L'équation d'Emmanuel Macron - France Catholique
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L’équation d’Emmanuel Macron

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Que l’on me permette d’abord une précision à cause de ma chronique d’hier. Certains auditeurs les plus attentifs ont cru comprendre que mon analyse de certaines formules d’Emmanuel Macron avaient valeur d’acquiescement à sa personne et surtout à ce qu’on pourrait appeler son mythe. Qu’il n’y ait là-dessus aucune équivoque. Je ne pense pas que notre président, en dépit de son aura actuelle, soit le messie. Même si sa rhétorique prend des accents mystiques et s’il y a une sorte de grâce d’état dans le sacre du suffrage universel, je ne suis nullement disposé à me laisser subjuguer. D’abord, malheureusement pour notre président, les décisions qu’il aura à prendre très vite vont nous ramener sur le sol des réalités les plus prosaïques. Si la dynamique actuelle, relancée par la composition du premier gouvernement, l’assure d’une majorité parlementaire, un premier bras de fer s’annonce avec les ordonnances sur le droit du travail. L’explication promet d’être sévère avec des syndicats sur le pied de guerre.

Ma brève réflexion d’hier se situait sur le terrain de la pensée politique en prenant pour référence première Charles Péguy. Péguy qui a fait rentrer la mystique en politique de son point de vue de militant complètement donné à une cause. Je ne sais pas du tout si Macron est péguyste. Le serait-il sincèrement qu’il éprouvera la difficulté pour un homme de pouvoir de ne pas transiger sur ses convictions. Il y a l’élan de la campagne, avec l’enthousiasme qui l’a accompagné du côté d’un public séduit par l’alternative qu’il incarne. Cet enthousiasme demeure d’ailleurs, à observer le public que le jeune président a conquis.

Mais il s’agit de donner maintenant une traduction politique à l’espoir suscité, et cette traduction passe par une équation apte à s’inscrire dans la réalité. Cette équation se tient rationnellement, car depuis des années se dessine une sorte de bloc central qui va d’Alain Juppé à Manuel Valls et qui se distingue des deux ailes de gauche et de droite dont les leaders sont Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. Il fallait Emmanuel Macron pour imposer cette équation à l’encontre du clivage droite-gauche. La constitution de ce bloc central est entrée dans une phase décisive. Dès lors qu’elle est apte à gouverner, il faudra résoudre la question épineuse de son opposition. Celle de la France périphérique. Richard Ferrand1, ministre de la Cohésion des territoires, se voit investi de cette tâche. Elle pourrait s’avérer capitale pour l’avenir, car rien ne serait pire qu’un pays durablement cassé en deux.

Chronique diffusée sur radio Notre-Dame le 18 mai 2017.

  1. dont le portrait orne cette chronique