Pour le soixantième anniversaire du Traité de Rome, il ne pouvait y avoir meilleur rendez-vous que celui de la ville éternelle pour les 27 représentants de l’Union européenne. Une union ayant fait son deuil de la Grande-Bretagne en processus d’éloignement ou de rupture. Mais la ville éternelle, c’est aussi le siège de Pierre, la cité du Vatican ! Comment s’étonner que tous se soient retrouvés auprès du pape François, et notamment pour une photo commune dans la chapelle Sixtine ? Cette photo restera probablement comme le souvenir le plus symbolique des soixante ans du Traité de Rome.
Fallait-il alors faire tellement la fine bouche, lorsque la mention des racines chrétiennes de l’Europe fut écartée du préambule d’un projet de constitution, auquel ça n’a pas porté chance. François a rappelé cette simple évidence, en citant son prédécesseur saint Jean-Paul II : « Encore aujourd’hui, l’âme de l’Europe demeure unie, parce que, au-delà de ses origines communes, elle vit les mêmes valeurs chrétiennes et humaines, comme celles de la dignité de la personne humaine, du profond sentiment de la justice et de la liberté, du travail, de l’esprit d’initiative, de l’amour de la famille, du respect de la vie, de la tolérance, du désir de coopération et de paix qui sont les notes qui la caractérisent. » Et le Pape d’affirmer que ces valeurs continuent à trouver plein droit de cité « si elles savent maintenir leur lien vital avec la racine qui les a fait naître ».
Cette Europe d’aujourd’hui que tous s’accordent à dire en crise ne s’est pas retrouvée pour rien auprès du successeur de Pierre. D’ailleurs, ce n’est pas la première fois que le Pape est sollicité par ses dirigeants. Faut-il qu’elle change de logiciel pour répondre aux exigences du temps et se garantir du désamour dont elle est l’objet ? François avait quelques idées à soumettre à ses hôtes à ce sujet. Des idées qui ne concernent pas directement les structures de la construction européenne. Des idées qui concernent ce qu’on pourrait appeler son âme et qui vont en sens contraire du nihilisme qui s’est trop souvent répandu. Quand François met l’accent sur la promotion de la vie « dans toute sa sacralité », il sait parfaitement ce qu’il dit et qui s’adresse à la conscience de tous, pour féconder un avenir possible.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 27 mars 2017.
Pour aller plus loin :
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