L'avortement, matrice des dérives bioéthiques - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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L’avortement, matrice des dérives bioéthiques

À l’heure du débat sur la constitutionnalisation de l’avortement, Guillaume Bernard publie un dialogue poignant entre une femme et son enfant à naître. Il enseigne l’histoire des institutions et des idées politiques à l’ICES (Institut catholique de Vendée).
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© Philippe Lissac / Godong

Les débats sur la constitutionnalisation de l’avortement ne portent que sur des arguments juridiques. Est-ce à dire que la défense de la vie est interdite ?

Guillaume Bernard : Les paradigmes du débat ont changé : l’humanité tend à être circonscrite à la capacité d’exercer sa volonté, ce que ni l’enfant à naître ni le malade en fin de vie ne peuvent faire. Parce qu’il chosifie un être innocent, l’avortement est la matrice de toutes les évolutions bioéthiques progressistes : PMA, GPA, euthanasie…

Peut-on craindre pour la liberté d’expression, déjà attaquée par le délit d’entrave à l’IVG ?

Le lobbying et les pouvoirs publics usent depuis longtemps de la technique du terrorisme intellectuel consistant, pour museler l’interlocuteur, à assimiler la critique d’un acte avec une remise en cause de la dignité de l’être. Mais il est possible d’utiliser des moyens d’expression touchant les cœurs autant que les esprits, je pense notamment aux œuvres artistiques : littérature, peinture, spectacle, cinéma… Quand la liberté d’expression est entravée, reste la dissidence qui permet de rompre le cercle vicieux de l’omerta et de la loi de l’imitation : ouvrir les yeux de ses contemporains, d’une part, en n’étant pas le vecteur du mensonge et, d’autre part, en prêchant par l’exemple.

L’inscription de l’avortement dans la Constitution menace-t-elle aussi la liberté de conscience du personnel médical ?

C’est assez vraisemblable La liberté de la femme pourrait être interprétée comme une créance qu’elle aurait sur la société. C’est le glissement que la Cour européenne des droits de l’homme a déjà opéré au sujet de l’euthanasie.

Votre pièce fait parler l’enfant à naître. Est-ce un moyen de le personnaliser plutôt que de le réduire à un amas de cellules ?

Bien des femmes enceintes parlent à leur enfant à naître, qu’elles aient ou non décidé de le garder. J’ai permis à ce dernier de répondre. Car un jugement pris sans l’audition de toutes les parties serait inique. Rejeter l’hypothèse de la singularité de l’enfant à naître reviendrait à refuser tout débat.

Vous soulignez que la protection de l’environnement sert parfois de prétexte à un nouveau malthusianisme. Que répondre à cette jeunesse qui ne veut pas d’enfants ?

En réaction à la toute-puissance de l’homme niant l’existence d’un ordre naturel, les jeunes épousent souvent l’excès inverse, dans un réflexe tout aussi matérialiste : l’être humain est considéré comme un parasite de la nature. Or, tous les sujets se tiennent. Qu’il s’agisse de l’avortement individuel ou du suicide collectif pour éco-anxiété, c’est le nihilisme qui s’exprime : préférer le non-être à l’être. La cancel culture – culture de l’effacement, NDLR – en fournit l’illustration. Ce n’est pas être altruiste mais égoïste que de refuser de transmettre la vie que l’on a reçue. Le jaillissement de la vie, c’est-à-dire la force vitale qui croît – la physis grecque –, est inscrit dans la nature, y compris celle de l’homme.

Pourquoi avoir choisi ce genre littéraire pour aborder le drame de l’avortement ?

Pour des raisons de fond et de forme. Le dialogue théâtral favorise la confrontation des arguments et permet d’offrir loyalement le pro et le contra. Il permet aussi de faire toucher au spectateur les émotions des personnages. Et puis, se lamenter sur l’effacement de la culture française est inutile si l’on ne la fait pas vivre par des œuvres nouvelles : l’héritage doit être transmis, mais il faut aussi l’enrichir.

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Deux colères fracassées dans l’ignorance, Guillaume Bernard, éd. L’Homme Nouveau, 2023, 158 pages, 13,50 €.