L'affaire Polanski - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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L’affaire Polanski

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Faut-il revenir, 32 ans après les faits, sur ce qui est reproché au réalisateur franco-polonais par la justice américaine ? La victime avait 13 ans. Il en aurait abusé après lui avoir administré un sédatif. Mais celle qui qualifie ce qu’elle a enduré de « chose horrible à faire à une petite fille », parle de la médiatisation qui entoure l’affaire comme d’un autre viol, un « enfer » qu’à 45 ans, et mère de famille, elle voudrait désormais oublier.
Restons-en donc à la façon dont le récent débat s’est propagé.
Dans un premier temps, deux ministres en exercice, tous deux d’ouverture, prennent ardemment la défense du génial réalisateur. Bernard Kouchner cosigne avec son homologue polonais une lettre à Hillary Clinton pour demander la libération du prévenu. Frédéric Mitterrand estime l’arrestation « absolument épouvantable » et tance une « Amérique qui fait peur ». Les médias audio-visuels embrayent. La justice des États-Unis et celle de la Suisse sont brocardées. Une brochette de cinéastes français, rejoints par quelques américains, signent un appel avec cinq organisation du cinéma. Premier jour.

Mais, stupeur dans les rédactions, l’opinion publique ne suit pas. Les sondages proposés par les sites des médias montrent que la grande majorité des internautes estime que l’homme doit être jugé en bonne et due forme. Volte-face éditoriale un peu partout, accélérée par des prises de position publiques plus réfléchies. Des lignes de fracture inédites se dessinent.

Du côté des parlementaires de l’UMP, on se démarque des postures ministérielles jugées « consternantes ». Du coup, le porte-parole du gouvernement affirme que « Roman Polanski n’est ni au-dessus ni en-dessous des lois». À gauche, alors que Christophe Girard, l’adjoint à la culture du Maire de Paris, a soutenu le réalisateur, Daniel Cohn-Bendit conteste les propos du Ministre de la Culture, l’engageant à mesurer la gravité des faits. Du côté des féministes, Gisèle Halimi affirme : « un crime a été commis et la justice est la même pour tous. » Et la célèbre avocate d’expliquer : « Les Etats-Unis ont fait les choses dans les règles ».
Sordide hasard de calendrier, voilà qu’en France récidive un homme qui avait été une première fois condamné pour la séquestration et le viol d’une jeune fille de… 13 ans ! Un âge qui projette l’opinion dans la réalité.
Ceux qui pensaient que les Français offriraient une « amnistie artistique » à Roman Polanski, en stigmatisant le puritanisme américain, sont pris à contre-pied. Est-ce le signe d’une évolution de la société ?

Un professeur de droit de Los Angeles explique qu’« à l’époque, les mœurs étaient un peu plus souples » et pense que Roman Polanski pourrait être plus sévèrement condamné aujourd’hui qu’il ne l’aurait été en 1977, s’il avait accepté de laisser la procédure se dérouler au lieu de s’enfuir.
Au cinéma comme dans la publicité, la perversion sexuelle reste à la mode. Une marque de chaussures affiche en ce moment-même des images de femmes séquestrées et attachées… Mais, dans la vraie vie, le viol – notamment sur mineures – et la pédophilie ne sont désormais plus tolérés ou excusés.

Sans préjuger de la suite judiciaire de l’affaire, celle-ci permet finalement de mesurer le décalage entre une caste, libertaire jusqu’à l’aveuglement, et les valeurs auxquelles la plupart de nos contemporains aspirent.
Plutôt réconfortant.