En m’attachant hier à évoquer le sens de l’espérance, j’ai pris bien des risques. Risque théologique d’abord, parce qu’elle appartient toute entière au domaine de la Révélation qu’il s’agit d’explorer sérieusement, au-delà de quelques timides allusions. Risque aussi sociologique. Il n’est guère sérieux d’analyser en quelques traits l’état d’esprit de notre société actuelle. Risque politique peut-être aussi, parce que poser la question du regard positif ou négatif sur le monde d’aujourd’hui, c’est plus ou moins prendre parti en faveur du conservatisme ou du progressisme. Mais ces trois risques, on est bien obligé de les courir, sauf à se réfugier dans l’ambiguïté ou la crainte. Et puis il se trouve que nous sommes particulièrement interpellés en ce moment, en tant que chrétiens, sur l’avenir de notre propre Église. Avenir qui porte en lui forcément la relation de l’humanité à l’appel que Dieu lui a envoyé par son Fils.
Hier, un peu par hasard, je suis tombé sur une conversation à ce sujet dans ce qu’il est convenu d’appeler les réseaux sociaux, et j’ai même fini par m’y mêler. On y insistait sur la crise propre à l’Église, vécue en raison des difficultés d’accéder aux offices. N’y a-t-il pas possibilité de désertion prolongée de la part de ceux qui ont perdu, depuis plusieurs mois, l’habitude de venir à la messe ? Surtout, il semble, de l’avis de certains, que ce moment est d’autant plus critique qu’il correspond à de sérieuses remises en cause personnelles et notamment des attitudes de défiance à l’égard de l’institution. On ne peut répondre légèrement à ce type de diagnostic, mais il est aussi permis de penser que s’il y a crise, c’est précisément l’occasion de remettre tout en perspective, de creuser le plus profondément possible les raisons de croire et d’espérer, et de tâcher de comprendre un peu mieux le mystère que constitue cette Église que l’on a un peu vite évacué.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 30 décembre 2020.
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