L’ange gardien de la Légion - France Catholique
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Noël : Dieu fait homme
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L’ange gardien de la Légion

Dans son quatorzième long-métrage, Cheyenne Carron entrelace deux thématiques qui lui sont chères : l’engagement militaire et la foi chrétienne. Et, logiquement, le héros de son dernier film est... un aumônier militaire.
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Une messe célébrée à l’intérieur de la caserne (scène du film).

Une messe célébrée à l’intérieur de la caserne (scène du film).

© Cheyenne Carron

Après Le soleil reviendra et La beauté du monde, la cinéaste Cheyenne Carron nous plonge dans l’univers si singulier de la Légion étrangère avec Je m’abandonne à toi. Au travers du personnage de Paul, aumônier de cette unité d’élite, elle aborde la question de la foi, un sujet qui traverse toute sa filmographie – elle s’est fait connaître d’un large public avec L’apôtre, qui traitait de la conversion d’un musulman à la foi catholique.

Je m’abandonne à toi adopte un style quasi-documentaire, montrant avec réalisme la vie quotidienne d’un aumônier dans la caserne de la Légion étrangère de Nîmes. Au casting, des acteurs non-professionnels, pour la plupart légionnaires. Un choix risqué, l’amateurisme de certains comédiens se ressentant à l’écran, mais qui donne à l’œuvre un aspect authentique bienvenu : son style rappelle par moments le cinéma de Maurice Pialat, réalisateur de Sous le soleil de Satan. On retrouve dans les plans la même sobriété.

Au-delà d’un hommage aux aumôniers militaires, ce film engage aussi une réflexion stimulante sur le deuil, la manière dont chacun accueille la mort dans sa vie. Trouvant toujours les mots, le prêtre apparaît comme un réconfort spirituel et moral. La cinéaste met l’accent sur le silence pour souligner la spiritualité profonde de ses personnages, tout en laissant respirer les scènes et le jeu des acteurs.

Les missions du Padre

Qu’il soit en visite médicale, avec sa mère dont il s’occupe, ou en train de déjeuner avec des légionnaires, le Padre est à l’écoute en permanence. Ainsi, ce personnage profondément bon, humble, paraît-il tout dévoué aux autres. En prise avec les problématiques quotidiennes des hommes, il n’oublie jamais Dieu dans les discussions.

Ce sont ces thèmes, chers à Cheyenne Carron, qui constituent le fil rouge du film, lequel ne propose pas une intrigue en bonne et due forme. La cinéaste préfère montrer la vie du Padre à travers ses différentes missions, qui constituent chacune une petite histoire. Ainsi, le film peut aborder la guerre en Ukraine ou la perte de la foi chez les jeunes générations sans pour autant dévier de son propos initial. Néanmoins, certaines scènes souffrent de quelques longueurs, accentuées par le chuchotement fréquent de l’aumônier, au son de la sonate n° 20 de Schubert.

Au-delà de cette réserve, on ne peut que saluer le courage de Cheyenne Carron, qui continue d’aborder la foi catholique dans ses films, malgré la modestie de ses soutiens financiers et la condescendance que peut provoquer ce thème dans une France déchristianisée. On lui saura gré de tenir ce cap difficile, qui a suscité certains des plus grands chefs-d’œuvre du cinéma, du Journal d’un curé de campagne (Robert Bresson, 1951) à Léon Morin, prêtre (Jean-Pierre Melville, 1961).

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Drame français (2023) de Cheyenne Carron, avec Johnny Amaro, Anne Sicard et Laurent Borel (1 h 35).