L'énigme homme/femme - France Catholique
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100 ans. Donner des racines au futur
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L’énigme homme/femme

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Haro sur le Pape ! François a osé, dans l’avion qui le ramenait dimanche du Caucase à Rome, signaler les ravages de la théorie du genre. Mal lui en a pris. C’est à qui revendique l’honneur de remettre le Pape à sa place pour une déclaration qui, nous dit Libération, fait vraiment « mauvais genre ». Délicieuse ironie qui n’empêche pas la rude mise au point de la coalition innombrable de tous ceux qui vous assurent que la théorie du genre, ça n’existe pas ! C’est un pur fantasme, fabriqué par la fachosphère ou par « l’Église qui en a fait son cauchemar ». Pardonnez-moi, mais tous ces gens sont sacrément gonflés. Ce sont les mêmes qui, depuis les premières années du siècle, nous imposent l’œuvre de madame Judith Butler comme celle d’un pur génie, qui ont le front de nous dire que non, il n’y a rien à voir, rien de nouveau, ou rien que des banalités. Alors, il ne fallait pas faire autant d’histoires, parler par exemple comme Christiane Taubira de « réforme de civilisation ».

La vérité qu’il s’agit aujourd’hui de cacher, alors qu’on l’a brandie comme un titre de gloire, c’est qu’on a voulu, intellectuellement, socialement, législativement, nous faire accomplir une mutation anthropologique. La tactique actuelle consiste à dissimuler cette mutation sous le mode d’une discipline universitaire, les études de genre, qui ne serait fondée que sur des méthodes d’observation et nullement sur une philosophie ou sur une théorie. C’est un mensonge pur et simple. Dès qu’on touche aux sciences humaines, les questions philosophiques sont en cause. Elles s’imposent parce que l’anthropologie, à chaque tournant, à chaque étape, expose l’homme comme énigme ou comme mystère. Et notamment comme énigme d’un être homme/femme.

Si on décide la fin de cette énigme, on porte à l’humanité un coup fatal. Il y aurait une immense étude à faire à partir de là. Elle existe d’ailleurs à l’état virtuel dans notre culture, en philosophie, en littérature, en théologie. Je recommanderais l’essai de Bérénice Levet à ce propos (La théorie du genre ou le monde rêvé des anges, Biblio essai, Le Livre de Poche) : « Je défends, écrit-elle, la différence des sexes, l’altérité comme fondement de nos sociétés moins parce qu’elle est naturelle qu’en raison de la culture qu’elle porte. » Notre civilisation ne s’est développée qu’à exalter cette énigme de la première différence qui est au principe de l’amour et de la vie.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 4 octobre 2016.