La fête des apôtres Pierre et Paul, le 29 juin, est traditionnellement vouée au sacerdoce, avec l’ordination de jeunes prêtres dans tous les diocèses du monde. Souvent, on célèbre aussi à cette occasion le jubilé des prêtres, ordonnés anciennement. Cela peut aller jusqu’à 70 ans de sacerdoce, comme cette année à Paris ! Pour le peuple chrétien, c’est une source de joie, et je pense notamment aux diocèses moins pourvus, dans le monde rural par exemple. Qu’un seul prêtre soit ordonné, et c’est comme un signe venu du ciel. Ce peut être une ouverture sur l’avenir qui n’est plus fermé à l’espérance.
C’est vrai que pour l’Europe, la pénurie de prêtres est à bien des égards une épreuve, une angoisse. Mais on ne saurait isoler cette réalité de son contexte qui est celui d’une déchristianisation de notre continent. On parle parfois de sécularisation, mais je suis quelque peu méfiant à l’égard de ce concept que je trouve ambigu. Pour certains, il signifierait une sorte de phénomène lié aux processus de la modernité, qui, en développant l’autonomie des individus, impliquerait une rupture à l’égard d’un Dieu principe, cause et référence de tout. Pour moi, c’est une erreur radicale de fond, car il y a dans la Révélation du Dieu de la Bible un appel direct à l’humanité en général et aux hommes, chacun en particulier, qui sollicite précisément ce qu’il y a de plus inaliénable dans la liberté humaine. Dieu ne veut pas des esclaves mais des hommes et des femmes absolument libres, ou alors, il y a méprise totale.
C’est pourquoi la sécularisation dont on parle se rapporte beaucoup plus à une rupture culturelle, un oubli des sources essentielles de la Révélation. On ne parle pas à la légère de nouvelle évangélisation, parce qu’il s’agit bel et bien d’annoncer à frais nouveaux un message devenu étranger aux générations actuelles. Certes, il y a du travail, mais il n’y a rien d’inéluctable dans la déchristianisation de l’Europe. Il me faudrait du temps pour m’expliquer, notamment face aux sociologues du religieux dont je récuse souvent les diagnostics. L’appel du sacerdoce, tout comme la découverte du Dieu vivant et vrai, est une aventure toujours renouvelée. Dès qu’un jeune prêtre nous est envoyé, revêtu de la grâce qu’il vient de recevoir, c’est l’horizon qui se déchire pour nous ouvrir au mystère inépuisable de Dieu.
Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 1er juillet 2013.
Pour aller plus loin :
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