L'espoir démocratique pour les pays arabes ? - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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L’espoir démocratique pour les pays arabes ?

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Le président Moubarak chassé du pouvoir, la révolte populaire a donc abouti en quelques semaines à la conclusion la plus symbolique, et au demeurant la plus violemment exigée. Toute la contestation s’était en effet concentrée sur la personne du Rais représentant un système exécré. Le personnage abattu, le système n’est pas forcément emporté avec lui. Seul l’avenir dira si une évolution décisive, vers un autre type d’institutions pourra intervenir. Hosni Moubarak tenait son pouvoir de l’armée, et c’est l’armée qui reste aux commandes. L’espoir des manifestants c’est que l’on passe rapidement d’une phase intermédiaire, provisoire, à l’instauration d’un régime civil, issu d’élections enfin libres.

J’ai déjà expliqué ici qu’un régime représentatif sur le modèle occidental ne sortait pas spontanément d’une révolte populaire, parce qu’il fallait des conditions très précises pour qu’il puisse s’établir. Un certain état sociologique du pays avec une classe moyenne apte à prendre en main les différentes responsabilités à tous les niveaux. Il faut aussi une certaine culture politique qui passe par l’instruction, la tolérance, l’habitude de débattre ensemble et l’acceptation sincère de la règle majoritaire et du respect des minorités. Toutes ces conditions ne se créent pas miraculeusement. Ce n’est pas pour rien que l’ensemble du monde arabe vit sous des régimes autoritaires. On sait que l’Algérie a failli basculer dans un régime islamiste à la suite d’une consultation électorale régulière et que l’armée s’est opposée à cette solution, d’où d’ailleurs une terrible guerre civile.

En quelques années la situation a-t-elle changé au point que la menace islamique se serait éloignée? C’est ce que nous disent de bons observateurs spécialistes des pays arabes et de l’islam. Olivier Roy nous décrit la transformation du paysage religieux, avec le déclin de l’extrémisme et une sorte d’individualisation de la foi des fidèles. Le modèle turc est allégué avec la prise de pouvoir par une formation islamiste qui s’accommode d’une certaine séparation de l’islam et de l’État. Les mois et les années qui viennent nous montreront si cet optimisme est vérifié. On doit le souhaiter, car s’il n’y avait pas de véritables alternatives, ce serait encore le chaos et la dictature, le chaos déterminant toujours une solution de force !

Chronique lue le 14 février à Radio Notre-Dame