Nous voici parvenus au dernier jour du mois de mai 2018 et le cinquantième anniversaire de mai 68 n’a pas suscité les explosions redoutées par les uns ou espérées par les autres. Malgré les « grèves perlées » de la SNCF, malgré quelques amphis bloqués, malgré la « marée humaine » sensée déferler sur Paris, le joli mois de mai s’achève dans la torpeur d’une surabondance de vacances, de ponts et de jours fériés.
Ceux qui n’ont pas chômé en revanche, ce sont les éditeurs, qui ont exploité à fond le cinquantenaire de Mai 68 et multiplié les publications intéressantes. J’ai déjà évoqué ici, tout début mai, Sous les pavés l’Esprit de Gérard Leclerc. J’ajoute à cette bibliographie d’anniversaire La France d’hier de Jean-Pierre Le Goff, Mai 68 l’arnaque du siècle de Denis Tillinac, toujours iconoclaste mais stimulant, L’Église dans la tourmente de Mai 68 d’Yves Chiron, L’autre pensée 68 de Michel Onfray, ainsi que le très éclairant recueil de témoignages rassemblés par Denis Pelletier sous le titre Mai 68 raconté par des catholiques.
Quoi qu’il en soit de la variété de ces auteurs et de leurs sensibilités politiques et religieuses, tous reconnaissent l’ambivalence de Mai 68 : une explosion brutale, pour une part destructrice, et un moment de recomposition, en attente d’un souffle suffisant pour la mener à bien.
Cinquante ans après, en réalité, nous en sommes toujours là. Notre société continue de se défaire et d’avoir soif. Si elle n’explose pas, c’est peut-être parce qu’elle n’en a plus ni la force ni l’envie. Et si c’était la mission providentielle des chrétiens en notre temps, eux à qui la force de l’Esprit ne cesse d’être communiquée, de réveiller notre société dormante par un sursaut spirituel. Cinquante ans après Mai 68, dans les mois et les années qui viennent, il nous faut travailler plus que jamais à l’explosion positive de la grâce !
https://rcf.fr/la-matinale/l-explosion-du-cinquantenaire-n-pas-eu-lieu