Comme le savent maintenant tous ceux qui ne sont pas coincés sur une île déserte, nous allons une fois de plus devoir faire le choix d’un président des Etats Unis en novembre prochain. Nous choisirons en même temps les députés du congrès et les sénateurs, sans parler du personnel législatif local.
Avec les quelques mois seulement qui nous restent pour considérer les alternatives et prendre nos décisions, comment une conscience catholique devrait-elle se former pour faire le bon choix ? Le choix cette année est capital – et troublant. Mais je suis convaincu que nous pouvons trouver les réponses pour des électeurs perplexes – nous comme les autres – en jetant un œil sur l’encyclique de Jean Paul II.
C’est un grand saint qui a écrit beaucoup de choses importantes, qui valent la peine d’être lues et relues, en particulier Evangelium Vitae (L’Evangile de la vie, à mon avis, son texte le plus important). Il n’a jamais été plus prophétique que dans cette encyclique où, non content de faire le diagnostic des problèmes de son temps, il montre, également de façon prophétique, ce qui se prépare comme menaces envers la vie humaine innocente, les mariages et les familles.
Une excellente préparation pour entrer dans l’isoloir, serait de réfléchir à ceci :
Comme il le dit : nous voyons aujourd’hui :
Un accroissement et une gravité extraordinaires des menaces sur la vie des individus et des peuples, spécialement là où la vie est faible et sans défense… Le résultat final de ceci est tragique : non seulement le fait de la destruction de tant de vies humaines, avant la naissance ou dans leur dernier stade, est extrêmement grave et troublant, mais…la conscience elle-même, obscurcie en quelque sorte par un conditionnement généralisé, trouve de plus en plus difficile de faire la distinction entre le bien et le mal.
Cette « culture de mort » (phrase, on devrait se le rappeler, qu’il a inventée) dans laquelle de plus en plus de sociétés sans Dieu – encouragées et assistées par leurs gouvernements – opposent les forts contre les faibles, sans aucun scrupule pour l’innocence des victimes.
Retraçant le rôle du sang dans la Bible, comment il fut versé dans l’Ancien Testament, et la préfiguration du sacrifice du Christ dans le Nouveau, Saint Jean Paul II note qu’au fur et à mesure que la vie humaine devient une commodité, et que le sang humain versé devient un commerce profitable, le sacrifice actuel des innocents accomplit la prophétie de Jérémie : « Car ils m’ont abandonné, ils ont rendu ce lieu méconnaissable, ils y ont offert l’encens à des dieux étrangers qui n’avaient connu ni eux, ni leurs pères, ni les rois de Juda. Ils ont rempli ce lieu du sang des innocents……je les ferai tomber sous l’épée devant leurs ennemis, et par la main de ceux qui en veulent à leur vie. » (Jer XIX 4 – 7)
En tant que catholiques, pour novembre la question de la vie doit être une préoccupation majeure, précisément parce que ce sont des questions de vie ou de mort, des questions qui n’admettent pas de compromis. Aussi, avant d’entrer dans l’isoloir, il est presque obligatoire pour un catholique de consulter l’encyclique sur les questions de vie humaine, les questions de vie de notre temps, écrites par un pape qui a été élevé au rang de saint canonisé depuis les dernières élections présidentielles ; impossible de s’y soustraire.
Dans l’évangile de la vie, Saint Jean Paul a magistralement placé l’inhumanité des temps modernes envers d’autres êtres humains (enfants à naître ou personnes non désirées à n’importe quel stade de la vie). Dans ce contexte, se manifeste l’abandon contemporain des valeurs objectives, et l’exaltation de soi considéré comme arbitre des valeurs et déterminant de la réalité. (Ceci en conduit beaucoup à croire la reductio ad absurdum qui, socialement et légalement peut être adopté par n’importe qui, quel que soit le genre auquel il ou elle choisit de s’identifier.)
Au-delà des injonctions contre l’avortement et l’euthanasie, la vision qu’a Saint Jean Paul des personnes humaines et de leurs rôles de co-créateurs dans la transmission de la vie humaine, s’étendait à une Théologie du corps magnifiquement élaborée. Sa compréhension de la valeur des personnes humaines, créées à l’image de Dieu et destinées par Dieu à former des unions d’amour et de don de soi, créatrices et faites pour durer toujours, fournit une feuille de route pour le bonheur dans notre vie terrestre, et un moyen d’atteindre l’ éternelle union à Dieu dans l’au-delà.
Pour proclamer l’évangile de la vie sur la place publique, à notre époque, il nous faut procéder à une grande variété d’approches : de la perspective contemplative qui s’émerveille parce que la personne humaine est sacrée, à la participation aux activités sociales et politiques qui promeuvent la vie ; du travail pour abroger l’autorisation légale de tuer la vie humaine non désirée, à l’effort d’élever des enfants chrétiens qui respectent la vie humaine et grandiront pour former leurs propres familles saines et chrétiennes.
Il a pu un jour être possible de se mêler de ses propres affaires et de laisser les autres se mêler des leurs. Mais toutes les approches citées plus haut sont essentielles à la construction d’une nouvelle culture de vie, parce que notre époque, hédoniste et centrée sur soi, qui œuvre à banaliser la sexualité, conduit à notre état actuel épouvantable. Dans une situation aussi désastreuse, un simple vote n’est pas suffisant.
Saint Jean Paul II savait bien ce que c’était que de lutter contre un régime qui dénie les droits de l’homme basiques. Bien que notre gouvernement pour le moment, demeure bien préférable à la tyrannie communiste sous laquelle il vivait en Pologne, nous ne devrions pas être aveugles face au refus continuel de reconnaître les droits des vies innocentes et au rétrécissement de l’espace de la liberté religieuse.
Aucune société ne peut durer si elle ne choisit pas de correspondre à l’évangile de la vie, et de protéger la sainteté du mariage tel qu’ il nous a été donné par Dieu, en commençant par Adam et Eve. Il n’y a que de cette manière que notre pays – et n’importe quel pays – pourra survivre et s’épanouir.
Demandons à Saint Jean Paul II d’intercéder du haut du ciel pour notre société profondément troublée et malade, et pour qu’il nous aide à nous souvenir, en chrétiens courageux, de suivre son exemple quand nous mettons nos bulletins dans l’urne, et vivons nos vies.
Source : The Gospel of Life and the November Elections
Photo : Le président Reagan et le pape Jean-Paul II à l’aéroport de Miami en 1987.
Pour aller plus loin :
- La paternité-maternité spirituelle en vie monastique est-elle menacée en Occident ?
- Un regard américain
- Un mauvais conseil: « votez pour l'homme pas pour le parti.» (à propos des élections sénatoriales américaines)
- A propos des élections présidentielles américaines
- Appel pastoral aux Evêques pour une Réaffirmation Apostolique de l’Evangile