Beaucoup en rêvaient, Jean-Philippe Fabre l’a fait. Inventer le récit de la première communauté chrétienne, raconter l’éclosion de l’Église, l’embrasement du monde à la Parole de Jésus, l’audace des apôtres et des premiers disciples, les péripéties, les difficultés innombrables, les conflits internes, les débats d’une théologie balbutiante… Nous avons enfin un livre accessible à tous, un roman, une plongée dans le plus grand mystère du monde : comment une poignée de pêcheurs, d’agriculteurs et d’artisans, dénués de pouvoir, isolés dans un recoin de l’Empire romain, ont pu mettre le feu au monde. On est saisi dès les premières pages : le récit est plein de rebondissements, d’histoires d’amour, de trahisons, de rencontres improbables, de tempêtes, de poursuites, de traquenards dans les immenses cités prospères et de caches dans les déserts. On comprend enfin les pérégrinations de Paul autour du bassin méditerranéen jusqu’en Espagne. On découvre les intuitions de saint Marc traduites dans son évangile.
Le regard du Christ
À Jérusalem, un fougueux adolescent croise un soir le regard d’un rabbi dans une plantation d’oliviers. Il s’enfuit à l’arrivée des gardes. Mais ce regard a changé sa vie. Marc va dorénavant essayer de cicatriser la blessure d’amour infectée par la trahison. Il rallie la première communauté. Il s’installe à Capharnaüm, il épouse Taliah, la fille de Jaïre que Jésus avait relevée d’entre les morts. Il rencontre Paul à Césarée, s’engage dans les combats pour faire admettre les incirconcis dans la communauté, s’embarque pour Chypre, se fâche avec Paul, gagne Alexandrie, annonce l’Évangile au petit peuple qui grouille autour du port, est rattrapé par un scandale, s’exile à Éphèse, retrouve Paul, part à Rome pour seconder saint Pierre… « La communauté a besoin qu’on recueille tes souvenirs, Pierre. Tu vois bien qu’il faut éviter l’éclatement des théories, la dispersion des traces… Nous avons besoin d’un récit fondateur des gestes et des paroles de Jésus. Luc et Paul m’ont convaincu que je pourrais rédiger cette histoire. Un récit qui assurerait la transmission du témoignage aux générations à venir, pour qu’elles puissent connaître, croire et suivre le Maître. Tu me confieras tes souvenirs. » Marc persuade l’humble saint Pierre.
L’Évangile soulignera la faiblesse des compagnons de Jésus pour que chaque lecteur se sente capable de suivre leur chemin, de se laisser relever et choisir par Dieu.
À peine Marc a-t-il achevé sa rédaction que Rome s’embrase dans un immense incendie et que la persécution des chrétiens commence. Marc confie une copie à Clément, le futur pape puis rallie sa chère ville d’Alexandrie avec dans son sac le trésor le plus précieux : le papyrus de sa bonne nouvelle pour les païens.
Véritable roman d’aventures
L’érudition du Père Fabre garantit le sérieux des informations. Il enseigne l’exégèse du Nouveau Testament depuis quinze ans à Paris et a produit récemment un Mooc – une formation en ligne –, « Voyage biblique en Terre sainte » qui rencontre un incroyable succès : 20 000 inscrits ! Pour qu’un roman soit réussi, il faut un talent de conteur, un protagoniste attachant et une intrigue haletante. Tous les ingrédients étaient réunis pour réussir cette autobiographie de l’évangéliste Marc. Le Lion d’Alexandrie est un roman d’aventures exotique et un magnifique récit sur le mystère de la foi. Gageons qu’on n’entendra plus jamais l’évangile de saint Marc de la même façon…
— Le Lion d’Alexandrie, Jean-Philippe Fabre, Éditions du Cerf, 2022, 400 pages, 22 €.
— Le Lion d’Alexandrie, Jean-Philippe Fabre, Éditions du Cerf, 2022, 400 pages, 22 €.
Pour aller plus loin :
- LA BIOLOGIE DE L’ESPRIT
- Conclusions provisoires du Synode sur la Parole de Dieu
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- Dénoncer les abus sectaires dans la vie consacrée et passer l’épreuve en union au Christ Epoux
- L'Église est apostolique et romaine