L’écologie est un sujet de discussion, de désaccords violents et même de ruptures. On s’en aperçoit en ce moment aux relations difficiles d’Eva Joly avec François Hollande et le parti socialiste, également avec les divisions qui apparaissent dans la formation écologiste où les plus radicaux sont en délicatesse avec « les politiques ». J’entends par là ceux qui privilégient la stratégie d’union de la gauche et les alliances de second tour par rapport aux positions de fond. Celles, qu’Eva Joly en tout cas, considère comme non négociables. La question va donc bien au-delà de l’affrontement des caractères et des ambitions. Elle concerne un modèle global alternatif qui devrait s’imposer à l’encontre du système actuel, fondé sur une certaine rationalité économique, productiviste et peu soucieuse d’un changement drastique. Celui qui devrait s’imposer, si l’on veut sauver la planète de la catastrophe climatique. Une catastrophe que l’on pressent inéluctable.
La radicalité de l’engagement apparaît aussi avec le blocage d’un convoi de déchets nucléaires, qui provoque de violents affrontements. Cocktails Molotov contre gaz lacrymogènes, quatre cents manifestants mobilisés pour stopper le train, un fourgon de CRS brûlé… On dispute de la férocité des uns et des autres. Espérons qu’il n’y aura pas trop de blessés ! Le message des manifestants est sans équivoque : « Au delà des dangers que représentent les déchets, nous manifestons notre opposition radicale à un mode de production qui fait qu’on a toujours plus besoin d’électricité. Nous luttons contre l’idée d’une croissance infinie. »
Cela rejoint le débat très dur qui oppose le gouvernement et l’opposition socialiste, pourtant en retrait par rapport à Eva Joly, sur l’arrêt partiel du nucléaire. Les projets s’opposent frontalement et l’on perçoit la difficulté extrême pour le modèle industriel de se priver de l’énergie nucléaire. Le maire de Lyon, Gérard Collomb, traite ses partenaires écologistes de « Khmers verts ». Comment sortir par le haut d’une opposition dont les enjeux sont vitaux ? C’est à une réflexion commune extrêmement exigeante que nous sommes appelés ; car, inéluctablement il faudra prendre des décisions. Il n’est pas exagéré d’affirmer que c’est notre sort commun qui se trouve engagé.
Chronique lue sur Radio Notre Dame le 24 novembre 2011