Dans un article remarquable, le Pr Michel Jouvet, de Lyon, vient de faire le point le plus récent de la science des rêves (a). Le lecteur se souviendra que Jouvet, dont j’ai déjà eu l’occasion de parler, est un des maîtres mondiaux de la biologie du rêve1. On lui doit entre autres découvertes celle de l’« organe » qui, dans le cerveau, déclenche et contrôle cette mystérieuse activité : c’est une petite, et même minuscule région du « pont », cette partie de l’encéphale qui relie le cerveau droit au cerveau gauche2. (Jouvet donne pour dimensions de cet organe dans le cerveau du chat 4 millimètres de long et 2 millimètres de diamètre ; chez l’homme, il n’est guère plus gros.)
L’article de Jouvet n’est pas seulement remarquable par les progrès rapides dont il témoigne depuis dix-huit mois dans la connaissance des mécanismes matériels qui supportent notre pensée inconsciente. Pour quiconque tente de porter sa réflexion à un niveau plus général que ces connaissances d’une redoutable technicité, le bilan du savant lyonnais montre une fois de plus la vanité des théories purement verbales du rêve imaginées à la fin du siècle dernier, essentiellement celles de la psychanalyse, freudienne ou pas.
Les illusions de Freud
En prétendant rationaliser comme un tout cohérent le peu, ou plutôt le rien que l’on connaissait vers 1900 sur ces questions (b), Freud imitait les astrologues qui s’imaginaient expliquer l’apparition d’une comète par la nécessité d’annoncer la fièvre quarte d’un prince. Pour commencer à entrevoir le mécanisme des comètes, il fallut toutes les ressources de l’astronomie post-newtonienne. Pour faire les premiers pas dans la science des rêves, il fallait l’invention de l’électrophysiologie et de nombreuses autres délicates techniques d’investigation.
Vouloir trouver l’explication du rêve dans le rien qu’en pouvait savoir un homme du XIXe siècle, c’était faire comme le noctambule qui, ayant perdu son portefeuille en route, rentre le chercher chez lui parce que là, il y voit.
Quand on lit les études actuelles sur le rêve, on se rend compte que rien, absolument rien de ce qu’on y trouve n’était vu, ni visible, ni même devinable en 19003.
Rappelons-en l’essentiel. Le rêve est un phénomène cyclique qui survient pendant notre sommeil toutes les quatre-vingt-dix minutes et dure chaque fois de quinze à vingt minutes.
Pendant ces périodes de rêve, l’activité électrique du cerveau est intense. Cependant le rêve correspond au sommeil le plus profond, celui qui, pour être interrompu, requiert les stimulations les plus fortes : pour nous réveiller quand nous rêvons, un bruit doit être plus fort, une excitation de la peau ou de tout autre organe, plus aiguë.
De plus, pendant le rêve, l’inertie musculaire est totale (sauf quand nous mimons nos visions, mais il s’agit alors qu’un phénomène différent, qui est à la limite le somnambulisme)4.
Dans l’Archipel du Goulag, Soljénitsyne raconte comment un de ses camarades de prison, obligé par la Guépéou à rester debout des jours entiers, était arrivé à tromper ses tortionnaires en apprenant à dormir debout : les expériences ont montré qu’en effet l’on peut dormir ainsi, mais non pas rêver ; dès que le rêve survient, tous les muscles se relâchent, et le dormeur debout s’effondre. Quand l’ami de l’écrivain russe s’effondrait, sans doute les policiers croyaient-ils qu’il venait de succomber au sommeil. En fait, il dormait probablement depuis quatre-vingt-dix minutes.
Cependant la privation de rêve tend à raccourcir la période suivante de sommeil sans rêve : sans doute l’ami de Soljénitsyne avait-il, à mesure que durait son supplice, tendance à tomber de plus en plus souvent.
