L’Evangéliste Franklin Graham, fils du légendaire Billy Graham, a qualifié l’islam comme étant « une religion très mauvaise et atroce… une religion de haine, une religion de guerre. » Au cours des années récentes, plusieurs protestant Evangélistes éminents ont fait des déclarations similaires. Il se trouve qu’un certain nombre de Papes ont fait de même.
Au 14ème siècle, Clément V se lamentait que dans les territoires chrétiens on entendait « l’invocation publique du nom sacrilège de Mahomet »; au 15ème siècle, Calixte III dénonçait l’islam comme étant une « secte diabolique ». Pie II mis en garde contre Mahomet comme étant un « faux prophète », et le pape Eugène condamnait « l’abominable secte de Mahomet »; au 16ème siècle le pape Léon X décrivait les Musulmans comme remplaçant la lumière du salut par « un aveuglement totalement inébranlable »; et au 18ème siècle, le pape Benoît XIV fustigeait les chrétiens qui promouvaient « les erreurs de Mahomet » lorsqu’ils prenaient des noms musulmans pour éviter les taxes et les autres pénalités infligées par les autorités musulmanes.
Et il a eu de sévères critiques de l’islam au cours des siècles passés émises par des saints tels que Thomas d’Aquin, ou Jean de Damas, qui appelaient l’Islam « diabolique ».
« Mauvais » ? « Diabolique » ? Allégations trop dures ? Beaucoup d’entre nous connaissons des musulmans qui sont bons. Mais la religion qu’ils pratiquent peut-elle être mauvaise? Pouvons nous faire une distinction équitable entre la bonté des individus et leur religion?
Le pape Benoit XVI a abordé à la légère le « mal » attribué à l’islam dans sa fameuse conférence de 2006 à Regensburg sur la nécessité d’unir la raison et la religion. Il cita l’exemple du jugement porté sur l’islam par un empereur du 14ème siècle comme étant d’une violence irrationnelle, et donc mauvais. Ceci déminait le tapage et la confusion mondiale provenant du commentaire du cardinal Jorge Mario Bergoglio, le futur pape François : « ces affirmations ne serviront qu’à détruire en 20 secondes la construction prudente de la relation avec l’islam que le Pape Jean Paul II a établi durant les dernières vingt années. »
Il ajouta que de telles déclarations « ne reflètent pas mes propres opinions ».
Mais que fait-il des rapports passés et présents sur les atrocités de l’islam? La « 2015 World Watch List » a trouvé 4.344 Chrétiens tués en raison de leur foi et 1.062 églises attaquées. La Watch List pour 2016 répertorie 7.106 tués et 2.425 églises attaquées. Il y a littéralement des milliers de cas de violence contre les Chrétiens et de destruction d ‘églises en Egypte, Pakistan, Syrie, Irak, Iran, Indonésie, Afrique et ailleurs dans le monde musulman.
Le pape François est vraisemblablement informé de tels événements, mais il commente dans son message apostolique Evangelii Gaudium : « confrontés à des épisode déconcertantes de fondamentalisme violent, notre respect pour les véritables disciples de l’Islam devrait nous amener à éviter toute généralisation odieuse, car l’Islam authentique et la bonne lecture du Coran sont opposés à toute forme de violence ».
En prenant cette position, le pape François, fidèle « fils de l’Eglise », fait écho à Vatican II. Au Concile, le pape Jean XXIII, comme faisant partie de son objectif « d’ouvrir les fenêtres de l’Eglise », a souhaité aux participants de reconsidérer la relation de l’Eglise avec le Judaïsme, en évitant les positions théologiques et liturgiques qui ont historiquement contribué à l’antisémitisme. Il n’y a eu à ce stade aucune déclaration concernant les relations avec l’Islam, mais, ainsi que je l’ai indiqué dans un précédent article, certains Pères et théologiens du Concile étaient désireux d’inclure l’islam dans les documents officiels consacrés aux « religions non-chrétiennes ».
