Lundi 31 juillet 2017 - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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Lundi 31 juillet 2017

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L’événement – 1

par Serge Plenier

La morale et le droit

Il aura donc fallu pas moins d’une cinquantaine d’heures de débat, souvent confus, pour que l’Assemblée nationale adopte définitivement le projet de loi sur la moralisation de la vie politique visant à restaurer « la confiance dans la vie politique ». Ainsi se trouve réalisée l’une des promesses du candidat Macron.

Il ne faut pas demander à ce texte plus qu’il ne peut donner. Après tout, il s’agit de textes de circonstance nés de l’atmosphère particulière de la campagne électorale. On notera d’ailleurs que le parlement a en fait adopté deux lois : une loi « ordinaire » et une loi organique. Cette dernière étant nécessaire pour les sujets concernant le fonctionnement des deux assemblées, conformément au principe de séparation des pouvoirs.

Surtout, cet ensemble législatif s‘est trouvé confronté à la nécessaire distinction entre loi et morale. Les emplois familiaux, supprimés par les parlementaires, ont pu être légaux pendant des années, sans forcément être moraux. De même, la fameuse réserve parlementaire, abolie par les textes, a pu avoir des effets positifs pour maint projet et maintes associations parfaitement irréprochables. A l’inverse, l’obligation d’un casier judiciaire vierge pour les candidats à une fonction politique, a été abandonnée. Sans être immorale, elle heurtait de front un principe juridique fondamental : l’inéligibilité est une sanction pénale personnelle qui doit être prononcée par un juge.

A l’inverse, on notera, et cela peut sembler gênant, que le « verrou de Bercy » n’a pas été supprimé : l’exécutif garde toujours la haute main sur les poursuites en matière de fraude fiscale, au détriment de l’institution judiciaire. De même, les dispositions à l’encontre des coupables de propos racistes, antisémites, sexistes ou homophobes peuvent sembler contestables dans la mesure où elles risquent de corseter le débat public : est-on forcément homophobe parce que l’on est contre la pratique des mères porteuses ou l’adoption par les couples homosexuels ?

Les deux lois sur la moralisation de la vie publique vaudront sans doute ce que l’on en fera et leur mise en œuvre, pour de multiples raisons, risque d’être longue et laborieuse. Mais elles auront déjà prouvé que la morale et le droit ne sont pas forcément synonymes.


L’événement – 2

par Jean Étèvenaux

Économie ou religion, la Chine n’en fait qu’à sa tête

Poursuivant sa montée en puissance tous azimuts, la Chine se montre de plus en plus décidée non seulement à ne prendre en compte que ses intérêts mais aussi à ne rien tolérer qui n’aille dans le sens défini par elle. Tandis qu’elle développe le réseau international des Nouvelles Routes de la Soie qui va lui permettre de contrôler une partie du commerce mondial jusqu’en Europe, elle se lance dans des prises de participation de plus en plus majoritaires qui l’incrustent dans les économies nationales ; c’est ainsi que les groupes chinois Sanyuan et Fosun se sont lancés dans l’acquisition de 100 % de Brassica Topco et de PPN Management, actionnaires majoritaires du leader français et italien des produits sains à tartiner Saint-Hubert. L’an passé, elle a aussi pris le contrôle de 58 entreprises allemandes pour 11,6 milliards d’euros. Pour accroître sa présence un peu partout, elle continue à battre ses records de production d’acier et d’aluminium au grand dam, notamment, de l’Union européenne. Ainsi se poursuit sa croissance malgré son endettement.
On connaît aussi sa position intraitable vis-à-vis de ses dissidents. Les conditions de la mort, le 13 juillet, du prix Nobel de la Paix Liu Xiaobo, atteint d’un cancer du foie en phase terminale, ont exprimé une nouvelle fois son refus de prendre en considération les interventions étrangères. Les mesures discriminatoires adoptées à l’égard des Ouïghours musulmans et des Tibétains bouddhistes montrent aussi le peu de cas accordé à ceux qui se situent en dehors de la ligne officielle.