Ici se pose une intéressante question : qu’arrive-t-il si la privation de rêve se prolonge ? Il y a quelques années, les expériences faites dans ce sens sur les chats aboutissaient régulièrement à la mort. On en avait conclu que le besoin de rêver était aussi vital que celui de boire ou de manger (je l’avais moi-même écrit). En affinant l’expérimentation, il est apparu que la mort n’était pas provoquée par la privation elle-même, mais par des effets secondaires (difficiles à déceler) des méthodes employées pour empêcher de rêver. On a pu depuis supprimer complètement le rêve sans qu’aucun effet grave s’ensuive.5
Quelle est alors la fonction du rêve? On n’en sait rien. Mais du moins sait-on un peu ce qu’elle n’est pas : le rêve n’est, en aucune façon, comme l’avait cru Freud « le gardien du sommeil » ; c’est le contraire qui est vrai, c’est le sommeil qui est le gardien du rêve : le second ne survient qu’au plus profond du premier6.
De même, l’expérimentation a montré que la sexualité joue un rôle infime, quasi nul, dans la fantasmagorie onirique. Si nous nous souvenons assez souvent de rêves érotiques, c’est simplement qu’ils retiennent plus l’attention. On a pu en effet, il y a peu, bloquer expérimentalement les mécanismes qui induisent l’inertie musculaire pendant le rêve, ce qui conduit le rêveur à mimer son fantasme. On a alors constaté que le chat (animal pourtant hautement érotique, comme chacun sait !) rêve à peu près de bagarre et de souris, de souris qu’on croque s’entend !7
Le vaste inconnu de 1900
De tout cela on ne savait rien au début du siècle, et Freud est excusable de n’avoir guère dit que des sottises. Du moins aurait-il dû, dans ses théories, laisser sa place au vaste inconnu s’étendant devant lui comme l’océan. Il est vrai qu’alors il eût compris l’impossibilité de théoriser sur le rêve en 1900, et qu’il eût dû faire de la médecine comme ses collègues. On va me dire que je rabâche : d’accord ! que je radote, si l’on veut ! Mais il faudrait, pour se retenir de toujours houspiller un peu feu Sigmund Freud (qui s’en moque bien), que la présence de ses glosateurs fût un peu moins obsédante8. Laissons cela pour aujourd’hui. Je reviendrai la prochaine fois sur les toutes récentes découvertes de la science des rêves.
Aimé MICHEL
(a) Pr Michel Jouvet : le Rêve (la Recherche, juin 1974, p. 515).
(b) Je rappelle que le livre publié en 1900 par Freud s’appelait modestement « la Science du rêve » !9
Chronique n° 194 parue dans F.C. N° 1439 – 12 juillet 1974
Notes de Jean-Pierre ROSPARS du 23 juin 2014
- Aimé Michel revient ici sur un sujet, la science des rêves, qu’il a traité deux ans et demi auparavant dans une série de quatre chroniques consécutives ou presque, n° 71, 73, 74 et 75, mises en ligne du 28 mars au 26 avril 2011. Il y résume deux décennies de recherches expérimentales sur le rêve et s’attache à montrer qu’il existe « une authentique science de l’inconscient, avec des expériences, des mesures, des discussions arbitrées par des résultats concrets et reproductibles en laboratoire. Cette science est née à l’Université de Chicago en 1953 avec les expériences historiques d’Aserinsky, Kleitman et Dement. D’éminents chercheurs français l’illustrent en ce moment même » (Michel Jouvet et ses collègues à Lyon, qui sont l’occasion de la présente chronique).
- Le pont ou protubérance annulaire forme avec le bulbe rachidien et le mésencéphale le tronc cérébral, c’est-à-dire la première partie de l’encéphale, celle qui fait immédiatement suite à la moelle épinière à son entrée dans le crâne. C’est dans le tronc cérébral inférieur que se trouvent les deux systèmes qui organisent l’activité du cerveau pendant le rêve.
Le premier système, le plus complexe, est activateur. Il est situé dans le pont et est responsable d’une forte activité de neurones de cette région mais aussi de neurones des noyaux genouillés (un relai des voies visuelles situé entre la rétine et le cortex visuel) et du cortex occipital (le cortex visuel), aussi a-t-il été appelé système ponto-géniculo-occipital (PGO). Il commande les diverses activités physiologiques observées durant le rêve dont les mouvements oculaires rapides et l’activation du cortex cérébral. Cette stimulation entraîne l’excitation des systèmes sensoriels (surtout visuels) et des systèmes moteurs (neurones pyramidaux de l’aire motrice).
