L’enseignement du moment du Pape François - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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L’enseignement du moment du Pape François

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Alors que l’Italie se rapproche de la légalisation des unions civiles, en dépit de l’opposition des catholiques et, de façon surprenante, de certains groupes non-religieux, le pape François fait face au test difficile de son rôle d’évêque de Rome et de Primat d’Italie. Parlera-t-il avec audace en défenseur du mariage traditionnel, comme il l’a fait dans son Argentine natale en 2010, ou va-t-il semer plus de confusion, comme à la suite du conclave en 2013 ?

En plus de diriger l’Eglise universelle, le Pape est aussi évêque de Rome et Primat d’Italie. Bien que les trois derniers papes n’aient pas été italiens, ils ont tous pris ses fonctions. St Jean-Paul II, Benoît XVI et François ont beaucoup voyagé à travers l’Italie et ont été des pasteurs dynamiques de l’Archidiocèse de Rome.

François est sûrement le plus Italien des trois. Bien qu’il soit argentin, il est aussi fils d’un immigré de la région italienne du Piémont. En Argentine, 40% de la population revendique avoir des ancêtres italiens. L’Argentine est culturellement à l’Italie, ce que Boston est à l’Irlande.

François a fait beaucoup de pèlerinages à travers l’Italie, de Lampedusa dans le sud jusqu’à Turin au nord, attirant de larges foules. Jean-Paul et Benoit parlaient plusieurs langues lors des audiences du mercredi : François s’en est souvent tenu à l’italien. Même si François a permis à plusieurs évêques des « périphéries » d’aller au Collège des Cardinaux, presqu’un cinquième d’eux étaient italiens, plus que toute autre nationalité et une plus grande proportion que ceux choisis par Jean-Paul II.

L’Italie l’adore. François est le nom le plus populaire donnés aux bébés italiens, alors que selon Pew, 91% des italiens apprécient le pontife, tout autant que les argentins. Il n’y a qu’en Pologne qu’il est plus populaire. Les italiens voient François, fan de pâtes et de Fellini, comme l’un des leurs. Les sociologues notent que la popularité de François a permis une augmentation flèche des fidèles à la messe.

Matteo Renzi, le premier ministre italien, est un des admirateurs du pape. Renzi va souvent à la messe et a fait partie du mouvement scout pendant des années. Son beau-frère est prêtre ; sa femme était catéchiste. Vous pouvez attendre de Renzi qu’il promeuve la morale traditionnelle sur les places publiques Italiennes, des décennies après que les italiens aient légalisés l’adoption, sur demande d’un référendum.

Faux. Comme Nancy Pelosi ou John Kerry aux Etats-Unis, ou les Aquinos aux Philippines, Renzi n’a aucun problème quant à parler en public de sa foi, mais elle n’affecte pas sa politique. Renzi a récemment présenté la législation sur les unions civiles homosexuelles. La provision de loi qui permet aux homosexuels d’adopter un enfant si un des partenaires est un parent biologique de l’enfant est encore plus troublante, ce que beaucoup trop d’Italiens sont prêts à tolérer pour de telles unions.

L’Italie est un des rares des pays d’Europe de l’Ouest où les unions civiles ou les mariages de personnes de même sexe ne sont pas encore possibles (la situation est très différente dans les pays de l’ancien bloc communiste, où l’attitude envers l’homosexualité est toujours très conservatrice ; en décembre, par exemple, la Slovénie a majoritairement rejeté le mariage homosexuel par référendum).

Cela est en partie dû à l’influence catholique. En 2007, le prédécesseur de Renzi, Romano Prodi (comme Renzi, un fidèle qui a laissé la conscience catholique aux portes du ministère) a essayé de légaliser les unions civiles. La conférence des évêques d’Italie avait organisé une messe pour protester à Rome avec un million de fidèles, et Prodi céda.

Ces dernières semaines, des centaines de milliers d’Italiens sont descendus dans la rue dans dix-huit villes pour protester contre les changements. Ils ont le soutien du grand cardinal Angelo Bagnasco, archevêque de Gênes et à la tête de la conférence des évêques d’Italie. Cependant, cette fois, la situation est plus compliquée.

Tout d’abord, le soutien des Italiens pour les unions civiles est plus important (bien que, de manière encourageante, il a baissé l’année passée et peu d’Italiens soutiennent l’adoption par les personnes homosexuelles). Plus inquiétant, les défenseurs italiens du mariage n’ont pas eu le soutien de vive voix du Vatican qu’ils avaient sous le pontificat de Benoit XVI.

En fait, c’est presque le contraire. Bien que le Pape parle souvent des questions des réfugiés, du trafic d’organes et de l’environnement, François a été silencieux sur ce problème, une position étrange pour l’évêque de Rome et le Primat d’Italie. Au contraire, étant donné sa popularité avec les Italiens et Renzi lui-même, ce pourrait être l’opportunité parfaite d’un enseignement pour réaffirmer le mariage traditionnel.

En 2013, quand François a prononcé son fameux « Qui suis-je pour juger ? » qui a enflammé les médias, les experts catholiques ont fait couler des mers d’encre expliquant que les dires du pape ne contredisaient pas le catéchisme et les enseignements des papes précédents. Le Vatican a en effet publié de nombreuses clarifications, qui n’ont eu aucun effet.

L’Eglise reconnaît que les personnes de même sexe attirées l’une à l’autre sont dans une situation délicate et devraient être traitées avec respect et avec amour chrétien. Cependant, dans le même temps, le catholicisme nous enseigne que de telles personnes doivent vivre chastement, comme le réalisateur italien Franco Zeffirelli, un homosexuel catholique dévoué qui pratique l’abstinence. Difficile ? Certainement, mais la chrétienté signifie qu’on avance vers la Croix, pas qu’on s’éloigne de la vie.

Le pape François a créé beaucoup de confusion, qui a toujours besoin d’être clarifié. Dans l’Illinois, par exemple, peu après ces propos, les législateurs catholiques citaient « Qui suis-je pour juger ? » comme une excuse pour soutenir le mariage gay. Le problème persiste, en partie parce que François lui-même n’a dit que très peu de choses à propos du mariage traditionnel. Quand il l’a fait, il a souvent utilisé un langage caché, comme lorsqu’il a condamné la « colonisation idéologique de la famille » lors de son pèlerinage en Asie l’an dernier. Quand François a parlé plus en détail en faveur du mariage, comme dans son discours au tribunal de la Rote romaine il y a quelques semaines, il a créé le buzz, bien que ça aurait pu faire plus d’histoires lors de ses remarques directement dans son débat italien.

Comme l’Italie suit le même chemin de l’anti-mariage que de nombreux pays de l’Ouest, François a besoin d’agir en tant qu’Evêque de Rome et Primat d’Italie. Il a une opportunité parfaite de clarifier ce qu’est ou n’est pas le mariage. Prions pour le Saint Père pourra parler de façon claire avant qu’il soit trop tard.

Mercredi 10 février 2016

Photo : Matteo Renzi recevant la célèbre animatrice de télévision américaine Oprah Winfrey.

Source : https://www.thecatholicthing.org/2016/02/10/pope-francis-moment-to-teach/

Filip Mazurczak est un correspondant du Registre National Catholique et l’assistant éditeur du journal, le « European Conservative » (le Conversateur Européen), basé à Vienne, en Autriche.