L’art chrétien, en Occident, est un art en mouvement. C’est même son charisme – à la différence de l’Orient, presque immuable dans le domaine des arts comme dans celui de la liturgie. La source est pourtant commune : l’art chrétien naît au IIe siècle, simultanément en Égypte et sur les murs des catacombes de Rome. Mais à partir du Ve siècle, les communautés du Proche-Orient les plus fécondes en production artistique – coptes, syriaques et arméniennes – se trouvent séparées de Rome et de Byzance, après le concile de Chalcédoine. L’Occident poursuit son chemin et se transforme sans cesse, alors que l’Orient n’évolue que très peu et très lentement. La légitimité de l’art figuratif chrétien, oriental ou occidental, contrairement aux musulmans et aux calvinistes qui refusent la figuration humaine, a été reconnue par le concile de Nicée II en 787, du fait même que le Christ s’est incarné. Par ailleurs, l’art sacré est liturgique par nature, et constitue une ouverture vers le Ciel.
Répondre aux fidèles
Parce qu’il est mobile, l’art catholique ne peut être réduit à un seul style. S’il est en mouvement, c’est que l’Église prend soin d’apporter aux fidèles les réponses qu’ils attendent ; c’est aussi qu’elle réagit aux controverses théologiques qui traversent son histoire, aux hérésies qui la bousculent : l’art reflète la spiritualité du temps ; il la nourrit aussi en retour, en un double mouvement toujours fécond. L’art carolingien, pré-roman et roman, met l’accent sur la divinité du Christ, sur sa majesté. À partir du XIIIe siècle, sous l’influence entre autres de saint François, on représente pour la première fois les souffrances du Christ et sa Passion, non par dolorisme mais pour répondre aux Cathares et à l’islam, qui nient que Jésus est mort sur la croix.
Le blanc manteau d’églises
L’architecture religieuse se déploie magnifiquement au Moyen Âge, du « blanc manteau d’églises » romanes à l’Europe des cathédrales gothiques au temps de Saint Louis. À l’aube de la Renaissance, d’immenses artistes comme Van Eyck ou le bienheureux Fra Angelico nous donnent des chefs-d’œuvre, parmi les plus purs de la création artistique.
Apogée musical
Au XVIIe siècle, l’Église catholique est l’inspiratrice de la civilisation européenne. La réaction à la réforme protestante enfante l’art baroque, le plus beau fruit du concile de Trente. Il se déploie de Rome jusqu’à l’Europe centrale. Ce nouvel élan coïncide avec un apogée musical. Le Messie de Haendel, les Leçons de Ténèbres de Couperin sont des sommets. En France et en Italie, la peinture du XVIIe siècle atteint des profondeurs d’intériorité. Les tableaux de Georges de La Tour sont comme des icônes de l’Occident.
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