Le second système est inhibiteur : il vient bloquer l’effet du système PGO sur les neurones moteurs, ce qui produit l’atonie posturale au cours du sommeil paradoxal (l’absence de redressement et de marche de l’animal durant le rêve). C’est un petit groupe de neurones du locus cœruleus (lieu bleu en latin) situé également dans le pont, qui n’est actif que pendant le rêve ; il commande un réseau de neurones, la formation réticulée, située plus bas dans le bulbe rachidien : c’est ce réseau qui inhibe les neurones moteurs de la moelle épinière.
Dans un article intitulé « Le comportement onirique » (Pour la science n° 25, novembre 1979 ; reproduit dans Le sommeil et le rêve, Odile Jacob, Paris, 1992, pp. 79-105), paru cinq ans après celui dans la Recherche que cite Aimé Michel, Michel Jouvet explique les extraordinaires conséquences d’une lésion bilatérale du second système : en supprimant son action inhibitrice sur les neurones moteurs, non seulement elle supprime l’atonie posturale mais encore elle démasque ainsi l’apparition de divers comportements qui apparaissent au cours du rêve ! La lésion chirurgicale doit être très précise sans quoi elle risque d’atteindre le premier système (activateur) qui organise les comportements oniriques ce qui explique la difficulté de cette expérimentation. Après l’opération le sommeil paradoxal disparaît et il faut attendre une dizaine de jours pour qu’il réapparaisse. Les expérimentateurs peuvent alors accéder à ce que personne avant eux n’avait pu voir : ce à quoi rêvent les chats ! Voici la description qu’en donne Michel Jouvet :
« L’animal relève alors brusquement la tête au lieu de reposer sur le sol dans un état d’atonie. Cette séquence d’orientation de la tête dans l’espace précède toujours des comportements stéréotypés qu’on peut tenter de classer en diverses séquences. La séquence d’exploration au début du rêve commence par une exploration visuelle : le chat semble poursuivre avec la tête et les yeux quelque objet imaginaire qui se déplacerait devant lui dans l’espace. Cependant, l’animal ne voit pas vraiment : on s’en assure en essayant diverses stimulations qui n’entraînent aucune réaction de poursuite. Ensuite, l’animal se déplace dans sa cage comme s’il voulait l’explorer. A d’autres moments, la posture adoptée évoque le comportement d’approche d’une proie : le chat se comporte comme s’il était mis en présence d’une souris ou d’un rat ; il avance lentement, la tête tendue vers l’avant et dirigée vers le bas poursuivant sa proie imaginaire. Parfois le chat adopte une posture d’affût caractéristique : l’immobilité est quasi-totale, et l’une des pattes antérieures peut être légèrement soulevée. »
Plusieurs autres comportements oniriques peuvent être ainsi révélés : la toilette ; l’agression prédatrice qui s’achève par un mouvement de capture ; l’attaque agressive contre un ennemi imaginaire ; la peur avec un mouvement général de retrait, l’aplatissement au sol et l’abaissement des oreilles ; la rage enfin le dos arrondi, les oreilles abaissés, le poil dressé, la bouche ouverte évoquant la morsure. Ces attitudes agressives ne sont jamais accompagnés de cris comme pendant l’éveil. On n’observe jamais non plus de ronronnement.
Chez l’homme, certaines altérations pathologiques du tronc cérébral lésant les structures inhibitrices du tonus musculaire, produisent comme chez le chat des comportements oniriques décrits en 1986 par Carlos H. Schenck et ses collaborateurs à l’université du Minnesota. Elles se traduisent par une très forte augmentation de l’activité des membres (secousses, contractions) avec même des comportements agressifs où le patient blesse son épouse ou se blesse lui-même. Elles surviennent uniquement pendant le rêve alors que le patient croit, par exemple, qu’un animal l’attaque.
