Il y a de l’impatience dans l’air à l’égard du pouvoir en France. Le démarrage trop lent de la vaccination contre le Covid y est pour beaucoup. Mais dans cette affaire, faut-il faire tomber la responsabilité sur l’État ou sur l’administration ? On dira que l’administration est sous la coupe de l’État, donc dans une stricte subordination. Mais il est vrai aussi qu’il y a de mauvaises habitudes qui se prennent, avec des forces d’inertie qui se mettent au travers de tout projet plus ou moins volontariste. Et puis, on peut aussi incriminer les décisions anciennes qui ont donné des orientations qui se révèlent aujourd’hui négatives. Je ne suis pas compétent pour en juger. Mais est-il vrai que la volonté de l’État, dans les dernières années, était d’obtenir une réduction continue des coûts des hôpitaux, avec notamment la diminution constante du nombre des lits ? Diminution qui n’aurait pas cessé malgré la crise actuelle et la forte demande d’hospitalisation. Singulièrement en réanimation.
Il est certain que seule l’impulsion de l’État peut renverser la tendance, et qu’elle s’impose d’autant plus qu’il s’agit d’une tendance lourde. Je sais bien qu’à ce propos, une querelle d’école oppose ceux qui incriminent une trop grande emprise de l’État et penchent vers plus de libéralisme, et ceux qui incriminent au contraire un relâchement de ce même État dans ses fonctions essentielles. Ce qui me paraît sûr, en tout cas c’est que ce même État est toujours en situation d’accusation. C’est lui qui, en toute hypothèse, doit choisir les grandes options et les mettre en œuvre.
Saint-Simon voulait substituer l’administration des choses au gouvernement des hommes, mais on a toujours affaire à des hommes et si la compétence technique s’impose, elle requiert forcément une volonté.