Qu’est-ce que l’Évangile ? Voilà une question importante. En d’autres mots, quelle est « la Bonne Nouvelle », le contenu du message que nous, baptisés, avons à proclamer aux nations ? Au sein de l’Église, nous entendons beaucoup parler ces derniers temps de la nécessité d’évangéliser, du besoin de disciples missionnaires – voir les exhortations du pape François à montrer « la joie de l’Évangile » et à agir « avec la saveur de l’Évangile ». Qu’est-ce que cela signifie ?
Quelle est la Bonne Nouvelle ? C’est une question à laquelle chaque chrétien devrait vouloir répondre et être capable de répondre. Chacun d’entre nous devrait être prêt à rendre compte, comme nous y engage Pierre, de l’espérance qui est en nous.
Dieu a tant aimé le monde qu’il a envoyé son Fils unique, incarné dans le sein de la Vierge, pour souffrir, mourir et ressusciter le troisième jour afin de nous sauver du péché. Bien plus, dans sa bonté, Dieu a envoyé Son Esprit Saint pour guider et protéger l’Église – une, sainte, catholique et apostolique – pour répandre Sa Miséricorde et Sa grâce à travers les sacrements, afin que puisse croître notre amour envers Lui et envers les autres. Ce même Dieu, le Dieu qui nous a créés par amour et nous recherche, pécheurs que nous sommes, tout au long de l’histoire, nous relèvera de la mort et sera notre juste juge.
Voilà la Bonne Nouvelle. Telle est la foi que nous proclamons dans notre Credo. Telle est la foi de l’Église, professée avant même que les premiers Évangiles soient écrits ou le Nouveau Testament compilé. Et comme nous le lisons dans Dei Verbum :
[chapitre 2, § 7 ] Mais pour que l’Évangile fût toujours gardé intact et vivant dans l’Église, les Apôtres laissèrent pour successeurs des évêques, auxquels ils « remirent leur propre fonction d’enseignement [10] ». Cette sainte Tradition et la Sainte Écriture de l’un et l’autre Testament sont donc comme un miroir où l’Église en son cheminement terrestre contemple Dieu, dont elle reçoit tout jusqu’à ce qu’elle soit amenée à le voir face à face tel qu’il est (cf. 1 Jean 3,2).
Dix ans après l’entrée dans son pontificat, la préoccupation principale du Saint Père reste celle qui était la sienne le jour de son entrée en fonction. Comment l’Église peut-elle s’améliorer dans la proclamation de la Bonne Nouvelle ? Les thèmes des catéchèses actuelles du pape, prononcées lors des audiences générales du mercredi, sont la passion pour l’évangélisation et le zèle apostolique. L ‘accent mis sur la miséricorde, son désir d’une église qui soit pauvre et pour les pauvres, son insistance pour aller aux périphéries, sa poursuite de l’idée d’une Église synodale et même sa réforme de la Curie – chaque initiative majeure de son pontificat a été prévue pour servir une proclamation plus efficace de la Bonne Nouvelle.
Ce que le pape François n’avait peut-être pas prévu, c’est que son pontificat – soit par son style soit par son contenu – a révélé une Eglise profondément divisée, pas simplement concernant le meilleur moyen de proclamer l’Évangile, mais concernant la teneur de cette Bonne Nouvelle. Et nous nous trouvons ainsi vivre à une époque dans laquelle l’essence de la foi et de la morale est ouvertement contestée, même dans les plus hautes sphères de l’épiscopat.
Dire que cet état des choses n’est guère édifiant est un euphémisme. Il ne semble pas que le résultat ait été ce que le pape François a espéré durant tout ce temps : une proclamation plus claire de la Bonne Nouvelle. La tendance de l’Eglise à être repliée sur elle-même et autoréférentielle, une tendance que, à juste titre, le pape François désire si ardemment changer, a pour le moment été exacerbée – tout au moins en occident où les divisions sont les plus manifestes.
Mais exemplaire ou non, éclairante ou non, c’est la situation dans laquelle beaucoup d’entre nous se trouvent. Cela peut être particulièrement perturbant pour les catholiques de base qui se sentent impuissants face aux grandes controverses actuelles – controverses qui semblent à la fois désespérément importantes ( c’est de la foi qu’il est question, quand même) et complètement lointaines. Chaque catholique a pour tâche de vivre et prêcher l’Évangile, mais bien rare est celui qui mettra un pied dans une réunion du synode.
Je n’ai pas de réponse toute faite à proposer ici, si ce n’est de dire que les angoisses – et même les humiliations – que le Seigneur permet que nous rencontrions ne sont pas sans but ni signification. Le Carême devrait au moins nous le remettre en mémoire. Le Carême est un temps pour nous rappeler l’importance de l’humilité, de la docilité et de l’obéissance. J’admets que ces vertus me sont difficile à pratiquer, étant à la fois fils d’Adam et Américain.
Nous savons tous que le Carême est un temps de repentance et de conversion. Nous nous soumettons à des pratiques de mortification et de sacrifice, non pour elles-mêmes, mais en vue d’expérimenter, d’embrasser et de partager la miséricorde que Dieu désire répandre sur nous et qu’Il nous implore de répandre sur les autres. Le Carême est un temps pour faire un examen de conscience scrupuleux et une bonne confession.
Au risque de paraître comme exhibitionniste spirituel, voici un examen de conscience que j’ai établi à mon usage. Il vous aidera peut-être. Ou peut-être pas. Mais je sais que je devrais le pratiquer plus souvent que je ne veux le reconnaître.
Est-ce que j’invoque sincèrement et avec confiance le Saint-Esprit afin qu’il guide et protège l’Église et ses ministres ? Est-ce que je permets à ces temps agités et déconcertants de devenir une excuse pour mettre l’accent sur ma propre justice et mon jugement plutôt que sur ma promesse de fidélité à Dieu ? Est-ce que je tente de masquer la faiblesse de ma propre foi en pointant les manquements et erreurs hélas bien trop réels des autres – tout spécialement de ceux qui auraient dû avoir plus de discernement ?
Et si mes réponses à ces questions ne sont pas ce que je sais qu’elles devraient être, puis-je réellement prétendre prendre part à la mission qui m’a été confiée à mon baptême ? Suis-je vraiment et sans réserve en train de proclamer la Bonne Nouvelle en paroles et en actes ?