La France, disait le cardinal Baudrillart (1859-1942) lors de fameuses conférences à Notre-Dame de Paris, « a été dotée par Dieu d’un naturel ferment de vie ». Vitalité qui, « aux heures les plus désespérées, l’a toujours sauvée de la mort » : il suffit de regarder sainte Jeanne d’Arc, ou sainte Geneviève, dont le jeune âge n’a d’égal que le sens des réalités, et bien sûr la foi ! Au vu de la jeunesse des dernières manifestations pour la messe, et de celle, plus récente encore, en faveur du respect de la vie et de la famille (p. 8), il semble bien que cette leçon d’espérance et de confiance – le meilleur de la tradition française – ne soit pas tout à fait perdue… Mieux, elle étonne vu de l’étranger, et elle s’exporte ! Voyez la récente protestation de catholiques belges contre les restrictions en matière de culte, ou encore, dans ce même pays, en Italie et même en Afrique, comment les pèlerinages de pères de famille ont essaimé à l’extérieur de nos frontières. Le tout à partir d’un lieu relativement discret et caché : un petit village du sud de la France, Cotignac.
Esprit d’adoration et de fidélité
La présence sur le territoire français d’un sanctuaire visité par la Sainte Famille est en effet tout sauf anodine, en particulier en cette Année Saint-Joseph. C’est l’esprit de Nazareth qui continue et qui constitue, à travers son enracinement en Provence – lieu de la première évangélisation de notre pays –, l’antidote parfait à l’idéologie mondialiste, anti-familiale et anti-nataliste. Par l’esprit d’adoration et d’obéissance à la volonté de Dieu, contre l’esprit de révolte, ainsi que par la fidélité dans les épreuves.
Si celles-ci ne manquent pas dans l’actualité, c’est aussi que notre pays dans son histoire a été en première ligne – depuis la Révolution française – dans un combat où la dimension spirituelle, religieuse, catholique, n’a cessé d’être niée, étouffée, ou combattue ouvertement depuis 200 ans. Mais la foi nous assure en même temps que si Dieu permet le mal, c’est toujours en vue d’un plus grand bien, selon les décrets de sa mystérieuse Providence. Soyons donc sûrs que le mal n’a jamais le dernier mot, et qu’il favorise en réaction un principe de vie opposé… La Révolution et ses conséquences finiront par s’auto-détruire, affirme ainsi un observateur italien avisé. Et la famille pourrait être la pierre d’achoppement de ce processus.
Nul doute en tout cas que dans ce combat, les familles sont en première ligne, par la transmission de valeurs aux générations futures. À condition, évidemment, que cela ne consiste pas uniquement en une glorification de la famille naturelle, ce qui est déjà bien en soi. Mais que ces familles soient d’ores et déjà orientées vers un bien plus grand, surnaturel, qui les dépasse : la sanctification des âmes.
Et ensuite, que le combat politique pour la famille n’escamote pas non plus le Dieu Créateur. On cite souvent cette phrase de Jeanne d’Arc : « Les hommes batailleront, et Dieu donnera la victoire », pour signifier la part humaine de la lutte. Il serait à l’inverse contre-productif d’oublier la seconde partie, certainement la plus importante !