La période de Coupe du monde de football n’a pas que des caractéristiques sportives. À l’occasion de la compétition intense et du spectacle éclatant auquel elle donne lieu, des phénomènes d’opinion publique se produisent, qui mettent en cause notamment les notions d’identité nationale et de fierté patriotique. Certains s’en offusquent, mais il vaut tout de même mieux que tout se déroule dans le cadre très codifié du football, à moins que l’on en sorte pour des explications plus musclées, qui tournent éventuellement à l’affrontement de rue. C’est ce qui s’est produit en France, à la suite des exploits qui ont permis à l’équipe d’Algérie d’accéder aux 8es de finale. Il ne faut pas exagérer le volume de ces affrontements en désignant comme responsables, tout ceux, qui, très nombreux, ont manifesté leur joie dans nos rues.
Mais le débat fait rage depuis, et il y a tout de même une explication simple à cela, très bien formulée au demeurant par Aurélie Filipetti, notre ministre de la culture : « On a tous un peu d’Algérie au cœur. » C’est vrai que la France et l’Algérie ont une histoire commune, compliquée et douloureuse. Quel que soit le camp politique auquel on appartienne, que l’on soit pied noir ou harki, combattant du FLN, ou simplement héritier de cette histoire, chacun a une passion enracinée au fond de lui-même. Ce peut être parfois, pour reprendre l’expression d’un écrivain français d’Algérie, cette haine qui ressemble à l’amour, ou parfois cet amour qui parfois dérape étrangement. Rien ne sera jamais simple entre Français et Algériens. Et l’on est prompt à brandir des solutions extrêmes qui risquent de ne pas être à la mesure du phénomène. Interdire la double nationalité ? Interdire l’étalage ostentatoire du drapeau algérien ? Attention de ne pas attiser un peu plus les passions, alors que d’urgence il faudrait trouver des chemins de fraternité. La Coupe du monde, comme la tragédie et la comédie antiques, aura-t-elle un effet cathartique au bon sens du terme ? Je le souhaite de tout cœur.