Remarquons toutefois que ces observations remarquables ne permettent pas de savoir si le chat en état de sommeil paradoxal éprouve ou non subjectivement (comme l’homme) des hallucinations sensorielles (surtout visuelles). La science expérimentale a ici ses limites qui ne peuvent être franchies que par une analogie certes fort vraisemblable mais sans preuves.
- Ce rappel sur l’étendue de l’ignorance sur les rêves (comme d’ailleurs sur tous les autres sujets scientifiques) en 1900 ne doit pas être compris de manière restrictive. Il invite le lecteur à le généraliser à toutes les époques, passées, présente et futures. L’ignorance n’est pas un état passé de l’humanité que nous aurions surmonté aujourd’hui, c’est un état permanent. Si nous pouvions connaître (ce qui est bien sûr une contradiction dans les termes) l’étendue de l’ignorance séparant la science d’aujourd’hui de la science dans, disons, un siècle, cette étendue serait sans doute la même que celle entre les connaissances des savants de 1900 et les connaissances actuelles.
- Le somnambulisme ne se produit pas pendant le rêve mais dans une phase qui le précède. Ce n’est pas un état pathologique. Le somnambule est capable d’un comportement complexe dirigé vers un but (par exemple il se lève, ouvre la porte et va chercher de la nourriture) mais au réveil il ne garde aucun souvenir de son état car les phénomènes de mémorisation sont supprimés. « La perception du somnambule, capable d’ouvrir et de refermer une porte, est un bon exemple de perception inconsciente. Les somnambules, même adultes, ne se disent jamais : Je pense que je marche en état somnambulique et ils ne gardent jamais le souvenir de leur accès lorsqu’on les réveille. » (Jouvet, Le sommeil et le rêve, op. cit., pp. 61 et 127-128).
- Aimé Michel corrige ici ce qu’il avait écrit dans la chronique n° 74, La mort et le rêve (mise en ligne le 13.04.2011) qui se fondait peut-être sur des données plus précises que ce que j’avais pu moi-même considérer comme une mauvaise interprétation de Jouvet (voir ma note 6 de cette chronique).
Le titre de la chronique provient de ce supplice de la privation de sommeil dans le Goulag soviétique. Sur l’archipel du Goulag et Soljénitsyne, voir les chroniques n° 224, Les vivants et la mort – Les bonnes et moins bonnes idées de M. Ziegler (18.08.2012) et n° 228, Le QI d’Ivan Denissovitch – La réussite d’une vie ne se mesure pas à la hauteur atteinte sur le perchoir social (03.09.2012).
- Selon Michel Jouvet il y a sept théories sur la (ou les) fonction(s) du rêve ; il en fait une liste résumée dans un chapitre de son passionnant dernier livre De la science et des rêves – Mémoires d’un onirologue (Odile Jacob, Paris, 2013) « Mon hypothèse sur la fonction du sommeil paradoxal – 1973-2011 » (pp. 196). L’une de ces théories est invérifiable, une autre lui paraît infondée (celle qui tient que le sommeil paradoxal joue un rôle dans l’entretien de la mémoire) et aucune des cinq qui restent n’est pleinement satisfaisante pour une raison simple : l’absence de modifications évidentes du comportement, du cerveau ou de l’organisme lorsqu’on supprime durablement le sommeil ou le rêve chez l’animal ou chez l’homme (nous y reviendrons la semaine prochaine). Le rêve demeure donc une profonde énigme ce qui est une bonne nouvelle pour les chercheurs !
Malgré tout Jouvet propose sa théorie : le sommeil paradoxal permettrait une « programmation génétique itérative de l’individuation psychologique ». Comme l’activité du système PGO au cours du rêve affecte, en les activant ou en les inhibant, la majorité des cellules cérébrales, ce système serait en mesure de programmer ou de reprogrammer les circuits nerveux. Cette action est déclenchée par le générateur pontique mais son « code » serait sous la dépendance du cortex frontal qui est particulièrement développé chez l’homme ; elle mettrait en jeu les cellules souches produisant de nouveaux neurones durant la vie entière. Les circuits nerveux concernés seraient ceux qui déterminent la personnalité des individus. Ainsi serait maintenu la constance de la personnalité en dépit des fluctuations de l’environnement.
