L'Europe ne va pas bien - France Catholique
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L’Europe ne va pas bien

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L’Europe ne va pas bien. C’est Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, qui le reconnaît lui-même. Et si les Anglais claquaient la porte de la maison commune, comme semblent l’indiquer les sondages en prévision du prochain référendum, c’est un véritable désastre qui serait consommé. Si l’on ajoute à cela que l’axe franco-allemand, qui a toujours été déterminant dans la conduite de l’ensemble, se trouve en panne d’imagination, faute d’accords profonds sur des questions graves, on comprend le pessimisme qui règne à Bruxelles. Pessimisme qui se trouve alimenté de mois en mois, par de nouvelles difficultés. La déferlante migratoire se combinant à la menace terroriste met en péril le système de Schengen, fondé sur la libre circulation des personnes dans l’espace européen. Par ailleurs, les pays de l’Est donnent du fil à retordre à l’Union, au point de créer des conflits ouverts avec les autorités européennes.

Facilement, les commentateurs incriminent ce qu’ils appellent les « égoïsmes nationaux ». Mais ce concept apparaît problématique dès lors qu’il s’agit d’arbitrer entre des intérêts communs à des peuples entiers. Il est d’ailleurs paradoxal de stigmatiser l’égoïsme dans le cadre d’un régime économique libéral, dont les théoriciens ont toujours érigé ce même égoïsme en règle du système, allant jusqu’à soutenir que les vices privés faisaient la vertu publique, selon la formule célèbre de Mandeville. Peut-être faudrait-il savoir exactement en quoi consiste cette construction européenne. Le projet en paraît beaucoup moins clair qu’il ne l’était au lendemain de la guerre, où il s’agissait d’éloigner le spectre de la discorde. Assurer la paix sur notre continent apparaît d’autant moins comme un souci primordial que la plupart des États sacrifient leur budget militaire et n’ont nulle envie de se lancer dans des aventures guerrières.

Le projet se réduit-il à la création d’un pur espace économique dévolu à la libre concurrence ? Dans ce cas, l’atonie actuelle pourrait bien s’expliquer par un manque de foi et d’élan. Et puis sans conscience commune, fondée notamment sur un héritage historique reconnu, il est difficile de susciter l’adhésion et l’enthousiasme des peuples.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 20 janvier 2016.