L'enjeu de la mémoire - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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L’enjeu de la mémoire

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Dans cette campagne électorale, la mémoire aura joué un rôle extrêmement important, notamment ces derniers jours. Ce n’est pas pour rien qu’Emmanuel Macron s’est successivement rendu dans le village martyr d’Oradour-sur-Glane, au mémorial de la Shoah à Paris, enfin sur les bords de la Seine pour fleurir la plaque rappelant le souvenir de ce jeune Marocain noyé à la suite d’un acte criminel épouvantable. D’évidence, ces trois initiatives correspondent à une intention politique déterminée, qui n’est pas sans poser de sérieux problèmes moraux. Par exemple, Alain Finkielkraut, qui va pourtant voter Macron, a très mal vécu la venue au mémorial de la Shoah, en tant que fils de déportés. « Ces morts, a-t-il dit, ne sont pas à disposition. Le devoir de mémoire consiste à veiller sur l’indisponibilité des morts. »

Je ne sais pas si Emmanuel Macron a réagi aux propos d’Alain Finkielkraut. Peut-être pourrait-il alléguer la sobriété de ses déclarations lors de ces trois rendez-vous aux lieux de mémoire, où il s’est gardé de mettre en cause directement son adversaire, Marine Le Pen. C’est vrai, mais il y a bel et bien un problème, et j’ajouterai que le candidat d’En marche ! est particulièrement disposé à réfléchir là-dessus. Il a, en effet, été l’assistant du philosophe Paul Ricœur, lorsque celui-ci préparait son grand ouvrage intitulé La mémoire, l’histoire, l’oubli. Ouvrage qui nous met directement au cœur de notre sujet. Son intention explicite était d’expliquer « la voie d’une mémoire apaisée, réconciliée et la voie du pardon ».

Le climat d’un second tour de présidentielle n’est sûrement pas propice à l’apaisement, à la réconciliation et au pardon. D’où l’ambiguïté de gestes, qui, en soi, ne devraient être que de piété. Ils ne peuvent échapper au soupçon qu’ils sont offensifs et cherchent à faire peser sur l’adversaire la réprobation et parfois la honte. C’est le risque de l’usage des jeux de mémoire. Et dans le cas, ce n’est pas le vœu de Paul Ricœur qui se trouve exaucé. Il reste à espérer qu’au-delà des confrontations inévitables, ce que le philosophe appelait « l’idée d’une politique de la juste mémoire » recouvre tous ses droits.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 2 mai 2017.