L'Avent : se dépêcher et attendre ? - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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L’Avent : se dépêcher et attendre ?

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La messe d’aujourd’hui – comme toutes celles de l’Avent – semble nous envoyer deux messages contradictoires. L’Evangile du premier dimanche de l’Avent nous exhorte toujours à la vigilance : Restez éveillés (Matthieu 24:42)… Soyez sur vos gardes, soyez alertes et veillez (Marc 13: 33,37)… Soyez vigilants en tout temps (Luc 21:34). De la même manière les préfaces pour l’Avent font le portrait de ceux qui attendent ce jour et sont éveillés en prières. Mais cependant la Collecte de la messe d’aujourd’hui prie, non pas pour la capacité d’attendre et de veiller, mais pour la résolution de de courir en avant pour rencontrer le Christ. D’autres prières de l’Avent demande une grâce similaire: pour se hâter… aller de l’avant…. sortir … et se mettre en route en hâte.

Alors devons nous nous hâter ou veiller? Bien entendu, les deux réponses au Seigneur sont nécessaires pour la vie chrétienne. Les deux sont nécessaires pour l’espérance, la vertu caractéristique de l’Avent. Et ces deux réponses dépendent, en fait, l’une de l’autre.

En premier la vigilance – ce qui signifie attendre et observer. La vertu de l’espérance nous donne la capacité d’attendre le Seigneur. Nous avons besoin de cette vertu, précisément parce que le Christ n’est pas encore revenu. Nous attendons qu’Il réponde à nos prières, qu’Il complète son travail en nous et finalement qu’Il revienne. Et nous ne savons pas quand cela aura lieu. Cette attente met en exergue que tout dépend de Son initiative. Il est le Seigneur de l’Histoire. Lui seul détermine le temps de Sa venue. Il est déjà venu dans la plénitude des temps et maintenant nous attendons son retour à une heure que nous ignorons.

L’exhortation à la vigilance et la vertu d’espérance sont proportionnées à notre plus profonde blessure : l’impatience. Nous devons respecter Son programme, pas le nôtre. Dieu nous a donné du temps comme opportunité pour progresser en confiance alors que nous attendons Sa venue. Cependant cela nous semble être un poids. Nous rejetons Son cadeau du temps en refusant d’attendre et en prenant les choses dans nos propres mains. Incapables d’attendre, Abraham et Sarah firent un plan pour s’assurer une descendance par l’esclave Hagar. L’impatience d’Israël au pied du mont Sinaï a poussé Aaron de lui fabriquer le veau d’or, et l’a ainsi conduit à l’apostasie. Saul a refusé d’attendre plus longtemps pour Samuel, et ainsi a perdu la royauté. et ainsi de suite.

Nous entrons dans beaucoup de problèmes lorsque nous ne pouvons pas attendre et veiller pour le Seigneur, lorsque nous attendons qu’Il se conforme à notre programme. Alors nous prenons le contrôle et cherchons à accomplir ici et maintenant ce que le Seigneur nous a promis de faire le Jour donné. Nous cherchons des messies laïcs et mondains pour satisfaire nos désirs. Si nous ne sommes pas vigilants, nous ferons lentement et sûrement la paix avec le monde, nous nous installerons, et nous nous vautrerons dans nos propres vices. C’est avec de bonnes raisons que l’Eglise nous exhorte à attendre et à veiller.

Mais attendre ne veut pas dire rester immobile, et veiller ne signifie pas d’avoir une vie chrétienne comme un sport de spectateur. L’espérance tend vers l’avenir en confiance pour atteindre ce qui a été promis. Ainsi la liturgie de l’Avent nous exhorte aussi à nous
hâter. En vérité, il y a un sens d’urgence et de mouvement dans toutes les prières de la saison.

Maintenant, alors qu’attendre met en relief la venue du Seigneur vers nous, et se presser met en exergue notre chemin vers Lui – et d’une manière plus large notre pèlerinage vers le ciel. L’espérance repose sur la vérité que nous ne sommes pas destinés pas à rester dans ce monde, mais à y faire notre pèlerinage. La prière de la post-communion de la messe d’aujourd’hui nous décrit magnifiquement comme étant ceux qui cheminent dans un monde éphémère. Le fait que cette prière nous est proposée lors de cinq messes de l’Avent pendant quatre semaines indique l’importance de reconnaître le monde comme éphémère et nous comme des pèlerins.

Notre hâte de rencontrer le Seigneur requière que nous considérions le monde comme quelque chose d’étranger. Nous devons toujours nous sentir un certain malaise à ce sujet,- non parce que le monde est mauvais, mais parce que les cieux sont devenus notre héritage, notre patrie. En fait, nous devrions considérer ce monde comme un accueil saint pour des sans domicile fixe, un refuge béni pour des déracinés. Depuis que le Seigneur planta sa tente parmi nous, nous n’avons plus de cité durable. Son séjour parmi nous fait de nous des sans logis.

Les appels répétés à nous hâter et à courir en avant abordent une autre blessure profonde dans l’homme : la paresse. Les Israelites quittèrent d‘Egypte en hâte, déterminés pour la Terre Promise. Mais ils devinrent fatigués par le voyage et blasés de la « nourriture misérable » que Dieu leur a procuré miraculeusement. Ils commencèrent à regarder en arrière et à regretter les lieux de perdition d’Egypte. David fut prompt et zélé pour la cause d’Israel – au début. Ensuite Il ralentit et traîna à la maison alors que son armée combattait, tomba progressivement dans la paresse, la luxure, l’adultère et le meurtre.

De même, nous devenons fatigués de notre pèlerinage. Comme n’importe quel voyage, il consiste, non pas d’animation constante, mais en une simple persévérance – en plaçant nos pas l’un devant l’autre. Nous pensons que cela est ennuyeux, mais c’est nous qui sommes ennuyés. Ainsi nous tentons de raccourcir le voyage et cherchons à planter des racines. Plutôt que de tendre vers les richesses éternelles, nous tentons de domestiquer Dieu. Cet appel annuel à la volonté de courir en avant, parle précisément de ce dont nous avons besoin.

Naturellement, cette attente et cette accélération dépendent l’une de l’autre. Chacune tient l’autre à sa place. Sans la capacité d’attendre, nous prenons les choses dans nos propres mains et nous nous hâtons dans des mauvaises directions. Sans le sens du pèlerinage, notre attente devient une attitude de contentement et de confort avec le monde.

Que cet Avent accroisse en nous la vigilance pour Sa venue et notre hâte pour L’accueillir.

Source : https://www.thecatholicthing.org/2017/12/03/advent-hurry-up-and-wait/

Le père Paul Scalia est prêtre dans le Diocèse d’Arlington, Va, où il a la fonction de Vicaire Episcopal pour le Clergé. Son nouveau livre est : That Nothing May Be Lost: Reflections on Catholic Doctrine and Devotion.
Le père Bevil Bramwell, OMI, PhD est le précédent doyen des Etudiants de la « Catholic Distance University »Ses livres sont Laity: Beautifull, Good and True, The World of Sacraments, Catholics read the Scriptures: Commentary on Benedic XVI’s Verbum Domini, et plus récemment, John Paul II ’s Ex Corde Ecclesiae: The Gift of Catholic Universities to the World.

Tableau : L’avent et le triomphe du Christ, par Hans Memling, 1480 [Alte Pinakothek, Munich]