Lundi 17 septembre, la Conférence des évêques de France exposait dans le cadre du Collège des Bernardins son analyse de la révision des lois de bioéthique, actuellement en discussion à l’Assemblée nationale. Le fait que successivement s’expriment sur ce sujet le président de la Conférence, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, l’archevêque de Rennes, Mgr Pierre d’Ornellas, et celui de Paris, Mgr Michel Aupetit, indiquait l’importance singulière que notre Église lui accorde. Dans ce même lieu prestigieux, le président de la République n’avait-il pas invité les catholiques à manifester sans crainte leurs convictions, et il était patent qu’il avait en tête les questions dites sociétales comme objet de controverses. Mais en même temps, selon la dialectique chère à Emmanuel Macron, il fallait admettre que le droit à la critique, fût-elle « intempestive », ne pouvait se traduire par une attitude « injonctive ». En d’autres termes, le pouvoir spirituel en régime libéral doit s’incliner en dernière instance devant la décision du pouvoir législatif.
« Enjeux d’humanité »
Nos évêques entendent donc user largement de leur possibilité d’expression face à l’opinion et à l’autorité politique, et ils procèdent en s’adressant à l’intelligence de tous. « Quel monde voulons-nous ? », demande Mgr d’Ornellas, responsable du groupe de travail de l’épiscopat sur la bioéthique, qui entend faire discerner les « enjeux d’humanité » contenus dans les réformes proposées (Bioéthique. Quelle société voulons-nous pour aujourd’hui et demain ?, Bayard, Cerf, Mame). La mission de l’Église est d’abord d’ordre doctrinal, et elle consiste notamment à faire retentir dans l’espace de la raison l’éclairage de la foi. Car tout ne se résout pas à coups d’impératifs venus d’en haut. La parole révélée intervient dans la vie des hommes et des femmes pour leur permettre de se projeter dans ce que Dieu leur propose, ainsi que l’écrit Mgr de Moulins-Beaufort dans un livre à méditer (L’Église face à ses défis, Nouvelle Revue Théologique, CLD).
La tâche des chrétiens
Il y a cette tâche à accomplir dans le cadre de la communion ecclésiale, qui n’est pas sans conséquence pour le témoignage que le christianisme adresse au monde. Mais il y a aussi la tâche des chrétiens qui ont à intervenir dans le champ concret de la politique, qui a ses caractéristiques et exigences propres. Il s’agit tout à la fois de débattre en jouant au maximum des facultés de l’État libéral, mais sans méconnaître les rapports de force qui structurent les relations de pouvoir. Les évêques tiennent à faire le partage entre les deux domaines ? Raison de plus pour les laïcs de s’engager en toute autonomie pour faire de la mobilisation du 6 octobre, organisée par La Manif pour tous, un plein succès. L’expression politique peut consoner largement avec la conviction religieuse. Comme le déclare puissamment François-Xavier Bellamy, l’extension de la PMA nous réserve des lendemains amers : « Rompre avec la condition humaine, parce que ses limites frustrent nos désirs, sera notre malédiction. »
Pour aller plus loin :
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
- 3132-La visite du Pape en France (synthèse)
- LE MINISTERE DE MGR GHIKA EN ROUMANIE (1940 – 1954)
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies