La semaine dernière, avant même que Vladimir Poutine ne lance sa terrible offensive guerrière contre l’Ukraine, j’avais crû devoir remettre à l’ordre du jour certaines données géopolitiques que l’on avait encore un peu trop tendance à mettre entre parenthèses. Non, l’effondrement de l’empire soviétique en 1989 ne nous avait pas introduit dans un monde de paix et de tranquillité. Sans doute, les théâtres d’affrontement étaient-ils éloignés de notre espace européen alors. Quoi que ce qui s’était passé dans l’ex-Yougoslavie aurait dû nous mettre en garde.
Depuis trente ans, nous n’avons cessé d’aller d’affrontements en affrontements. La responsabilité de la puissance américaine dans les expéditions en Irak a aboutit à des catastrophes dont nous subirons les conséquences encore très longtemps. Et de ce point de vue, on ne mesure que mieux la lucidité d’un Jean-Paul II qui, dès le début, avait saisi l’infernal engrenage dont nous étions menacés. Ce qui se passe aujourd’hui en Ukraine résulte aussi pour une bonne part de notre imprévoyance. Car les désagrégations de l’empire soviétique ne débouchaient pas seulement sur l’heureuse libération des nations soumises. Hubert Védrine, notre ancien ministre des Affaires étrangères, remarque à juste titre qu’on n’a pas suffisamment pris garde à ce que deviendrait la Russie post-soviétique.
L’indépendance de l’Ukraine n’était pas sans poser des problèmes, eu égard à la proportion de population russophone qu’elle comprenait. D’évidence, cela n’empêche pas que Vladimir Poutine s’est lancé dans une opération condamnable qui ne pourra que déboucher sur le malheur. Comment se sortir de cette catastrophe ? C’est la seule question vraiment à poser. Comment déserrer l’étau qui s’est refermé sur un peuple engagé dans un processus dont il faut absolument arrêter le cours. Prions en attendant pour que ce processus s’arrête au plus vite.