Vis-à-vis des chrétiens — une minorité que certaines sources estiment jusqu’à 150 millions de fidèles —, le régime affiche la même fermeté. Le principe est simple : où ils acceptent d’être dirigés par les instances mises en place par le parti communiste où ils se trouvent réduits à une clandestinité plus ou moins dangereuse, comme l’attestent plusieurs évêques dont on reste sans nouvelles, parfois depuis des années. Le résultat a amené beaucoup de protestants à s’organiser au sein d’Églises « domestiques » n’entretenant aucune relation avec le pouvoir et sujettes à toutes les persécutions, surtout lorsque des autorités locales décident de faire disparaître les croix dont la vue les heurte. Par ailleurs, plusieurs de leurs membres partiraient comme missionnaires au Moyen-Orient.

Quant aux catholiques, tous les efforts menés par le Vatican pour réunir la partie « officielle » contrôlée par le Parti et la partie « clandestine » dont les dernières années se sont déroulées entre arrestations, détentions et éloignements se sont révélés vains. Malgré la volonté du pape François d’aboutir à un accord sur la reconnaissance des évêques et un minimum d’autonomie, la visite au Vatican d’une délégation chinoise en juin s’est soldée par un échec. Les officiels continuent à parler de la nécessaire « sinisation » de l’Église et à s’opposer à toute « ingérence ». Pour bien montrer qu’ils restent maîtres du jeu, ils organisent des cérémonies où des évêques excommuniés par Rome sont mélangés à d’autres en communion avec le reste de l’Église, tandis que des prélats considérés comme trop indépendants sont éloignés plus ou moins longtemps de leurs diocèses.


Politiques

par Loïk de Guébriant

Turbulences estivales

En début d’août, la belle mécanique de La République En Marche semble se gripper. Ce n’est pas de très bon augure pour la rentrée lorsque les opposants redonneront de la voix. La mauvaise séquence a commencé avec la désastreuse mise au pas du général Pierre de Villiers. Emmanuel Macron, puis son ministre porte-parole du gouvernement ont manifestement eu la dent trop dure à l’égard d’un grand militaire que les français respectent. Pierre de Villiers a démissionné, il sera peut-être plus dangereux dehors pour Emmanuel Macron. N’oublions pas que notre Président a beaucoup utilisé l’armée depuis le début de son mandat pour s’affirmer. Un chef, un vrai, n’a pas besoin d’humilier, ce sont plutôt les faibles qui pour s’affirmer, en viennent à ces extrémités.

L’épisode du rabotage des APL à l’heure où nous écrivons ces lignes fait encore beaucoup de bruit. Le rabot, vieille méthode éculée des non-réformistes se voit remise au goût du jour. Pour économiser combien ? Cent millions nous dit-on. Alors que 65 000 étudiants ne parviennent pas à s’inscrire dans les facultés, fallait-il énerver 6,5 millions de personnes concernées ? La réponse est clairement non.

L’exécutif semblait jouer sur du velours avec la loi initiée par François Bayrou sur la moralisation de la vie publique … les discussions à l’assemblée nationale et au Sénat prouvent le contraire. Chacun a sa petite idée pour moraliser la vie publique et beaucoup trouvent que cette loi va trop ou pas assez loin. On peut y trouver des défauts assez étonnants. On ne pourra plus embaucher sa femme ou son mari, mais pas de problème pour l’amant ou de la maîtresse ! Vous avez dit moralisation ? La gauche la trouve trop timorée, la droite proteste contre la disparition de la réserve parlementaire qui était bien utile pour aider des projets locaux.

A propos des élus locaux, la pilule de la disparition de la taxe foncière ne passe pas. Les élus locaux, dont une large majorité est en réalité bénévole puisqu’il s’agit des conseillers municipaux, ont l’impression d’être montrés du doigt. A l’instar du maire de Saint-Briac qui s’exprimait dans une intéressante tribune dans Ouest France lundi 24 juillet. Il rappelle que les communes doivent présenter des budgets à l’équilibre, et il estime qu’elles n’ont pas de leçon à recevoir de l’Etat surendetté qui refuse de se réformer. Il conclut sa lettre au Président ainsi : « Monsieur le Président, inversez votre approche. Les réformateurs des territoires sont en route, appuyez leur démarche. La France du local n’a pas attendu l’Etat, mais elle l’accueille volontiers à ses côtés, pour, avec lui, poursuivre les transformations attendues par les habitants. Exprimez votre soutien clair à une France décentralisée qui se réforme d’en bas ».


