La vérité ne sort pas seulement de la bouche des enfants. Il arrive aussi qu’elle sorte de la bouche des spécialistes et des praticiens des études de genre. Nous connaissons tous le mantra, répété à satiété dans les colonnes de certains journaux, dans les déclarations de certains ministres, ou encore dans les propos sévères de certains gardiens vigilants de la pureté théorique du gender : il n’y a pas de théorie du genre ! Eh oui, il n’y aurait que des travaux universitaires impeccables, uniquement inspirés des règles propres aux recherches en sciences humaines. Tout juste consentira-t-on à ajouter que ces insoupçonnables études de genre s’avèrent efficaces pour déconstruire les stéréotypes. Les stéréotypes de genre évidemment.
Et bien, Libération d’hier matin a vendu la mèche sous la plume d’un sociologue que je ne connaissais pas. Monsieur Sam Bourcier est sociologue, enseignant à l’université Lille III, et on annonce la prochaine parution d’un livre de lui intitulé Le triangle et la licorne (qui pète). Cela ne s’invente pas. Et bien notre sociologue mange le morceau. Il dénonce « cette intox persistante et contre-productive qui consiste à dire que la théorie du genre n’existe pas, en réponse aux accusations du Pape, de La Manif pour tous et des antigenres qui ont lu John Money dans le texte ». Ce qui n’est pas mon cas. Mais il faut lire tout l’article, avec cette affirmation qui a enfin le mérite de la franchise. Oui, il s’agit « d’en finir avec cette fiction fondatrice, euro-centrique et coloniale de notre modernité à l’origine des inégalités que sont la différence sexuelle et les dualismes ».
C’est franc, c’est net. L’ennemi à abattre est bel et bien la différence sexuelle, dont la France serait le musée, et dont les gardiens vigilants ne seraient, hélas, pas seulement les cathos, mais même – horreur ! – des gens de gauche. L’ennemi est clairement désigné. La différence sexuelle, c’est tout simplement le fait qu’il y ait des hommes et des femmes. Il faut en finir avec cette abomination. Sam Bourcier se plaint de son isolement dans son juste combat, mais il devrait tout de même se reconnaître de solides complices dans les médias, ceux qui cultivent, par exemple, la fascination pour le transgenre, où il voit la clé de la vraie mutation des mœurs.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 17 janvier 2017.
Pour aller plus loin :
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