« L'acédie, mal de notre époque » - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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« L’acédie, mal de notre époque »

Assimilée à la paresse – un des sept péchés capitaux – l’acédie désigne un désamour de Dieu. Formée en philosophie à l’Institut catholique de Paris et au coaching, Alexandra Puppinck Bortoli est l’auteur d’un récent livre sur l’acédie. Elle est coach et enseigne le coaching à HEC et à l’École française de coaching.
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« En se complaisant dans l’indifférence vis-à-vis de Dieu, le chrétien s’écarte de toute vie spirituelle. »

« En se complaisant dans l’indifférence vis-à-vis de Dieu, le chrétien s’écarte de toute vie spirituelle. »

Pourquoi parler de l’acédie aujourd’hui ? Alexandra Puppinck Bortoli : C’est au cours de mes études de philosophie que j’ai découvert l’acédie. Je ne me doutais pas de l’étendue et de l’actualité du sujet. Cette notion est aujourd’hui oubliée mais ses effets sont bien présents dans nos vies et cela à notre insu. À l’origine, l’acédie faisait partie des péchés capitaux. Puis elle a été remplacée par la tristesse, et enfin par la paresse. En l’occurence une paresse spirituelle, qui peut aller jusqu’au dégoût des choses de Dieu. L’acédie se manifeste par l’indifférence et le manque de soin apporté à sa vie spirituelle. C’est l’oubli de l’âme ! Comme nous n’avons plus le désir de Dieu, nous lui tournons le dos. C’est en cela que c’est un péché. On s’ennuie dans la prière et on trouve habilement de bonnes excuses pour faire autre chose. Une véritable crise de foi et de doutes ! Le démon de l’acédie n’attaque pas que les moines ou les ermites, il nous concerne tous. Y a-t-il des symptômes de l’acédie propres à notre époque ? L’acédie prend, au travers du temps, les couleurs de son époque. En croisant l’étude sur l’acédie et mon activité de coach, j’ai observé un saisissant parallèle. Nous partageons les mêmes symptômes que les ermites des déserts d’Orient ou les moines, décrits par les Anciens. L’acédie nous jette dans un incompréhensible activisme ou une insondable lassitude qui mènent inévitablement à un sentiment d’errance et de perte de sens. Sentiments que nous connaissons bien aujourd’hui. Cette perte de sens ne serait-elle pas plus profondément, une acédie qui s’ignore ? Pour Évagre le Pontique, l’acédie plonge le moine dans une agitation qui le pousse à vouloir quitter sa cellule. Pour le laïc cela revient à quitter ses engagements, son mariage, ses amis, son travail… À quoi bon ? Agité, il veut déménager, voyager, fuir… Comme le moine à l’étroit dans sa cellule, il se sent à l’étroit dans sa vie, s’imaginant que l’herbe est bien plus verte ailleurs ! L’acédiaque s’agite pour fuir le vide de sa vie intérieure privée de spiritualité, qu’il remplit par une hyper-consommation. Le saint moine Jean Cassien (IVe-Ve siècle) ajoute à ces symptômes l’instabilité, le papillonnage, la curiosité, le bavardage… qui nous rappellent le zapping et l’usage incontrôlé des réseaux sociaux. Retrouvez l’intégralité de l’entretien dans le magazine.
—  livre_acedie.jpgLe mal à l’âme. L’acédie, de la mélancolie à la joie, Alexandra Puppinck Bortoli, Cerf, 2021, 216 pages, 18 €.