La conclusion du second tour des élections présidentielles au Sénégal est saluée par tous ceux qui se félicitent que ce pays francophone d’Afrique ait consolidé son statut d’État de droit. Pourtant, on avait pu redouter, un moment, que les choses ne tournent mal, avec l’obstination du président Abdoulaye Wade de se maintenir au pouvoir au-delà du raisonnable et en malmenant la constitution. Le vieil homme a finalement reconnu sa défaite, en félicitant son successeur Macky Sall, qui avait été son premier ministre et à propos duquel le Figaro écrit qu’il fut un bon élève, suffisamment habile pour grandir dans l’ombre et devenir le maître. Les sujets de satisfaction ne sont pas si nombreux en Afrique. Il n’y a pas seulement l’avenir incertain du printemps arabe en Libye et en Égypte. Il y a la situation toujours alarmante du Soudan, avec un conflit ouvert entre les deux États désormais souverains et le sort malheureux des populations déplacées.
On sait aussi combien le coup d’État militaire intervenu au Mali déstabilise ce pays, avec des putschistes incapables d’assumer leur prise de pouvoir. Et si les choses sont rentrées dans l’ordre en Côte d’Ivoire, la pays a quand même subi des dégâts considérables, et il faudra longtemps pour rétablir l’unité de ceux qui se sont affrontés. Il convient d’être prudent dans ses appréciations, car les événements qui se sont produits ces dernières années, notamment en Afrique francophone, n’étaient pas tous prévisibles. La solide autorité d’un Senghor ou d’un Houphouët
On n’établit pas facilement un régime équilibré dans des pays qui manquent de tradition et même souvent de classe politique bien formée. La chance du Sénégal est sans doute, avec Macky Sall, de disposer d’un président doué pour gouverner, mais aussi pour maitriser les grands dossiers. Il va lui falloir maintenant faire ses preuves, en surmontant une situation pour le moins délicate. Nos vœux l’accompagnent.
Chronique lue sur radio Notre-Dame le 28 mars 2012.
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE « AFRICAE MUNUS » DU PAPE BENOÎT XVI
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
- Sur le général de Castelnau et le Nord Aveyron.
- Édouard de Castelnau