Vite écrit … vite lu ! Franchement Frédéric Lenoir ne s’est pas foulé avec cette gentille fable mystico-gazeuse sur l’âme du monde « qui plane sur les eaux » (Gn 1,2) et féconde quelques esprits humains encore réceptifs à la sagesse universelle. Le mode littéraire qui consiste à enfiler comme des perles les maximes, apophtegmes, sentences de sagesse empruntés à toutes les religions et philosophies du monde ne suffit pas à faire une œuvre, surtout quand la tâche de compilation a été sous-traitée…
A défaut d’avoir été inspiré, le voici qui s’enrichit à bon compte, d’auteur, car ce livre léger à l’heur de plaire et alimente les discussions de salon. Certains y verraient presque une révélation ! C’est ici que le phénomène devient intéressant. Frédéric Lenoir se met à l’unisson du monde contemporain et surfe sur les peurs apocalyptiques, à la mode en 2012, pour toucher des consciences dépourvues de vraie culture religieuse. Mieux, ou pire, il en profite pour inoculer ou cultiver une vision négative des religions, suspectées d’endoctrinement et de fanatisme à l’origine de l’inévitable cataclysme final. La fable n’est plus alors tout à fait innocente, et elle se met à caresser insidieusement la pensée unique qui rêve tout à la fois de faire table rase du passé et de se débarrasser définitivement d’un Dieu incompatible avec la création de l’homme par lui-même (Gn1,7).
Le récit se termine par l’évocation d’un couple d’âmes pures échappées du naufrage planétaire, à qui il revient de donner naissance à une nouvelle lignée d’hommes et de femmes porteurs d’une sagesse en harmonie avec l’âme du monde. L’arche de Noé est revisitée, une fois de plus… (Si 44,17). En fait, c’est avec l’esprit du monde que l’auteur se met au diapason, ce qui n’est pas une garantie de vérité : « malheur à vous quand le monde dira du bien de vous ! C’est bien de cette manière que leurs pères traitaient les faux prophètes » (Lc 6,26). Fort de son immense culture et de son propre parcours religieux, habité par l’Esprit, Frédéric Lenoir ne peut pas en rester à cette ébauche primitive et cosmique. Il faut une suite à « l’âme du monde », ne serait-ce que pour évoquer les fabuleux trésors de la doctrine chrétienne et la voie tracée par ses saints innombrables. Et pourquoi pas une trilogie, une somme trinitaire, dont Dieu cette fois-ci ne serait pas absent ?
ODV
Parution : 5 Juillet 2012
Format : 130 x 205 mm
Nombre de pages : 216
Prix : 18,00 €
ISBN : 2-84111-618-2
