Le système éducatif des USA a dépensé en 2018 plus de 26 milliards de dollars en technologie. Les dépenses pour des techniques nouvelles ou dépassées sont estimées à environ 56 milliards en 2020 dans ce même système éducatif. Pour mettre cela en perspective, c’est l’équivalent du salaire de 400 000 nouveaux enseignants payés 70 000 dollars par an durant deux ans, la durée de vie d’une nouvelle technologie avant qu’elle soit obsolète. Notons que la plupart des enseignants gagnent moins.
La plupart des écoles catholiques n’ont pas été capables de suivre le niveau des largesses financées par l’état, alors, naturellement, elles ont été plus désireuses de s’ouvrir aux cours en présentiel. C’est peut-être pour cela que les autorités académiques auraient préféré qu’elles restent fermées.
Mais la dépense n’aurait-elle pas valu le coup ? Je veux dire, c’est l’éducation de nos enfants, n’est-ce pas ? Qu’est-ce qui pourrait être plus important ?
Eh bien, examinons les preuves. Le Centre pour Réinventer l’Éducation Publique de l’Université de Washington a examiné comment des districts scolaires à travers tout le pays ont répondu à la crise du Covid. Le rapport trouve que seulement 27% d’entre eux ont exigé des enseignants qu’ils enregistrent si les étudiants participent aux cours en ligne.
Pendant ce temps, la participation en ligne a été lamentable. Durant les deux premières semaines du confinement, quelque 15 000 étudiants de Los Angeles ont séché les cours ou n’ont fait aucun travail scolaire.
Le Philadelphia Inquirer rapporte que, durant 10 semaines, « le district scolaire de Philadelphie n’a enregistré que 61% d’étudiants assistant aux cours en moyenne chaque jour ». La même semaine, le Boston Globe rapportait que « seulement la moitié des étudiants suivent les cours en ligne ou rendent des devoirs en ligne chaque jour ».
Le rapport a trouvé que seulement 57,9% des districts scolaires ont contrôlé les progrès. Les autres n’ont même pas mis en place l’attente minimale que les enseignants corrigent ou gardent des traces du travail de leurs élèves. De nombreux établissements, incluant des collèges et des universités, ont proposé aux étudiants un choix réussite/échec plutôt que d’exiger un niveau.
D’accord, il y avait des problèmes. Mais ces problèmes doivent être résolus maintenant, non ?
J’ai peur que la réponse à cet échec catastrophique dans cette expérience à échelle nationale sur l’enseignement en ligne ait été la réponse bureaucratique habituelle à tous les échecs, à savoir qu’il faut renchérir sur ce qui n’a pas marché. C’est seulement que nous n’avons pas encore assez de technologie, nous n’avons pas dépensé assez d’argent, nous n’avons pas eu le temps de former nos fonctionnaires (à savoir les « enseignants ») et de les bien former. Mais maintenant (nous allons entendre les administrateurs par tout le pays faire cette promesse), nous avons musclé notre technologie et nous sommes prêts. Vous allez être bluffés.
Puisque c’est une génération élevée avec les images de synthèse et les films de la Guerre des Etoiles, j’en doute quelque peu. Et, bien sûr, le but de l’éducation technique n’est pas d’éblouir, il est d’éduquer. Alors comment allons-nous faire ?
Eh bien, comme l’a découvert tout récemment le programme de l’OCDE pour l’évaluation des élèves, dans un test qui a porté sur plus de 540 000 étudiants dans 72 pays avec des examens portant sur la lecture, les sciences et les mathématiques :
l’usage dans les classes des équipements les plus avancés était associé avec les plus mauvais résultats dans tous les types d’examens. Les élèves utilisant des tablettes à l’école avaient un score en mathématique de 10% inférieur à celui de leurs pairs ne disposant pas de cet équipement. Ordinateurs de bureau, ordinateurs portables, accès internet, wifi sont tous liés aux scores les plus bas. Même le tableau blanc interactif largement plébiscité était associé avec les plus mauvaises performances en lecture, sciences et mathématique.
N’y avait -il pas de techniques offrant des améliorations significatives des résultats d’apprentissage ? Il y en avait un : le bon vieux rétro-projecteur.
Tous les bons enseignants que je connais bannissent de leurs classes les ordinateurs et téléphones portables. Ceci dit, c’est ce que font les plus prisées des écoles privées de la Silicon Valley, et l’école privée d’élite de Sydney, en Australie, qui a formé trois premiers ministres. Le chef d’établissement a déclaré que l’école trouvait que « l’argent dépensé en tableaux blancs interactifs, ordinateurs portables et autres était un parfait gâchis ».
Soyez-en assurés, rien de cela n’a empêché de nombreux administrateurs scolaires de dépenser des montants absurdes en nouveautés techniques afin d’attirer les étudiants durant la pandémie. L’une de ces techniques a-t-elle fourni la qualité éducative promise ? De toute évidence, la réponse est non.
Les étudiants eux-mêmes en semblent conscients, puisque beaucoup d’entre eux partout dans le pays demandent des remboursements ou des rabais si on ne leur procure que des cours en ligne de second ordre. Les administrateurs qui ont dépensé des millions pour mettre à niveau leur technologie et les enseignants qui ont passé des heures et des heures à préparer de nouvelles matières pour l’enseignement en ligne ne sont pas susceptibles d’être particulièrement favorables à cette requête, la plupart l’ont rejetée.
Le plus grand danger de toute crise est l’incapacité d’en tirer les leçons. La manie de l’enseignement en ligne passera-t-elle avec la disparition de la pandémie ? L’expérience « en ligne » est-elle une solution temporaire à un problème passager ?
Je ne parierais pas là-dessus. Ayant dépensé des milliards pour les nouvelles techniques tout en licenciant de vrais universitaires, des administrateurs vont détester ne pas utiliser leurs nouveaux gadgets pour « transformer » l’éducation. Puisque de moins en moins d’administrateurs universitaires ont quelque expérience que ce soit de l’enseignement et que de plus en plus d’entre eux ont peu voire pas de respect pour leur corps professoral, et étant donné les milliards investis par les entreprises sur la promesse de futures ventes de techniques éducatives, il est de moins en moins probable que les échecs éducatifs de la révolution technique seront claironnés autrement que comme une série de merveilleux succès.
D’accord, il pourra y avoir des « pépins » que certains défaitistes rabâcheront. Mais ces problèmes seront corrigés, nous assurera-t-on, dans les prochaines séries de recherches encore plus coûteuses de machines encore plus formidables.
La « révolution technique », c’est certain, transforme l’éducation américaine. C’est peut-être une raison pour laquelle les étudiants actuels ne sont pas capables de lire écrire ou faire des maths moitié aussi bien que le faisaient leurs grands-parents. Les enseignants avisés savent quand utiliser la technique et quand ne pas l’utiliser. Donc, si vous êtes convaincus, comme vous devriez l’être, qu’aucune machine ne peut vous remplacer comme parent, laissez-moi vous assurer qu’aucune machine ne peut non plus remplacer un véritable enseignant, quelqu’un qui connaît votre fils ou votre fille d’une façon qu’un ordinateur n’atteindra jamais.
Et si vous savez que l’éducation parentale ne peut se faire par téléphone ou par Zoom, alors soyez assuré que le véritable enseignement ne peut pas non plus être fait de cette façon.
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010
- INTRUSION DE LA THEORIE DU GENRE A L’ECOLE ET DANS LA SOCIETE
- Quand le virtuel se rebelle contre le réel, l’irrationnel détruit l’humanité
- EN DÉGRINGOLANT LES ÉTAGES