Monde

par Paul Chassard

Venezuela : fuite en avant

La République bolivarienne du Venezuela (30 millions d’habitants) est un pays disposant de réserves de pétrole et de gaz phénoménales (20 % des réserves mondiales). La production pétrolière (le pays est le 4e producteur du monde) est contrôlée par une entreprise d’État, Petróleos de Venezuela (PDVSA), et représente 96 % des exportations, plus d’un quart du PIB quand le pays avait encore une économie relativement en état de marche, il y a quelques années. Mais la baisse des cours du pétrole depuis deux ans a diminué de 70 % les capacités du Venezuela à importer des matières premières ou des produits manufacturés ou alimentaires dont la population ne dispose pas en quantités suffisantes, l’industrie et l’agriculture étant totalement désorganisées. Les magasins sont vides. La moitié des familles vivent sous le seuil de pauvreté et dépendent de bons alimentaires distribués par l’État. L’inflation dépassera les 1 700 % en 2017. Le marché noir en dollars et la corruption sont généralisés. Le taux de criminalité par armes à feu est le troisième du monde (derrière le Honduras et le Guatemala).

Vingt ans d’expérience socialiste (certains disent « social-démocrate ») sous l’égide du président Hugo Chávez, mort en 2013, et de son successeur, Nicolás Maduro, ont mené le pays à la ruine et au bord de la guerre civile. L’Armée et la Justice sont presque entièrement au service de l’idéologie « bolivarienne » et d’intérêts particuliers. Il y a beaucoup de prisonniers politiques et la répression policière des manifestations de l’opposition est extrêmement violente. Les médias sont largement contrôlés par les institutions. Cependant le Venezuela reste une économie de marché, avec une classe moyenne bien formée et dynamique.

Le président Maduro, dont le mandat se termine officiellement début 2019, avait convoqué le 30 juillet une élection pour désigner les 545 membres d’une Assemblée constituante destinée peu ou prou à remplacer le Parlement où l’opposition de droite libérale est majoritaire depuis 2015. Selon le Conseil national électoral, il y a eu 8 089 320 votants (officiellement 41,53 % du corps électoral), soit environ 500 000 de plus que ce que l’opposition avait mobilisé la semaine précédente dans un référendum sauvage contre la réforme de la Constitution. Mais aucun observateur indépendant ni aucun journaliste n’avait été autorisé à être présent dans les bureaux de vote le 30 juillet. Au moins vingt personnes ont été tuées ce même jour, froidement assassinées chez elles, ou dans la rue, dont un dirigeant de l’opposition et un parlementaire chaviste. L’opposition boycottait le scrutin et appelait à de grandes manifestations de protestation le lundi et le mercredi suivants.

La Colombie, le Brésil, le Panama, le Pérou, l’Argentine et le Costa Rica ont dénoncé un mode électoral alambiqué (on votait une deuxième fois en fonction de son appartenance sociologique), les pressions sur les fonctionnaires et les populations dépendantes de l’aide sociale, et la fraude électorale institutionnalisée. La Bolivie et Cuba se sont en revanche félicitées des résultats de la consultation, comme le Parti communiste français…
Les États-Unis ont annoncé de nouvelles sanctions économiques ciblées contre certains dirigeants chavistes, mais n’ont a priori pas renoncé à rester le principal importateur de pétrole brut vénézuélien. Ils pourraient en revanche ne plus lui fournir du pétrole raffiné que, paradoxalement, le Venezuela est incapable de fabriquer faute d’investissements. La CIA prépare-t-elle une action de déstabilisation comme le dénonce le président Maduro ? Une chose est certaine, le pouvoir ayant décidé de ne pas jouer le jeu de la démocratie, une solution évitant une guerre civile ouverte ne pourra venir que de l’extérieur.


Environnement

par Loïk de Guébriant

Vive l’électricité !

