« L'annonce faite à Marie » - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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« L’annonce faite à Marie »

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Il fallait oser mettre en scène « L’annonce faite à Marie » « L’annonce faite à Marie », 1
dans la salle à l’italienne du théâtre Montansier, même s’il est à Versailles. Pièce écrite par Claudel dans le style daté de l’époque, allait-elle trouver son public ?

À en juger par les réactions lors de la première, oui, et pas seulement parmi les religieuses ou les catholiques militants.

Si les cinq premières minutes laissent craindre une conception schématique des rôles – les hommes tourmentés et pessimistes, les femmes simples et optimistes, le tout dans une ambiance éthérée – cette peur n’a pas lieu d’être. En effet, les personnages de la mère et de Mara sont on ne peut plus ancrés dans la réalité. Plusieurs scènes sont particulièrement émouvantes : la révélation de sa lèpre par Violaine ou la demande d’intercession de Mara à sa sœur, par exemple.

La façon dont Mara évolue, un pas vers la lumière, un vers l’ombre et un de côté en permanence, comme nous tous, est très parlante… Les réactions de Jacques traduisent parfaitement le bon sens paysan, avec ses bontés et ses limites. Violaine paraît certes en dehors du monde des humains, dès la scène des fiançailles, caractérisée par les non-dits. Ce qui est paradoxal quand on se rend compte qu’elle évoque la Vierge, celle qui est justement plus proche des humains que le Christ, mais le texte est ce qu’il est et doit être servi. Et la spiritualité de Claudel est clairement doloriste et ampoulée.
Un seul reproche peut être fait à cette mise en scène qui conserve un bon équilibre entre l’illustratif et le symbolique : on y crie trop facilement.
Par contre, on apprécie l’initiative qui consiste à intégrer des chœurs, lesquels ressemblent à des tableaux de maître aux ton chauds. Certes, les mélodies sont surprenantes pour qui a l’habitude d’entendre des cantiques comme le « Salve Regina » dans leur version traditionnelle, mais cet ajout crée une atmosphère onirique et mystérieuse qui est en harmonie avec la façon dont le sujet est traité. Et il doit être dit qu’on reste attentif durant toute la pièce tant elle nous emmène dans son monde.

  1. de Paul Claudel. Avec Philippe Bruneau, Damien Coden, Catherine Davenier, Richard Delestre, Amélie Gonin, Cédric Miele, Jean-Daniel Laval, Mathilde Puget, Alexandre Tourneur, Tiphaine Vaur. Mise en scène : Jean-Daniel Laval, assisté de Catherine Payet.

    Musique : Sylvain Audinovski. Avec le Chœur Montansier, dirigé par Juliette Hénaff. Scénographie et lumières : Rémy Bourgade. Costumes : Anne Ruault.

    Au Théâtre Montansier, 13, rue des Reservoirs, 78000 Versailles, à 20 h 30, tél. : 01 39 20 16 16, 01 39 20 16 10.

    À noter trois soirées thématiques avec débat : le 29 novembre à 20 h 30, « théâtre et théologie », avec Jean‐Daniel Laval, metteur en scène et directeur du Théâtre Montansier,

    Mgr André Dupleix, professeur de théologie à l’Institut catholique de Paris et Patrick Piguet, professeur de littérature à l’Institut catholique de Paris.