Un facteur déterminant derrière ce mouvement était l’oeuvre de Louis Massignon (1883-1962), un érudit catholique de l’islam et un pionnier de l’entente mutuelle catholique-musulman. Massignon enseignait la nécessité d’une « révolution copernicienne » dans notre approche de la compréhension de l’islam. Nous devons nous situer au centre de l’état d’esprit islamique, en comprenant la spiritualité islamique et en ayant des dialogues à partir de cette position avantageuse.
Durant le concile, un des disciples de Massignon, le théologien dominicain égyptien George Anawati (1905-1994) fit activement pression, en conjonction avec d’autres membres du Concile, pour que dans les documents officiels figurent des déclarations positives sur l’islam. Ce groupe réussit à ce que des mentions élogieuses sur l’islam figurent dans Nostra aetate et Lumen gentium : « Le plan du salut inclus aussi ceux qui reconnaissent le Créateur, en première place desquels figurent les musulmans », une religion monothéiste abrahamique, se soumettant « sans réserves aux secrets cachés de Dieu » et partageant beaucoup avec le christianisme en termes de croyances de base et d’enseignements moraux.
Mais au regard de l’attitude haineuse vis à vis des autres religions qui apparaît à travers les écritures islamiques, ainsi que de l’important nombre de meurtres et d’incendies d’églises et de persécutions que nous avons vu depuis des décennies, on peut se demander si faire de telles louanges n’était pas simplement prendre ses désirs pour des réalités ? Les condamnations des traits évidents de l’Islam sont presque totalement absents dans l’Eglise actuelle.
Le pape Pie XI a publié Mit brennender Sorge, une critique ouverte du Reich allemand, ainsi que Divini redemptoris contre le communisme. Le pape Pie XII a choisi de travailler avec persistance, mais clandestinement, durant sa papauté, pour vaincre le nazisme et sauver des Juifs. Que se serait-il passé s’il avait publié une vigoureuse condamnation du nazisme?
A l’époque de Vatican II, l’Union Soviétique était une terreur globale, et Notre Dame de Fatima dans les apparitions extraordinaires du début de la révolution communiste avait même mis en garde l’Eglise à propos de la Russie « diffusant ses erreurs à travers le monde ». Mais, incroyablement, il n’y a pas eu un soupçon de critiques du communisme au Concile. Qu’est ce qui serait arrivé si Paul VI avait fortement condamné l’URSS, le léninisme et le marxisme ? Est-ce que la prudence diplomatique est essentielle aux proclamations papales ? ou devrions-nous suivre la devise du saint empereur Ferdinand I, Fiat justifia, perea mundus, « que la justice soit rendue, même si le monde périt »?
Et maintenant, en ce qui concerne l’islam, nous sommes sûrs qu’une franche condamnation papale de cette religion, telle que celles prononcées par les papes aux siècles derniers, entrainerait de graves troubles à travers le monde – peut-être une troisième guerre mondiale. Et une telle condamnation pourrait salir injustement les musulmans modérés en même temps que les extrémistes.
Mais faute d’une quelconque condamnation, un éloge continuel est très inopportun. Quant à dire que c’est une religion de paix, il est temps de prendre en compte l’interprétation traditionnelle des musulmans du mot « paix ». Le monde est divisé en deux univers « la Maison de la Paix (Dar Al-Salaam) et la Maison de la Guerre (Dar Al-Harb). Seuls les musulmans sont à l’intérieur de cette première « maison ».
Source : https://www.thecatholicthing.org/2016/03/02/the-church-and-islam-3/
Photo : Louis Massignon.
À propos de l’auteur
Howard Kainz est professeur émérite (http.//académicien.mu.edu/philo/kainzh/) de Philosophie à l’université de Marquette.
Ses plus récentes publications comprennent : Natural Law : an introduction and reexamination (2004)
http//astore.amazon.com/thecatthi-/detail/08126994546
Five Metaphysical Paradoxes (The 2006 Marquette Aquinas Lecture),
The Philosophy of Human Nature (2008)
http//astore.amazon.com/thecatthi-20/detail/0812696190
et The Existence of God and the Faith-Instinct (2010)