L'au-delà du 26 mai - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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L’au-delà du 26 mai

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Y aura-t-il un au-delà du 26 mai prochain, du moins pour ceux qui se sont mobilisés dans la Manifestation pour tous et ce qui l’a accompagnée ? Le problème est de savoir si le mouvement se limitait à une sorte de bras de fer afin de dissuader le Président de la République de faire voter la loi Taubira et de la promulguer. On pouvait se référer au précédent de 1984 sur l’école avec François Mitterrand, ce que je n’ai pas manqué de faire pour avoir vécu intensément les événements d’alors, en avoir écrit la chronique et presque l’histoire. Mais les circonstances n’étaient pas les mêmes, et les enjeux politiques non plus. François Hollande, reculant aujourd’hui sur un sujet que la gauche considère comme emblématique, se mettrait dans un mauvais pas. Il s’en est expliqué lors de sa conférence de presse : il a pris acte de la division des Français à ce sujet et laissé à ses adversaires la possibilité de changer la législation lors des prochaines échéances.

Est-ce à dire que les initiateurs et les militants de la Manif pour tous ont perdu leur pari et doivent admettre une défaite qui serait cinglante ? Je ne le crois pas du tout, et cela d’abord pour une raison essentielle, sur laquelle je ne me lasserai pas de revenir. L’extraordinaire mouvement populaire qui s’est levé est un phénomène que l’on retiendra comme caractéristique de ce début de XXIe siècle. Il défiait, en effet, toutes les prévisions, tous les pronostics. Il s’insurgeait contre ce que la doxa du temps considérait être l’évolution obligée des sociétés. C’est dire que loin d’être lié à l’immédiat et au contingent, il consistait dans une conviction profonde, enracinée dans les consciences. Du coup, il révélait un véritable enjeu de civilisation, analogue à celui qui était apparu en 1968. Il s’agissait d’une option sur une réorientation des conceptions du monde et de la vie. C’est bien l’enjeu d’aujourd’hui et qui fait que, loin de s’arrêter dimanche prochain, le mouvement va devoir envisager sa propre métamorphose, notamment grâce à la pause de l’été. Je sais que des universités se préparent, des initiatives inédites aussi, qui surprendront ceux qui pensent que rien ne suivra la dispersion de cette manif. On peut suspendre certaines formes d’action, on n’arrête pas une grande idée en marche.

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 22 mai 2013.