Notre ministre de l’environnement, le très populaire Nicolas Hulot a lancé un pari audacieux en promettant que les voitures vendues en 2040 ne rouleront plus ni à l’essence ni au diesel… c’est-à-dire demain. On imagine qu’il pense que nous roulerons majoritairement à l’électricité car c’est la technique qui semble la plus appropriée pour remplacer le pétrole. Là où le ministre nous surprend, c’est qu’il veut dans le même temps diminuer de 30% l’électricité provenant du nucléaire et supprimer l’utilisation du charbon ! Comment dans ces conditions produire l’électricité nécessaire à ce surcroit de consommation ? Personne n’imagine que l’éolien ou le solaire pourraient combler ce déficit. Ces deux énergies renouvelables sont sans doute nécessaires et progresseront dans le mix-énergétique mais elles ont un inconvénient majeur : elles ne produisent pas à la demande. Pas besoin de dessin pour le solaire, il produit de jour … lorsque le soleil brille. La nuit quand les voitures sont branchées pour faire le plein, c’est zéro. L’éolien peut produire de l’électricité la nuit, mais à certaines périodes très froides, l’hiver, quand un bon anticyclone est fixé sur la France, la consommation connaît des pics et l’éolien, faute de vent est aux abonnés absents. A contrario, à certaines périodes douces, les éoliennes tournent à plein régime mais la demande est faible et on déleste ! En réalité, tant que l’on ne saura pas stocker l’électricité, c’est un leurre de penser que les énergies renouvelables puissent nous tirer d’affaire. Alors il faudra remettre en route de nombreuses centrales thermiques, au gaz, au pétrole, ou pire, au charbon !

Bien sûr, ce projet de Nicolas Hulot est à remettre dans son contexte. Il a développé les grandes lignes d’un plan pour le climat qui propose aussi des travaux pour supprimer ce qu’il appelle les « passoires thermiques » en parlant des habitations ou des usines mal isolées. Il souhaite favoriser la production d’électricité des français chez eux, pourquoi pas. Mais ne nous leurrons pas, ces économies, ces micro-productions, ces énergies renouvelables ne nous permettrons pas de nous passer du nucléaire avant longtemps. Quant au pétrole, gageons qu’il a encore de beaux jours devant lui !


BD

par Gihé

L’Histoire en bd

Romancée ou pas, véridique ou approximative, proche ou lointaine, à visée pédagogique ou servant de prétexte, l’Histoire reste un formidable cadre pour la bande dessinée — quand elle n’en constitue pas le premier centre d’intérêt. Elle fournit en effet un cadre d’évasion que scénaristes et dessinateurs savent utiliser à merveille.

Le philosophe Luc Ferry continue à patronner l’excellente série de La sagesse des mythes, publiée chez Glénat, et qui montre combien les dieux de l’Olympe aident, à travers leurs démêlés, à comprendre la vie des hommes de tous les temps. Dans Persée et la gorgone Méduse, Clotilde Bruneau, servie par le crayon de Giovanni Lorusso, amène à réfléchir sur la mort au-delà d’une destinée tragique. Par le premier tome d’Héraclès, la même Clotilde Bruneau et Annabel exposent comment La jeunesse du héros va l’amener à combattre sans cesse et pourquoi, finalement, ce demi-dieu fils de Zeus n’aura jamais de repos parmi les humains.

Le XVIe siècle se trouve tout en contraste. S’inspirant de Didier Convard et du regretté Gilles Chaillet, Éric Adam et Thibaud de Rochebrune relient leur Michel-Ange (Glénat) à l’Antiquité autour d’une belle intrigue policière qui nous vaut le premier tome, Le banquet des damnés. À l’autre extrémité et débordant sur le XVIIe, Gilbert Bouchard fait revivre Ce diable de Lesdiguières (Glénat) avec un talent servi autant par la rigueur historique que par un dessin précis et des couleurs chatoyantes.

Plus proche de nous, voici le Robespierre (Glénat / Fayard) de Mathieu Gabella et Roberto Meli, traité avec une empathie permettant de comprendre ce à quoi le personnage s’est laissé aller. Un peu de dépaysement, ensuite, avec le premier tome des Maîtres de White Plain (Bamboo) où Édouard Chevais-Deighton et Antoine Giner-Belmonte font revivre le sud de la Louisiane dans la première moitié du XIXe siècle dans un premier tome où se forgent des Liens de haine. Peu après se poursuit la saga des Troupes de marine (Éditions du Triomphe), superbement ressuscitées par René Le Honzec et Serge Saint-Michel dans le deuxième volume, “Les bâtisseurs d’empire“.

