L’eschatologie selon l’islam et selon le christianisme - France Catholique
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Noël : Dieu fait homme
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L’eschatologie selon l’islam et selon le christianisme

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Compte tenu des conflits actuels au Moyen-Orient et de l’extrémisme islamiste, il nous faut clarifier de notre mieux les croyances des musulmans. S’il y a, bien sûr, des différences fondamentales entre l’islam et le christianisme, il existe, par contre, certaines ressemblances entre les eschatologies (l’étude des fins dernières de l’homme et du monde) islamique et chrétienne, mais il faut les analyser soigneusement parce que la fin des temps est un sujet du plus grand intérêt pour des groupes comme Daech.

L’eschatologie musulmane : L’auteur d’un livre récent, The Islamic Antichrist, l’a publié sous le pseudonyme de « Joel Richardson ». Il soutient avoir participé au fil des ans à des centaines de dialogues entre musulmans et chrétiens, y compris des dialogues sur l’eschatologie musulmane. Mais à cause de menaces de mort proférées contre lui et sa famille, il a adopté ce pseudonyme pour ce livre et d’autres sur l’islam et le judaïsme. Il évite soigneusement tout sensationnalisme et s’en tient aux doctrines eschatologiques traditionnelles exposées dans les « livres saints » de l’islam (le Coran, les hadiths – recueil des actes et paroles de Mohammed- et la Sira – ancienne biographie traditionnelle de Mohammed) complétées par les commentaires de chercheurs musulmans et des centaines de références en bas de page, afin de bien dégager les grands axes eschatologiques.

La ressemblance avec l’eschatologie chrétienne se situe au niveau de la description de « la fin des temps ». Le Christ et un antéchrist se manifestent pendant un combat final au cours duquel s’affrontent les forces de Dieu et les forces de Satan et qui débouche sur une victoire finale. Mais comme on pourrait s’y attendre, les scénarios diffèrent considérablement dans les détails.
Pendant les derniers jours, comme l’affirment les érudits musulmans, Jésus revient. Mais c’est la version musulmane de Jésus (Issa Al-Maseeh) ; il se trouve correspondre à la description du « faux prophète », celui qui dans l’Apocalypse effectue des prodiges et se fait adorer. Cet « Issa » musulman (à la différence des visions « déformées » (selon les musulmans) de Jésus dans le Nouveau Testament) est seulement l’un des derniers d’une série de prophètes qui témoignent tous de la prochaine venue de Mohammed et de la révélation finale de Dieu. Rempli finalement de zèle pour l’islam, Issa Al-Maseeh descendra sur terre et brisera toutes les croix, convertira les chrétiens en les faisant renoncer au plus abominable de tous les péchés contre Allah (Jésus se prétendant le fils de Dieu) et tuera les chrétiens et tous ceux qui refuseront de se convertir à l’islam.

Il y a aussi un antéchrist – Ad-Dajjal – dans la version musulmane. Il prétendra être le messie, mais c’est un menteur. Il deviendra le chef charismatique des juifs, suivi par les juifs et les femmes, mais sera finalement exécuté par le Jésus musulman.

Les dernières batailles apocalyptiques se dérouleront au nord d’Israël dans la terre de Magog (Apocalypse 20, 7) pendant le règne du dernier calife, le Mahdi (l’équivalent musulman en gros du pape) qui dominera toutes les terres d’islam. Le Madhi portera une couronne et chevauchera un coursier blanc, suivant la description dans l’Apocalypse (6,2). Et avec l’aide d’Issa Al-Maseeh (le Jésus musulman) il vaincra Dajjal (l’antéchrist musulman), ce qui donnera un monde où l’islam sera la seule religion et où toutes les autres religions auront été bannies de la surface de la terre.

