L'arme de l'indignation - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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L’arme de l’indignation

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Hier, je concentrais mon propos sur l’indignation, ce levier indispensable de la communication contemporaine, pour entraîner avec soi l’opinion publique. J’y reviens aujourd’hui pour alerter nos auditeurs sur un danger qui n’est pas toujours bien perçu. Dans la bataille extrêmement difficile qui est la nôtre en ce moment pour défendre la famille, notamment contre la désagrégation de la filiation, nous avons à maîtriser des phénomènes d’opinion qui s’imposent à nous et qu’il nous faut apprécier, éventuellement pour les contrer mais aussi les retourner. S’est-on posé la question de l’adhésion très importante à la notion de « mariage pour tous » évidente dans les sondages. Il ne s’agit pas simplement d’un acquiescement à l’air du temps. Il s’agit d’une sorte de solidarité spontanée à l’égard de ceux que l’on considère comme des victimes et auxquelles on voudrait porter assistance, ne serait-ce qu’en leur reconnaissant un statut social, celui qu’assurerait le « mariage pour tous ».

Il faut donc faire extrêmement attention à la façon dont on intervient afin de ne pas renforcer ce sentiment d’une persécution à l’égard d’une population malheureuse. Bien sûr, toute persécution est odieuse par principe, mais lorsque par des attitudes, des slogans, des opérations choc inconsidérés on vient renforcer l’idée que c’est aux homosexuels que l’on en veut, alors on fait du mauvais et du sale travail. On accroit la charge d’indignation, dont je parlais hier, de telle façon qu’elle devient une arme redoutable contre la meilleure des causes, qui est celle de la famille.

C’est pourquoi je m’inquiète des manœuvres qui tendent à dissocier l’unité de la Manif pour tous et à délégitimer ses dirigeants. Elles entraînent parfois des jeunes gens à des débordements qui se retournent contre la cause. S’en prendre à un lieu symbolique du milieu homosexuel, c’est donner crédit au grief d’homophobie. On se fait peut-être plaisir, mais on sert l’adversaire, trop content de se replacer dans une attitude victimaire. Il ne faut pas se tromper de but. Si c’est le rejet de la loi Taubira que nous voulons obtenir, alors il ne faut surtout pas exaspérer l’opinion, en retournant son indignation contre nous.

C’est toute la stratégie d’une opération décisive qu’il s’agit de bien penser. Toute erreur, toute faute à son encontre peuvent être désastreuses.

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 11 avril 2013.