La Première Guerre mondiale est abordée sous trois aspects fort différents. Jean-Yves Le Naour et Iñaki Holgado racontent L’agonie du fort de Vaux, deuxième tome de Verdun (Bamboo). Ozanam et Denis Rodier décrivent la trajectoire de Lénine (Glénat / Fayard). Gaëtan Évrard et Dominique Bar, eux, font revivre un événement dont on vient de célébrer le centenaire, Fatima. Le jour où le soleil dansa… (Éditions du Triomphe).

On entre ensuite dans la période de l’entre-deux-guerres. Son côté insouciant propre à toutes les combines se manifeste, grâce à Laurent Galandon et Frédéric Blier, dans La parole du muet (Bamboo), dont le deuxième tome réunit La bergère et le malfrat. Les aspects inattendus de certaines situations et même de certains personnages avaient retenu l’attention de Marcel Pagnol, dont Serge Scotto, Éric Stoffel et A. Dan ont adapté la surprenante pièce Jazz.

Et revoici la guerre, à nouveau mondiale. Philippe Glogowski et Patrick Deschamps se sont penchés sur Les fantômes de Katyn 1940 (Éditions du Triomphe), où l’on voit comment la duplicité soviétique a secondé l’horreur nazie. Au sortir de cette sombre période, Cédric Mayen et Lucy Mazel racontent une jolie et passionnante histoire qui finit pourtant mal, Edelweiss (Vents d’Ouest).

On reprendra du tonus avec un nouvel épisode de la saga des 24 heures du Mans (Glénat), dans lequel Denis Bernard, Christian Papazoglakis et Robert Paquet s’attardent sur un moment aussi court que fabuleux, 1972-1974 : les années Matra (Glénat). Enfin, Alexandre Ilic et Nicolas Musique aident à faire connaître les Générations Lions. Voyage au cœur du centenaire (Éditions du Signe), album destiné à mettre en valeur, pour ses cent ans, la plus grande ong du monde.


In Memoriam

par  Erwan Violin

Jeanne Moreau hors du tourbillon

Jeanne Moreau a quitté le tourbillon de la vie. L’interprète inoubliable de « Jules et Jim » et d’ »Ascenseur pour l’échafaud » est morte à 89 ans.
Jeanne Moreau n’était pas une comédienne comme les autres. Refusant les facilités (et les vulgarités) du « glamour », celle qui inspira Truffaut, Losey et Orson Welles, l’égérie de la Nouvelle Vague, était d’abord une artiste exigeante ne dédaignant pas les rôles les plus périlleux pour mieux les transfigurer. Jeanne Moreau ne faisait pas « du » Jeanne Moreau. Elle faisait du cinéma et/ou du théâtre, tout simplement.


Livres

par Catherine Pauchet

Roman

Retour aux sources

1939. L’Europe entre en guerre et les Anglais s’attendent à être bombardés. Beaucoup d’enfants sont envoyés en Cornouailles, un lieu sûr. Les petits Will et Lucy partent vivre à Skylark, une ferme au bord de l’Atlantique, chez les parents de Maggie. La vie y est simple et rude, le paysage magnifique. Cinquante ans plus tard, Maggie est une femme usée par le labeur et le chagrin : malgré ses efforts, la ferme familiale est en faillite. Lucy, sa petite fille, s’installe chez d’elle. Elle a plaqué Londres la trépidante, un mari volage et un emploi d’infirmière qui la mine. En congé maladie, elle vient se ressourcer sur la terre de son enfance. Le roman de Sarah Vaughan se partage entre passé et présent avec, entre les deux, un secret de famille qui traverse les générations.

« La ferme du bout du monde », Sarah Vaughan, Préludes, 448 p., 16,90 €.

Nouvelles noires

Prison et foot

Auteur de romans, René Frégni écrit aussi des nouvelles. Ce recueil se compose de récits se rapportant à la prison. Au fil des pages, on rencontre Rémi, quinze ans, arrêté après un braquage qui a mal tourné, malgré une lettre de rupture il espère revoir sa petite amie. Il y a Valentin, un meurtrier, qui retrouve une lueur d’espoir grâce à Marilou, une curieuse demoiselle, et ce chaton qui miaule au secours en tombant du toit des Baumettes. Taulard, maton, animateur d’atelier d’écriture, tous communient dans la même passion : le football.

« Le chat qui tombe et autres histoires noires », René Frégni, L’aube, 172 p., 16 €.