La dernière apparition du Mahdi s’inscrit dans une très ancienne tradition acceptée tant par les sunnites que par les chiites, à commencer par Ibn Khaldūn, le célèbre historien musulman du XIVe siècle, auteur de la Muqaddima (Les Prolégomènes) qui écrit :

« Il a été (reconnu) par tous les musulmans à toutes les époques que, à la fin des temps, un homme de la famille (du prophète) ne manquera pas de se manifester. Il renforcera l’islam et fera triompher la justice. Les musulmans le suivront et il étendra sa domination sur le monde musulman. Il sera appelé le Mahdi. »

Plusieurs groupes djihadistes croient que le terrorisme qu’ils pratiquent hâtera la venue du Mahdi.

Eschatologie chrétienne : Bien que, dans le Nouveau Testament, les prophéties concernant les « derniers jours » et la Parousie soient enveloppées de mystère, la nature et les actes de « l’antéchrist » sont assez clairement décrits dans les épîtres de Saint Jean et dans l’Apocalypse :

1) L’antéchrist est un menteur qui nie toute relation entre le Père et le Fils en Dieu : « Qui est menteur, sinon celui qui nie que Jésus est le Christ ? Celui-là est l’antéchrist qui nie le Père et le Fils. Quiconque nie le Fils n’a pas non plus le Père ; quiconque confesse le Fils a aussi le Père ». (I Jean, 2, 22-23)

2) L’antéchrist refuse de reconnaître que le fils de Dieu est venu sur terre est s’est fait homme : « Tout esprit qui confesse Jésus-Christ venu dans la chair est de Dieu et tout esprit qui ne confesse pas Jésus n’est pas de dieu ; c’est là l’esprit de l’antéchrist. Vous avez entendu dire qu’il allait venir ; eh bien ! maintenant, il est déjà dans le monde ». (I Jean, 4, 1-3)

3) Le « séducteur », « l’antéchrist » est celui qui nie la vérité au sujet du Fils de Dieu. (II Jean, 1, 7) Par l’intermédiaire du « Dragon » et de la « Bête » (Ap 13, 4 sqq) qui propagent l’esprit de l’antéchrist, Satan recherchera la domination et l’adoration du monde entier. Et ceux qui refuseront d’adorer la Bête et son image subiront un type particulier d’exécution, ils seront décapités (Ap, 20,4)

En lisant ce passage prophétique, ceux d’entre nous qui sont au fait de l’émergence de Daech et du califat au Moyen-Orient, des innombrables décapitations, du massacre ou de l’exil forcé des chrétiens et de la destruction de masse des églises, auront tendance à considérer cet « antéchrist » comme quelque chose ou quelqu’un d’origine nettement islamique. Mais du point de vue des musulmans, l’antéchrist, Ad-Dajjal, est en réalité le Jésus chrétien décrit dans la Parousie, le retour glorieux du Seigneur à la fin des temps.

Ce serait donc une erreur sémantique pour un chrétien de traiter l’islam ou un musulman d’« antéchrist » puisque l’avatar le plus proche de l’antéchrist musulman est le Christ lui-même ! L’eschatologie musulmane semble s’inspirer, pour ainsi dire, de l’eschatologie chrétienne, en y incluant un grand nombre des mêmes personnages, mais en inversant leurs qualités, le « bon » chrétien devenant mauvais et le « mauvais » chrétien devenant bon.

Tout ceci met en évidence la difficulté, voire l’inutilité de tout « dialogue » avec les musulmans, surtout sur ces doctrines. Et la nécessité de savoir à l’avance de quoi nous parlons (et ils parlent) de peur que des interprétations différentes de concepts essentiels nous amènent à penser que nous sommes d’accord, alors que nos croyances sont en fait diamétralement opposées.

Samedi 11 juin 2016

Source : https://www.thecatholicthing.org/2016/06/11/how-it-all-ends-muslim-and-christian-versions/

Photographie Le grand Dragon rouge et la femme enveloppée du soleil par William Blake, vers 1810 [National Gallery of Art, Washington, D.C.]

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Howard Kainz est professeur émérite de philosophie à Marquette University (Michigan). Ses dernières publications sont Natural Law : an Introduction and Reexamination (2004), Five metaphysical paradoxes (The 2006 Marquette Aquinas Lecture), The Philosophy of Human Nature (2008) et The Existence of God and the Faith-Instinct (2010).