Les résultats du premier tour de l’élection présidentielle ne pouvaient nous surprendre. Ils sont à peu près conformes à ce que les sondages nous annonçaient. Nous voilà face à une phase finale que nous ne pouvons considérer qu’avec gravité. Car c’est notre avenir national qui se joue. Un avenir qui ne s’annonce pas sous les couleurs triomphantes qui étaient celles des Trente glorieuses, alors que notre pays était en plein essor économique. Nous ne sommes plus dans le climat des années 90 alors que la chute de l’empire soviétique laissait présager, sinon ce que certains appelaient la fin de l’histoire, du moins la perspective d’un monde apaisé et d’un nouveau cycle de rapports pour l’Europe de l’Atlantique jusqu’à l’Oural.
Celui ou celle qui présidera aux destinées de la France devra faire preuve d’une maîtrise supérieure de la situation en essayant par ailleurs d’assumer l’unité du pays. Unité problématique, on l’a vu durant cette première partie de la campagne électorale. J’espère pour ma part qu’il y aura un débat digne de ce nom qui permettra de bien distinguer les intérêts vitaux et les enjeux des années à venir. Emmanuel Macron dispose de l’avantage de la pratique du pouvoir, celle qui dans la période actuelle lui confère le redoutable privilège d’affronter la situation d’une Europe en feu. Son soutien à l’Ukraine agressée ne fait aucun doute. Mais la fenêtre ouverte qu’il a gardée avec Vladimir Poutine constitue un gage de possibilité de paix négociée.
Marine Le Pen, pour sa part, en dehors même de ses orientations idéologiques, se trouve soutenue par ce qu’on appelle la France périphérique. Celle qui échappe aux grands flux de l’économie mondialisée. Les sondages laissent présager que la France risque cette fois, plus que la précédente, de se retrouver divisée en deux. Ce qui nous promet bien des déchirements. Par ailleurs, nous ne sommes pas parvenus dans quinze jours au terme des échéances électorales. Il faudra encore élire un parlement et trouver une majorité de gouvernement qui n’est pas évidente. Reste que nous ne manquons pas de ressources dans ce que de Gaulle appelait notre vieux et cher pays et qu’il faudra bien nous en sortir à force d’esprit civique.