Qu’est-ce qui a motivé ce livre ?
Alain Noël : C’est en méditant les Écritures et en voyant le décalage qui existe entre notre manière de construire notre vie spirituelle et la pédagogie pratique que Jésus met en œuvre pour former ses apôtres et disciples que je me suis dit que quelque chose clochait.
Qu’avez-vous découvert ?
Une chose incroyable ! La plupart des chrétiens que j’ai rencontrés, lors de prédications ou en accompagnement spirituel, se contentent de croire en Dieu, mais ont conservé une mentalité païenne.
Or, dans l’évangile de Matthieu, les chapitres 5 à 7 nous invitent à adopter une mentalité chrétienne, à ne pas nous contenter d’une croyance en Dieu — pour ne pas commettre une grossière erreur, précisons que les païens sont loin d’être des incroyants, des athées, au contraire, ce sont des personnes extrêmement croyantes. Dans L’ADN du chrétien, je précise ce à quoi nous sommes appelés : « renouveler notre intelligence et ne plus la conformer sur celle du Monde » (Rm 12, 2).
Prenons un exemple simple : aimer ses amis, nous dit Jésus, les païens le font. Aimer nos frères, ou amis, ne nous différencie donc pas des païens. Qu’est-ce qui nous différencie ? C’est l’amour des ennemis. Prenons quelque chose de plus profond : Jésus nous dit : « Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice et tout le reste vous sera donné par surcroît » (Mt 6, 33). Or, « tout le reste », c’est quoi ? C’est le manger, le boire, le vêtir ! Ce sont les choses dont les païens se soucient. Malheureusement, ce sont les choses dont les chrétiens se soucient, se mettant ainsi en porte-à-faux avec la manière de positionner les choses dans leur vie.
Vous voulez dire que Dieu va pourvoir à nos besoins ?
Travailler pour gagner sa vie, c’est en réalité la perdre ! J’ai tenté, durant toute ma vie, d’expérimenter cette logique nouvelle à laquelle Jésus nous invite. Ça marche ! Il faut y croire. J’aborde cela en détail dans le livre.
Mais tout cela peut paraître irréaliste !
Il y a pire encore ! Notre vie chrétienne est païenne tant que nous n’avons pas intégré notre vocation de baptisé. Dieu désire que nous soyons saints comme il est saint (Lv 19, 2), parfait comme il est parfait (Mt 5, 48) ou miséricordieux comme notre Père céleste l’est (Lc 6, 36). Tant que par notre volonté nous n’avons pas acquiescé et orienté notre vie en ce sens, nous ne pouvons pas mettre les choses dans l’ordre.
Quand nous récitons le Notre Père et disons « que ta volonté soit faite », sa volonté c’est que nous devenions saints. Notons que c’est pour ça qu’il nous fait recevoir l’Esprit « Saint » ! Sinon, Dieu nous aurait envoyé un « esprit de business » pour gagner tout l’argent nécessaire à satisfaire nos besoins matériels.
Nous aimons les saints, nous les invoquons pour nos causes diverses — et nous avons peut-être un budget cierges conséquent – mais avons-nous envie de devenir des saints ?
Notre pape François vient de publier une exhortation apostolique (2) nous rappelant que nous sommes appelés à être saints. C’est bien la question du moment sur laquelle j’essaye d’apporter quelques éclairages que j’espère originaux dans la forme car, sur le fond, il n’y a bien sûr rien à ajouter… ni à retrancher, ce qui ne fait pas toujours « notre affaire ».
(1) ALain Noël, L’ADN du chrétien. L’Esprit Saint au secours de nos vie, Mame, 240 pages, 14,90 €.
Site : www.adnduchretien.com.
(2) Gaudete et Exultate. L’appel à la sainteté dans le monde actuel, éditions Pierre-Téqui, 3,20 €.