L'Évangile et les migrations - France Catholique
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L’Évangile et les migrations

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La question des migrations a revêtu, ces derniers mois, un caractère extrêmement aigu, provoquant polémiques et incompréhensions mutuelles, sans qu’on puisse envisager sereinement un avenir où toutes les difficultés se trouveraient résolues. On sait l’insistance du pape François, qui se trouve en pleine cohérence avec l’enseignement biblique sur l’accueil de l’étranger. Ses appels sont souvent repris par les évêques à travers l’Europe, bien que des contradictions soient nettement apparues de la part de certains qui, comme en Hongrie, ont exprimé leurs inquiétudes et même justifié les mesures restrictives de leurs gouvernants. À Lourdes, à l’Assemblée des évêques de novembre, un début d’échange avait mis en évidence des réserves face à une conception unilatérale des migrations, ne tenant pas compte de tous les paramètres d’un défi qui concerne, en ce moment, l’ensemble de l’Europe.

Ce n’est pas la première fois, ici-même, que nous évoquons le climat conflictuel qui règne à ce propos, jusque dans nos communautés chrétiennes. Climat, qui pourrait même se dégrader encore, au fur et à mesure que s’amplifie un phénomène, qui provoque une crise de la concertation européenne. Et à l’échelon des nations, des révisions parfois drastiques des stratégies migratoires. On peut s’inquiéter des dérapages qui conduisent à des animosités xénophobes et à des pratiques brutales. Lorsque le Danemark décide de confisquer les pauvres biens des immigrants, déjà éprouvés par l’odyssée qui les a fait tout quitter, on doit légitimement s’inquiéter. Mais par ailleurs, comment ne pas comprendre des gouvernements qui se raidissent devant des contraintes qu’ils ne maîtrisent plus, d’autant que d’autres menaces surgissent à l’horizon ?

Des observateurs nous préviennent : la déstabilisation profonde des pays du Sahel risque de provoquer des mouvements de population encore plus importants que ceux qui résultent de la guerre en Syrie. Nous sommes en présence d’un défi dont la dimension déconcerte. L’impératif de l’accueil de l’autre retentit certes dans la conscience personnelle, puisqu’il y a la présence proche de celui qui demande secours. Mais lorsqu’il s’agit d’un déferlement de population, ce n’est pas plus la disponibilité personnelle qui se trouve sollicitée, mais l’appareil entier des États, avec des conséquences qui ne sont pas toujours maîtrisables. La cardinal Schönborn peut exprimer son désarroi devant la construction de nouveaux murs à l’intérieur de l’Europe. Et il faudrait tout faire pour que le choses se passent autrement. Mais le règlement de la crise migratoire dépasse notre potentiel de générosité. Ou du moins, ce potentiel ne pourra faire l’économie d’un règlement politique à l’échelle des continents et de l’équilibre international. Le champ de la politique à cette échelle peut être celui de la plus large charité, mais il obéit à des régulations qui ne relèvent pas du seul regard de l’autre.