Aventure

Vendée Globe

Les commentateurs sportifs le donnaient perdant : « Il ne passera pas l’équateur ». Et pourtant Sébastien Destremau a bouclé le Vendée Globe. Il est allé au bout de lui-même, il est arrivé aux Sables d’Olonne. Dernier certes, mais l’exploit reste remarquable : 124 jours, seul, épuisé, et sans nourriture en fin de route. C’est l’histoire d’une rédemption qu’il nous livre ici : celle du gamin qu’il était, rebelle et insolent, tête de Turc d’un père violent, celle du père qu’il est et qui veut regagner l’estime de ses enfants. Sébastien Destremau n’a rien, ni fortune ni maison : il a tout vendu pour partir en mer. Pour lui, l’essentiel est ailleurs, il est libre et veut partager sa victoire avec les siens.
« Seul au monde », Sébastien Destremau, XO éditions, 264 p., 19,90 €.

Revue

Les romans de la rentrée

Plus de six cents livres sont annoncés pour la rentrée littéraire. Lire propose, en avant-première, des extraits de quinze d’entre eux. Amélie Nothomb, Marc Dugain, Éric Reinhardt, Patrick Deville, Alice Zeniter… ces écrivains sont en compétition pour gagner le cœur du public et, si possible, un prix. Au sommaire aussi : les romans de l’été, les plus belles bibliothèques à travers le monde, l’univers d’Anne Ragde, le retour des sagas littéraires, un entretien avec Patrick Boucheron…
« 20 romans pour l’été », Lire, août 2017, 6,50 €. En kiosque.


Le chiffre de la semaine

0,5%

C’est le taux de croissance du PIB français au deuxième trimestre 2017, selon les chiffres publiés par l’INSEE. Ce chiffre confirme l’amélioration de l’économie française, déjà annoncée par la Banque de France en juin dernier. Ce résultat est notamment dû au bon niveau du commerce extérieur avec une augmentation de 3,1% des exportations contre un ralentissement des importations à +0,2%. Dans le détail, l’INSEE évoque les meilleures ventes de « matériels de transports et autres produits industriels » face à un recul des achats de produits pétroliers raffinés.

La croissance du PIB a également bénéficié d’une hausse de 0,4% de la demande intérieure avec une reprise à 0,3% de la consommation des ménages.


D’un jour à l’autre

France

Construction navale

Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a annoncé le 27 juillet que le gouvernement faisait jouer son droit de préemption pour nationaliser, de manière temporaire, les chantiers navals de Saint-Nazaire, faute d’un accord avec les autorités italiennes sur un rachat des parts détenues par le conglomérat coréen STX (en faillite) par la compagnie italienne Fincantieri. En compensation, le gouvernement français propose aux Italiens un accord élargi à la construction navale militaire.

Automobile

Le tribunal de commerce de Poitiers a repoussé au 4 septembre sa décision sur l’offre de reprise par GMD, (n° 1 français de l’emboutissage), de l’équipementier automobile creusois GM&S, placé en liquidation judiciaire le 30 juin. 112 emplois en CDI seront maintenus à La Souterraine sur 277.

Parlement

Le 28 juillet, après 50 heures de débat et plus de 800 amendements, les députés ont voté une loi de « moralisation » par 319 voix contre 4. Celle-ci supprime, progressivement d’ici 2024, la réserve parlementaire qui permet à un élu de distribuer librement certaines subventions, interdit de recruter un membre de sa famille comme collaborateur parlementaire, instaure un contrôle des notes de frais et des conflits d’intérêts, etc.

Cinéma

Jeanne Moreau est morte le 31 juillet à 89 ans.

Trains

La gare Montparnasse à Paris a été complètement bloquée le 30 juillet par une panne de signalisation. Le trafic ferroviaire a été entièrement interrompu durant de longues heures.

Commerce

Le Conseil constitutionnel a validé, le 31 juillet, l’accord économique et commercial entre l’Union européenne et le Canada (CETA) signé en octobre 2016 entre Justin Trudeau, Premier ministre canadien, et Donald Tusk, président du Conseil européen.

