L'Église persécutée en 2012 - France Catholique
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L’Église persécutée en 2012

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J’ai l’honneur depuis quelques années de présider la branche aux États-Unis de l’Aide à l’Église en Détresse, organisme charitable au secours des chrétiens persécutés et dans la détresse. À ce poste je vois passer nombre d’informations relatant des actes anti-chrétiens. Voici quelques incidents survenus en 2012 en pays musulmans, insuffisamment publiés par les médias.

Égypte : Pour les treize millions de Chrétiens en Égypte le « Printemps Arabe » a tourné à « l’Hiver Arabe ». Depuis l’émergence victorieuse des « Frères musulmans » lors des élections présidentielles ils sont sous la constante menace de violences physiques et d’agressions économiques.

En Août 2012, 120 familles coptes ont fui le village de Danshur, au Sud du Caire, à la suite d’une dispute entre un tailleur Copte et un client musulman. La maison du tailleur fut réduite en cendres, et le client grièvement blessé. Pour le venger, les Musulmans ont brûlé une église et chassé les chrétiens de leurs maisons.

Mgr Kyrillos, Évêque copte catholique d’Assiout a averti le nouveau gouvernement : « La nouvelle constitution doit être appliquée pour tous les Égyptiens, et non pour une partie de la population. » Il a insisté sur le droit des chrétiens à participer à la construction d’une nouvelle Égypte.

En réaction aux menaces des milices des Frères musulmans contre les chrétiens manifestant contre le projet de Constitution du président Morsi, le Père Refik Greiche, porte-parole de l’Épiscopat catholique égyptien n’a pas mâché ses mots :

« Chaque fois que l’islam se politise, il tourne automatiquement à la dictature fasciste. Alors se profile la menace latente de l’introduction de la « charia » dans sa forme la plus intégriste. »

Les représentants de l’Église craignent un exil massif des chrétiens d’Égypte à cause des termes de certains articles de la Constitution permettant une interprétation fondamentaliste qui dénierait la liberté de culte.

Bosnie-Herzégovine : dix-huit ans après la fin de la guerre dans les Balkans la discrimination envers les Catholiques est toujours sous-jacente. Les biens confisqués n’ont pas encore été restitués à l’Église, paroisses et habitations catholiques sont privées d’électricité. Le clergé se fait refuser les soins médicaux en dépit d’un accord passé entre le Vatican et la Bosnie.

En raison d’une immigration croissante d’extrémistes venant d’Arabie saoudite et ouvrant des commerces en Bosnie, les brutalités se multiplient envers les catholiques, spécialement les religieuses en habit. Sœur Ivanka, Supérieure Provinciale Bosniaque des Sœurs Franciscaines du Christ Roi remarque : « la vie quotidienne est de plus en plus difficile. » Les sœurs se déplacent par deux par crainte d’agressions, elles se font chasser ou bousculer dans les boutiques. Un cas relaté par Sœur Ivanka : « plusieurs sœurs se sont vu refuser du pain dans une boulangerie ; les rayons étant garnis de pains, le boulanger déclarait qu’il n’en avait plus …. il ne voulait pas vendre de pain à une religieuse catholique. »

S.E. Le Cardinal Vinko Pulic, archevêque de Sarajevo déclarait l’an dernier à l’A.E.D. que le processus d’islamisation croissante en Bosnie-Herzégovine est financé par les islamistes radicaux du Moyen-Orient. Ces dernières années, plus de soixante-dix nouvelles mosquées ont été érigées à Sarajevo avec des pétro-dollars saoudiens.

Des dizaines de milliers de catholiques furent tués au cours de la guerre de 1992-1995 en Bosnie-Herzégovine, et depuis un grand nombre a fui. De 835.000 il n’en reste actuellement qu’environ 450.000.

Albanie : la population compte 20% de chrétiens orthodoxes et 10% de catholiques. Des jeunes imams formés en Turquie et en Arabie Saoudite multiplient les menaces contre ces deux communautés. Ces imams prêchent « un Islam pur et dur » et demandent que les constructions de nouvelles écoles soient réservées à des écoles islamiques. Cette revendication, ajoutée à une corruption généralisée et à un droit foncier particulièrement flou, a bloqué toutes les constructions de chapelles, églises, presbytères et écoles paroissiales.

Syrie : partout dans ce pays bouleversé par la guerre les Chrétiens sont visés, chassés de chez eux. Mge Antoine Audo, S.J., Évêque d’Alep rapporte qu’après les violences à caractère religieux dans le quartier Chrétien de la ville de Homs — qui fut un des plus grands centres chrétiens de Syrie — on assista à l’exode de la quasi-totalité des fidèles, plus de 120.000. Il prédit que les chrétiens seront de même visés et chassés à Damas et Alep : « La peur des chrétiens est particulièrement intense. Nous sommes une minorité, perpétuellement menacée. »

Pakistan : en janvier 2012, sans préavis, le gouvernement du Punjab envoya les bulldozers sur une propriété détenue depuis 1887 par le diocèse catholique et rasa une église, une école de filles et un asile pour vieillards et sans-abri. L’évêque ordinaire de Lahore Sebastian Shaw accusa le gouvernement d’acte particulièrement brutal et injuste et de viol de propriété foncière.

Le Dr. Paul Bhatti, frère du ministre des Affaires des minorités du Pakistan — assassiné — Shahbaz Bhatti, a lancé à la communauté internationale un appel à l’aide pour les chrétiens. Le Dr. Bhatti, catholique comme son frère martyr, précise que les nouvelles lois relatives au blasphème ainsi que l’intolérance et le fanatisme croissants entraînent des actes violents contre nombre de catholiques, qui sont au nombre d’environ 1.200.000 dans le pays.

Le silence international quasi-total sur la situation au Moyen-Orient est très troublant, laissant présager un sombre avenir. Le patriarche de l’Église catholique syrienne à Beyrouth, Ignatius Ephrem Joseph III, déclarait récemment à l’A.E.D. :

« Permettez que je parle franchement. Tout ceci n’est qu’hypocrisie. Pour de nombreux pays [de l’Union Européenne] il est davantage question d’intérêts économiques. Nul ne se soucie vraiment du sort des Chrétiens au Moyen-Orient. Sinon, ils en appelleraient à l’égalité devant la loi et au respect des droits de l’homme pour tous, y-compris dans ces pays où le prétendu « Printemps arabe » ne s’est pas épanoui… Il n’est pas question de prendre parti pour ou contre Assad ou quelque autre potentat de la région. C’est une question d’égalité de droits pour tous. C’est une question de primauté des droits de l’homme et non de primauté d’une religion… Je l’ai dit au gouvernement français, et je vous le dirai à tous : l’Islam fondamentaliste ne cherche pas le dialogue d’égal à égal à long terme. Si l’Union Européenne prenait au sérieux ses propres principes de droits de l’homme elle prendrait ouvertement parti pour les jeunes générations de la région. »

Photo : Des Chrétiens Coptes Égyptiens manifestent contre la violence.

Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/the-persecuted-church-2012.html

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