L'Etat islamique d'Iraq et de Syrie et les leçons à tirer de la lutte anti-avortement - France Catholique
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La justice de Dieu
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L’Etat islamique d’Iraq et de Syrie et les leçons à tirer de la lutte anti-avortement

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Le samedi matin, je passe souvent environ une heure en face de notre clinique locale d’avortement, priant et agissant comme « conseillère de trottoir anti-avortement ». Ce titre ronflant signifie que lorsque des patientes se rendent de leur place de parking à la porte de la clinique, à une quinzaine de mètres de la limite que je ne dois pas franchir, je braille quelque chose du genre : « Voudriez-vous prendre ces numéros de téléphones d’endroits qui peuvent vous aider, vous et votre bébé ? » en agitant une liste de centres pour femmes enceintes.

Au moins neuf sur dix des personnes se faufilant par les portes en détournant le regard ne répondent pas. De temps en temps, une femme saisit le tract dans ma main tendue et pénètre dans notre chambre de la mort. Encore plus rarement, il m’arrive d’avoir quelque chose qui ressemble à une vraie conversation.

Cet apparent manque de succès est commun à ceux qui viennent régulièrement à la clinique. A notre emplacement, toute forme de réponse positive, sans même parler d’une vie sauvée, est rare. Alors il peut sembler parfois que toutes ces prières sont en pure perte. Bien sûr, les gens circulant dans cette rue commerciale animée peuvent être alertés sur ce qui se passe dans ce bâtiment minable. Et celles qui entrent pour un avortement n’y retourneront peut-être pas une seconde fois.

Et puis, de loin en loin, un salarié de la clinique quitte son poste, et nous pouvons espérer y être pour quelque chose. Pourtant, parfois, quand j’imagine les torrents de grâce émanant de tant de gens au fil des ans, je suis frustrée. Où est le vent puissant de la Pentecôte, où est le feu venu du ciel ? Si Jésus se matérialisait ici sur Greenbelt Road un samedi matin, comme le résultat serait différent !

Eh bien, oui et non. Bien sûr, Jésus exerçait un pouvoir énorme durant ses années sur la terre : guérissant les malades, ressuscitant les morts, calmant les tempêtes, chassant les démons, multipliant les pains et les poissons. Et même, au niveau personnel, il a pu attirer Matthieu loin de sa table de collecteur d’impôts et vaincre la prévention de la Samaritaine.

Cependant, il n’avait pas le pouvoir – parce que Dieu ne s’est pas octroyé ce pouvoir-là – de manoeuvrer les coeurs et les âmes contrairement à leur volonté. Par exemple, nous savons par les Evangiles que Jésus n’a pas gagné face au jeune homme riche, n’a pas empêché Judas de le trahir, ni convaincu la majorité du peuple élu de ses prétentions messianiques.

Il ne pouvait pas faire agir quelqu’un contre sa volonté, parce que Dieu a donné à chaque homme et à chaque femme le libre arbitre. Si le Christ se tenait à proximité de la clinique d’avortement de mon quartier le samedi matin, je suppose qu’il serait bien plus efficace que nous. Pourtant, sans aucun doute, beaucoup ignoreraient ou rejetteraient ses paroles. Dieu – même Dieu ! – ne pourrrait probablement pas convaincre la majorité de ceux qui y travaillent de quitter l’usine locale d’avortement pour choisir la vie.

J’ai essayé récemment de relier tout cela aux affaires du Moyen-Orient. Tout particulièrement avec l’expulsion largement réussie des chrétiens hors de leur patrie où leurs ancêtres ont habité depuis l’Ascension de Notre Seigneur. Une expulsion mise en oeuvre par l’Etat Islamique d’Iraq et de Syrie. Je voudrais atteindre la certitude de ce que notre gouvernement, les autres gouvernements et les diverses organisations devraient faire pour causer le moins de mal et réussir le plus de bien. Je pèse les arguments des différentes options militaires, semi-militaires, économiques et humanitaires. Dans tout cela, j’inclus la contribution individuelle des croyants en prières, jeûnes et aumônes.

Pour le moment, je reste hésitante quant aux actions que les Etats-Unis devraient entreprendre, en particulier si et à quel moment nos forces et celles de la coalition atteignent le premier stage de neutralisation de la capacité qu’a l’Etat Islamique d’Iraq et de Syrie de contrôler les territoires et de terroriser les habitants. En fait, une des raisons de mon incertitude sur ce qui pourrait « marcher » en Iraq et dans les régions limitrophes est le manque de clarté sur ce que signifierait le terme « marcher » dans ce contexte.

Devons-nous viser une paix et un ordre relatifs pendant qu’une force militaire contrôle les choses et soutient indéfiniment un gouvernement relativement respectueux des droits ? Notre définition de « ce qui marche » admet-elle la légitimité des moyens utilisés, les membres de la coalition décidant de plus en plus de mener les choses à leur manière, la probabilité que les chrétiens du Moyen-Orient ayant survécu seront encore plus diabolisés qu’avant leur alliance avec les occidentaux haïs ? Ou bien cette dernière préoccupation a-t-elle cédé comme retombée irrémédiable des décisions post -11 septembre ?

Qu’aurait fait Jésus ? Je ne suis pas sûre à quel point ce serait pertinent que cela signifie ce qu’il ferait vraiment ou ce sur quoi il fermerait les yeux. Au cours des siècles, même les saints ont différé énormément quant à la manière d’aborder les crises sociales et économiques de leur époque, en partie parce qu’il y a généralement plus d’une façon licite pour suivre la volonté de Dieu et poursuivre ses buts.

Certianes des options envisagées peuvent éventuellement conduire à ce que nous considérons comme un succès, et d’autres à ce que nous considérons comme un échec. Comment Dieu à l’intention d’utiliser quelque issue que ce soit, il nous est impossible de le savoir avec certitude, bien qu’il nous ait été dit que « toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu » (Rom.8:28). Quoi que cela puisse dire d’autre, cela signifie au moins que le seul critère de choix déterminant ne peut pas être ce qui semble un succès aux yeux du décideur (non plus que, pour les enthousiastes des causes désespérées, ce qui semble un échec).

Quant à ce que Jésus pourrait faire dans ce cas particulier, je conjecture que quoi qu’il fasse, cela le conduirait vite fait à une seconde crucifixion.

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Ellen Wilson Fielding est rédactrice en chef de Human Life Review. Elle vit dans le Maryland.

source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2014/isis-and-the-lessons-of-abortion-counseling.html