. Mais il est important de se rappeler, quand nous nous trouvons « à l’ombre de la vallée de la mort », que Dieu est avec nous, et que ses bénédictions ne sont jamais totalement absentes de nos vies.
Un autre exercice spirituel consiste à tenir un « journal de gratitude » où nous écririons chaque jour quelque chose sur les bonheurs dans nos vies. Il existe diverses stratégies pour que ces réflexions ne soient pas trop répétitives, et pour élargir nos perspectives.
Une de ces stratégies consiste à faire chaque jour une réflexion différente. Les lundis, on pourrait penser aux cadeaux que nous avons reçus des autres ou aux cadeaux que les autres ont été pour nous. Les mardis, pensons aux bonnes choses qui vont bientôt se terminer et assurons nous de les avoir pleinement appréciées. Les mercredis sont faits pour considérer ce que serait la vie sans certaines bénédictions : amis, famille, éducation, prière, santé. Les jeudis sont destinés à considérer envers qui nous sommes reconnaissants, et de quoi : amis, famille, professeurs, coaches, collègues de travail, médecins, infirmières, conseillers spirituels, Dieu. Et les vendredis, nous pourrions écrire comment un beau jour, quelque chose de mauvais dans notre vie, s’est transformé en quelque chose de bon. Je ne veux pas dire que la chose n’a fait que « sembler » mauvaise. Elle a pu être vraiment très mauvaise : La perte d’un travail, ou de quelqu’un qu’on aime. Il n’est pas nécessaire de minimiser le mal pour réaliser que Dieu peut, même à partir du mal dans nos vies, tirer quelque chose de bon. Avec la croix, vient la résurrection. Et bien souvent, il n’y a pas moyen d’arriver à la joie du dimanche de Pâques sans d’abord avoir fait l’expérience de la croix du Vendredi saint.
Tout ceci nous amène à l’expression la plus puissante de notre action de grâce : la célébration régulière de l’Eucharistie, un mot grec qui veut dire « action de grâce »,( « Thanksgiving »). Les foules de gens qui essaient d’être « festifs » à ce moment de l’année devraient tenir compte de la sagesse qu’exprime Josef Pieper dans son livre « En accord avec le monde : Théorie de la festivité », où il suggère que :
Sous-jacent à tout réjouissance attisée par une circonstance spécifique, il doit y avoir une affirmation absolument universelle, étendue au monde entier, à la réalité des choses, et à l’homme lui-même…..que, pour faire bref, tout ce qui existe, au fond, est bon, et qu’il est bon d’exister. Car l’homme ne peut pas faire l’expérience de recevoir des objets d’amour, si le monde et l’existence dans leur entier ne représentent pas quelque chose de bon et par conséquent qu’il aime.
Voilà pourquoi, pour Pieper, l’ultime fondement de toute festivité se trouve dans le fait de rendre un culte par lequel nous recevons la totalité du monde et de l’existence comme quelque chose de bon, quelque chose à aimer et quelque chose pour quoi nous pouvons rendre grâces.
En fait, il faut prendre la résolution d’être plus reconnaissant et l’incorporer dans une disposition habituelle ; il faut le tisser dans le tissu de sa vie pour que l’existence devienne gratitude.
Il y a plein de bons conseils dans le livre du professeur Kaczor, pas seulement sur la gratitude, mais aussi sur la prière, le pardon, le bonheur et la vertu. Mais permettez-moi de terminer par deux recommandations : une pour ceux qui pensent que les suggestions ci-dessus sont un peu ringardes, et une autre pour ceux qui soupçonnent qu’elles ne le sont pas, mais ne sont pas sûrs d’avoir la volonté de s’y plier.
Pour la « ringardise », ce sont souvent les choses qui paraissent ringardes, particulièrement à ceux qui se veulent très sophistiqués – les choses comme la prière, l’amour, tenir la main de quelqu’un, caresser les cheveux de l’être aimé – qui peuvent être les plus profondes. Il ne faudrait pas les confondre avec de la « sentimentalité », maladie spirituelle que Flannery O’Connor ne pouvait pas supporter. Je dis à mes étudiants masculins : « N’oubliez pas d’offrir des fleurs », « mais c’est tellement ringard » répondent-ils, eux qui vivent dans le monde toujours plus sophistiqué du super cool. « Essayez ». Et quand ils essayent, invariablement, ils reviennent complètement sidérés, et disent : « Wow, je ne peux pas le croire – que ce vieux truc ringard marche toujours ! »
Mais oui, ça marche.
Quant au manque de volonté, dans le livre du professeur Kaczor, il y a un très bon chapitre sur ce sujet. Il s’avère que la psychologie moderne a des outils qui peuvent aider aussi à y pallier. Si on le Lui demande, Dieu y pourvoira. Parfois, il nous envoie un livre plein de bons conseils pour nous aider à rester sur le chemin étroit qui est le bon.
Voilà de quoi être reconnaissant.
2 Decembre 2015
Source : Thttp://www.thecatholicthing.org/2015/12/02/the-habit-of-thanksgiving/