L'explosion ignorée du Venezuela - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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L’explosion ignorée du Venezuela

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Ces dernières décennies, des centaines de millions de personnes (principalement en Asie) sont, par leur propre ingéniosité et avec un minimum au moins de liberté pour chercher leur gagne-pain, sortis d’une pauvreté tenace. L’extrême pauvreté dans la population globale a baissé à des taux jamais atteints par le passé. Ce sont d’excellentes nouvelles, couplées à des problèmes ponctuels générés par la globalisation.

Et c’est un quasi triomphe, bien qu’il n’y ait pas pénurie de misère économique et même des cas de régression vers une totale indigence voire la famine. La vie est compliquée, mais il y a des raisons au sous-développement ou à l’effondrement économique. Et il n’y a pas de controverse à avoir quant à savoir s’il faut encourager les approches couronnées de succès pour réduire la pénurie et éviter les modèles paralysants qui de façon prévisible la créent ou l’entretiennent.

Chacun se prétend préoccupé par la pauvreté. Mais alors pourquoi ce fond de bon sens est-il parfois rejeté – et de sérieux effondrements minimisés ? Je pense à la catastrophe humanitaire en cours au Venezuela depuis quelques années ; les nouvelles à ce sujet ont été plutôt rares et soigneusement maquillées. Les horreurs sont parfois énumérées, avec parcimonie. Mais le pourquoi n’est pas convenablement examiné.

Un récent récit du New York Times, par exemple, décrivait l’épidémie galopante de tuberculose qui affecte actuellement le pays. Cette maladie, regardée en général comme un indicateur fiable des niveaux de pauvreté, a été en majeure partie sous contrôle, mais elle atteint maintenant même les classes moyennes du Venezuela. Nous lisons que l’épidémie se produit « au cours d’une profonde crise économique » et qu’un des facteurs est « une alimentation déficiente en raison de pénuries alimentaires ». Il n’y a pas le moindre mot sur ce qui a provoqué la crise économique et les pénuries alimentaires. Indice : le socialisme pur et dur.

Parce que le socialisme est le coupable indéniable, les récits sur la crise au Venezuela ont une tendance remarquable à avoir recours à la voix passive ou à toute autre artifice rhétorique avec peu de curiosité au-delà de la crise immédiate. C’est comme si les pénuries de nourriture se trouvaient tomber comme cela, par hasard, sur une contrée précédemment prospère, sans raison aucune.

Le récit du Times nous parle d’un pauvre type aux prises avec une forme de tuberculose particulièrement virulente et qui est à bout d’avoir perdu près de 35 kg. Je cite cela car aussi grave que soit son cas, il y a d’autres statistiques générales de perte de poids qui sont encore plus hallucinantes. Reuters a récemment rapporté que le Vénézuélien moyen avait perdu près de 11 kg l’an passé ! (C’est en hausse par rapport à la moyenne de 8,5 kg de l’année précédente.)

Oh, et plus de 80% des ménages vénézuéliens sont enlisés dans la pauvreté (on approche maintenant les 90%). Sûr que cela sonne comme s’ils expérimentaient « le partage équitable de la misère », ce que Churchill surnommait sarcastiquement « la vertu inhérente au socialisme ».

D’autres chiffres : un Vénézuélien sur sept (quatre millions sur vingt-huit millions) a fui de désespoir plutôt que de fouiller les ordures pour trouver sa nourriture ; une migration de masse, ici dans notre propre hémisphère, dont nous entendons peu parler.

Ce qui rend ces chiffres ahurissants encore plus affolants, c’est que le Venezuela bénéficie naturellement des plus grandes réserves pétrolières au monde. Plus affolant encore est comment les partisans (à leur place habituelle) des marxistes qui ont mis au monde ces résultats cruels s’installent confortablement et oublient cette vraie souffrance humaine. Une fois de plus.

Le mépris éhonté pour le palmarès du socialisme est un acte fondamentalement inhumain – seulement atténué par une naïveté confondante. L’inhumanité de l’homme envers l’homme n’est évidemment pas cantonnée à un système politique particulier. Mais consentir au marxisme ou au socialisme c’est courir à la misère humaine, quelque soit la sublime rhétorique employée pour défendre cette doctrine.

Et vraiment, la mettre en pratique signifie que, ainsi que l’a noté Jean-Paul II, « le travailleur est parmi les premiers à souffrir ». Et, sans surprise, la fille de l’ancien président Hugo Chavez se trouve être la personne la plus riche du Venezuela. Apparemment, quelque chose ne tourne pas tout à fait rond sur la route de la révolution bolivarienne et de l’égalité.

Le pouvoir destructeur inhérent au socialisme était prévu d’avance, quand tout ce que nous avions pour poursuivre était une théorie abstraite et, comme on pouvait s’y attendre, les destructions qui s’ensuivraient. Nous avons maintenant un palmarès des manières de faire du socialisme dans de nombreux pays ; la stagnation ou pire est entièrement prévisible.

Dostoïevski et plusieurs papes ont souligné ses dangers philosophiques et aussi, oui, spirituels, et ont averti des tyrannies à venir. Elles sont venues à la pelle. Le noyau du projet marxiste – l’athéisme et la dévaluation correspondante des droits et des libertés individuels – est depuis longtemps pleinement déployé.

Les évêques vénézuéliens ont dénoncé les conséquences théoriques et pratiques de cette tyrannie déguisée en gouvernement populaire et ont reçu les menaces habituelles pour leur sédition. Le pape François, hélas, qui se fait souvent entendre pour venir en aide aux migrants et aux groupes persécutés comme les Rohingyas a semblé réticent à faire écho à ses frères évêques du Venezuela.

Dans notre pays, certains sont sceptiques vis-à-vis de critiques venant de milieux chrétiens. Mais nous savons ce qu’ont vraiment dit les plus fervents avocats du socialisme. Marx faisait une haute priorité de la suppression de la famille et de la propriété privée et envisageait la paix de la même façon inquiétante que Mohammed : « le sens de la paix, c’est l’absence d’opposition à l’islam » (remplacez islam par socialisme et vous avez l’interchangeabilité en état de marche). Le but du socialisme, comme le faisait remarquer Lénine, est le communisme. Et le communisme, selon Mao Zedong « n’est pas l’amour, mais un marteau que nous utilisons pour écraser l’ennemi ».

Des paroles directes et monstrueuses avec une histoire assortie. Pourtant le socialisme garde un cachet, en Occident et ailleurs, que tout un chapelet de désastres – incluant maintenant le Venezuela – n’a jamais dissipé. Il y a un marché durable pour le caractère vindicatif que le socialisme a en stock – et dissimule sous l’illusion d’être « du bon côté » de l’histoire.

Toute une nouvelle génération n’apprend pas l’une des plus évidentes leçons de l’histoire moderne. Selon de récents sondages, les jeunes gens de nos jours expriment, de façon choquante, un haut niveau de soutien au socialisme. On ne leur a jamais enseigné autre chose. C’est un aussi bon indicateur que chacune des faillites de notre système éducatif. Et le résultat sera que des peuples de diverses parties du monde vont avoir encore plus de balles à éviter dans les décennies à venir.


Matthew Hanley est membre important du Centre Catholique National de Bioéthique. Les opinions exprimées ici sont les siennes et pas obligatoirement celles du Centre.

Illustration : le président vénézuélien Nicolas Maduro

Source : https://www.thecatholicthing.org/2018/04/26/venezuelas-ignored-implosion/