- Plusieurs observations confirment la faible importance de la sexualité dans les rêves. Chez le chat dont le locus coeruleus a été lésé « nous n’avons pas noté, signale Michel Jouvet, d’attitude pouvant évoquer des composantes du comportement sexuel aussi bien chez les mâles (érection) que chez les femelles (lordose) » (Le sommeil et le rêve, op. cit., p. 94).
Surtout, dans son dernier livre (voir note précédente), Jouvet résume ses tentatives « de pénétrer à l’intérieur de [s]on sommeil et de [s]on inconscient en notant chaque matin les souvenirs de rêves (…) de la nuit. » Il a ainsi recueilli 7 155 souvenirs de rêve pendant 13 454 jours à partir du 14 octobre 1970 jusqu’au 31 décembre 2009 (14 323 jours), soit 0,53 souvenirs par nuit en moyenne. Dans le chapitre « Mon inconscient érotique » (pp. 254-258) sur une période voisine (du 4 novembre 1970 au 9 mars 2009) incluant 12 892 nuits (je corrige une erreur typographique du livre), pendant lesquelles il a recueilli environ 6830 souvenirs de rêves (0,53 x 12 892), il mentionne seulement 270 rêves érotiques. Autrement environ 4 % de l’ensemble de ses rêves remémorés (un rêve sur 25) est érotique.
- Aimé Michel ne m’en manquait jamais une occasion de critiquer les thèses du fondateur de la psychanalyse et de ses continuateurs. Ses protestations ici sont vraisemblablement une réponse aux critiques de certains de ses lecteurs ! S’il en avait discuté avec Michel Jouvet, celui-ci l’aura sans doute conforté dans sa critique du freudisme car Jouvet n’hésite pas non plus à lui donner des coups de patte ici et là, parfois sérieusement, parfois en plaisantant.
Ainsi dans son dernier livre, à propos de l’érection au cours du sommeil (dont on sait depuis 1965 qu’elle ne survient que pendant les phases de rêve), Jouvet écrit « Jusqu’alors, il avait été admis comme un dogme que l’érection au cours du sommeil n’existait que chez l’homme. C’est pourquoi les psychanalystes triomphaient : “Il n’y a que l’homme qui désire pendant le rêve et il y a toujours un facteur sexuel dans ce désir. L’animal est incapable de cela. Freud l’avait bien dit.” » Or, en 1994, grâce à la mise au point par Markus Schmidt, « après deux ans de travail assidu dans mon laboratoire, d’une technique permettant de mesurer et de quantifier l’érection chez le rat, qu’il devint possible de démontrer l’existence de ce phénomène chez l’animal (1994). En effet, le rat présente des érections péniennes au cours du sommeil paradoxal, alors qu’il n’en existe aucune au cours du sommeil à ondes lentes. » (De la science et des rêves, op. cit., p. 155).
Lors d’une invitation par Francis Crick et Jonas Salk au Salk Institute, il commence sa conférence par une plaisanterie « comme il faut le faire aux États-Unis » : « Je déclarai que le sujet du rêve avait été le domaine des imposteurs de toutes les religions et plus récemment des gourous, comme Freud ou Jung, qui avaient affirmé ou inventé des concepts sans les prouver », avant d’ajouter « aujourd’hui, je continuais à mon tour en devenant un “imposteur neurobiologique“ » ! (pp. 195).
- Ce reproche d’immodestie est mal fondé car la traduction originelle du titre de l’ouvrage de Freud, la science des rêves, ne rend pas les nuances du titre original, Traumdeutung, mot qui, à Vienne à cette époque (1900) désignait l’interprétation des rêves par des diseuses de bonne aventure ! Il est donc plus juste de le traduire par L’interprétation des rêves comme c’est généralement le cas aujourd’hui.