Internet

Facebook déclare seulement 37 millions de chiffre d’affaires en France alors qu’il en réalise visiblement, avec 32 millions d’utilisateurs, plus de 500 millions. Il n’a payé qu’un seul million d’euros d’impôt sur les bénéfices en 2016, ce qui était cependant le double de 2015. L’essentiel du chiffre d’affaires de Facebook en Europe (7,9 milliards d’euros en 2015) est déclaré en Irlande mais les bénéfices de Facebook sont déclarés aux îles Caïman où Facebook dispose d’une cagnotte de 5 milliards de dollars.

Alibaba, le Amazon chinois, dispose désormais d’une plateforme logistique en France afin de faciliter la livraison des produits commandés en ligne par des Français.

Monde

Allemagne

Un demandeur d’asile émirati de 26 ans a été arrêté, le 29 juillet à Hambourg, après avoir tué une personne et en avoir blessé trois autres en criant « Alahou Akbar ».

Un Irakien de 34 ans, réfugié politique depuis 1991, a tué deux personnes et en a blessé d’autres avec un fusil M16, le 30 juillet au petit matin, devant une discothèque de Constance. Il a été tué par la police. Il était le gendre du propriétaire de la discothèque et la police a donc écarté l’hypothèse de l’attentat terroriste.

Russie

Après le vote, le 27 juillet, de sanctions économiques contre la Russie par le Sénat américain en riposte aux ingérences russes dans l’élection présidentielle américaine et l’annonce de la validation de ce vote sénatorial par le président Trump, la Russie a annoncé, le 30 juillet, le renvoi de 755 diplomates américains afin que leur nombre ne dépasse pas celui des diplomates russes aux États-Unis (455).

Sénégal

6 250 000 électeurs étaient appelés à participer aux élections législatives du 30 juillet pour désigner 165 députés. Le taux de participation serait de 54 %. Il y a eu de nombreux incidents d’organisation.

Yémen

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime à 400 000 le nombre de cas de choléra au Yémen depuis avril ayant causé la mort de près de 1900 personnes dont un quart d’enfants. La guerre menée par l’Arabie saoudite contre les « rebelles » houthis est la principale responsable de l’épidémie.

Libye

Le président Macron avait invité, le 24 juillet, le maréchal Haftar, dont les troupes contrôlent l’est du pays (Parlement de Tobrouk et Benghazi) y compris les principaux champs pétroliers, et Faiez al Sarraj, chef du gouvernement d’union nationale de Tripoli et Misrata, à une réunion à La Celle Saint-Cloud. Un cessez-le-feu a été proclamé et le principe d’élections générales en 2018 validé. Le 27 juillet, le président Macron a annoncé la création prochaine de camps de demandeurs d’asile ( « Hot spots ») en Libye sous contrôle européen ou seulement français. 800 000 Africains sub-sahariens seraient actuellement en Libye candidat à une traversée clandestine de la Méditerranée.

Maroc

À la veille de la fête du trône les 30 et 31 juillet à Tanger et Tétouan, le roi Mohammed VI a prononcé, depuis son palais de Tétouan, dans le Rif actuellement en ébullition sociale, son 18e discours du trône. À cette occasion, 1 178 prisonniers auraient été graciés, dont 58 membres du mouvement de contestation dans le Rif, mais pas sa figure emblématique Nasser Zefzafi.

Tunisie

Le 26 juillet, le Parlement tunisien a voté à l’unanimité des 146 députés présents (sur 217 élus), une loi réprimant les violences faites aux femmes, qui supprime, entre autres, la possibilité pour un violeur de réparer son crime en épousant sa victime.

Venezuela

Le pouvoir chaviste a fait élire une Assemblée constituante le 31 juillet, dans des conditions controversées : selon les autorités 8 millions de personnes ont voté (sur 19,5 millions d’inscrits) pour désigner 545 constituants tous partisans de Nicolas Maduro. L’opposition a appelé à de gigantesques manifestations pour empêcher l’installation de cet organisme à la place du Parlement où elle a la majorité depuis 2015.

Philippines

Le maire de la ville portuaire d’Ozamiz (sud) a été tué par la police le 30 juillet lors d’une perquisition à son domicile où des armes et un stock de drogue aurait été trouvée. Plus de 3 000 personnes soupçonnées de trafic de drogue ont été abattues par la police en un an.

Sports

Natation

Le Français Camille Lacourt, 32 ans, a remporté, en 50 m dos, le 31 juillet à Budapest lors des championnats du monde de natation, sa cinquième médaille d’or depuis 2011.